La Corée du Nord a montré comment jouer au poker nucléaire avec Trump – l’Iran pourrait bien suivre
Par Trita Parsi
Middle East Eye
Les négociations qui ont abouti à l’accord nucléaire iranien ont été minutieusement détaillées. Presque toutes les éventualités ont été identifiées et planifiées – sauf une : que le peuple américain se donnerait comme président un novice en géopolitique, déterminé à effacer l’héritage de son prédécesseur, quelles qu’en soient les implications pour la sécurité nationale américaine.
Aujourd’hui, face à cette éventualité imprévue, un des fondements de la stratégie iranienne – regagner la confiance de la communauté internationale en adhérant pleinement à l’accord – risque de devenir un fardeau.
Préparation d’un plan B
Tout au long des négociations sur le nucléaire, les deux parties ont dû constamment concilier deux intérêts opposés : d’un côté, le désir de progresser pour parvenir à un accord final – et donc à la fois éviter les fuites et faire le moins de vagues possible – de l’autre, la nécessité de préparer un plan B afin de rejeter sur l’autre camp la responsabilité de l’échec éventuel des pourparlers.
Plus les deux camps s’efforçaient de se rejeter la responsabilité des échecs, par le biais de fuites stratégiques, plus ils sapaient la véritable diplomatie.
Très tôt, les Iraniens ont opté pour une stratégie qui allait minimiser la tension entre ces deux tendances, affichant un optimisme presque exagéré quant aux avantages de parvenir à un accord et jouant pleinement la carte de la raison.
Le régime iranien a décidé de strictement respecter l’accord afin de regagner la confiance de la communauté internationale et de priver ses opposants de tout prétexte pour le briser
Cette stratégie a contribué à améliorer le climat des pourparlers, ce qui, à son tour, a accru les chances de succès. Mais elle a également permis à l’Iran d'avoir une longueur d'avance au petit jeu des reproches si les pourparlers étaient venus à échouer. Bref, une situation toujours gagnante pour l’Iran. Une fois l’accord conclu, le pays a poursuivi cette même stratégie.
Le régime iranien a décidé de strictement respecter l’accord afin de regagner la confiance de la communauté internationale et de priver ses opposants de tout prétexte pour le briser, tout en s’arrangeant pour que l’Iran sorte vainqueur si l’accord venait à avorter.
Jusqu’à ce jour, l’Iran a suivi cette stratégie avec beaucoup de discipline et d’implication : l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a publié dix rapports consécutifs certifiant la totale adhésion de l’Iran à l’accord...