L'armée camerounaise tue de nombreuses personnes dans la région anglophone
Article originel : Cameroonian army kills scores in Anglophone region
Deutsche Welle
Vingt-deux personnes ont été tuées dans des affrontements avec l'armée camerounaise lors des dernières violences qui ont frappé le nord-ouest du pays, où les séparatistes de la minorité anglophone luttent pour une plus grande autonomie.
L'identité des personnes tuées n'était pas immédiatement claire, l'armée les décrivant comme des " terroristes " et les villageois disant qu'ils étaient des criminels. Ces affrontements ont eu lieu après que l'ambassadeur des États-Unis au Cameroun ait accusé les forces gouvernementales au début du mois d'avoir commis des assassinats ciblés et d'autres abus dans la lutte contre les militants indépendantistes.
"Vingt-deux personnes ont été tuées à Menka au cours d'un affrontement, un groupe de personnes présentées comme des criminels", a déclaré Nji Tumasang, un membre de l'opposition anglophone du Front social-démocrate (FSD) à Santa, la zone où se trouve la ville de Menka.
La violence entre les insurgés et les forces gouvernementales se produit presque quotidiennement dans la région depuis l'escalade d'une crise politique à la fin de 2016.
Un responsable de l'armée a confirmé l'incident, parlant de "plusieurs terroristes neutralisés".
"Un groupe de terroristes a été signalé à Menka" et les militaires sont intervenus pour encercler l'hôtel où ils se trouvaient, a déclaré le porte-parole de l'armée, le colonel Didier Badjeck. Plusieurs armes et munitions ont été saisies, a-t-il ajouté.
Mais dans le village, les gens ne pensent pas qu'ils étaient des séparatistes, mais plutôt des criminels, selon Tumasang. La présence d'une importante minorité anglophone, soit environ un cinquième des 22 millions d'habitants du Cameroun, remonte à la période coloniale.
Le pays était autrefois une colonie allemande et a été divisé entre la Grande-Bretagne et la France après la Première Guerre mondiale.
En 1960, la partie française accède à l'indépendance, devenant le Cameroun, et l'année suivante, le Cameroon du Sud, sous domination britannique, y est fusionné, devenant ainsi les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Pendant des années, le ressentiment s'est accru chez les anglophones, alimenté par la marginalisation perçue dans les domaines de l'éducation, de la magistrature et de l'économie aux mains de la majorité francophone.
Les demandes d'une plus grande autonomie ont été rejetées par le président Paul Biya, âgé de 85 ans, au pouvoir depuis plus de 35 ans, ce qui a conduit à une escalade qui a vu la déclaration de la "République d'Ambazonia" en octobre de l'année dernière.
Traduction SLT