Le compte à rebours de la guerre contre l'Iran
Article originel : Countdown To War On Iran
Moon of Alabama, 12.05.18
John Bolton est un homme impitoyable :
Au début de 2002, un an avant l'invasion de l'Irak, l'administration Bush exerçait une pression intense sur [José] Bustani afin qu'il démissionne de son poste de directeur général de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques.
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Bolton - alors sous-secrétaire d'État à la maîtrise des armements et aux affaires de sécurité internationale - est arrivé en personne au siège de l'OIAC à La Haye pour avertir le chef de l'organisation. Et, selon Bustani, Bolton n'a pas mâché les mots. "Cheney veut que vous partiez", se souvient Bustani, en référence au vice-président des États-Unis de l'époque. "Nous ne pouvons pas accepter votre style de gestion."
Selon les souvenirs de Bustani, Bolton a ajouté : "Vous avez 24 heures pour quitter l'organisation, et si vous ne vous conformez pas à cette décision de Washington, nous avons des moyens de riposter contre vous."
Il y a eu une pause.
"Nous savons où vivent vos enfants. Vous avez deux fils à New York."
José Bustani a négocié avec succès le retour des inspecteurs de l'OIAC en Irak. Ils n'auraient rien trouvé. Cela aurait contredit la campagne de propagande étatsunienne visant à faire la guerre à l'Irak. Lorsque Bustani n'est pas parti volontairement, les États-Unis ont menacé de réduire le budget de l'OIAC et ont "convaincu" d'autres pays du conseil exécutif de le mettre à la porte.
John Bolton était également à l'origine d'une campagne contre l'AIEA et son chef Mohamed ElBaradei. Le téléphone d'ElBaradei a été mis sur écoute et des rumeurs ont été lancées contre lui pour l'évincer de son bureau.
L'administration étatsunienne, les néoconservateurs et les médias sont en train de refaire la campagne de propagande qu'ils avaient lancée pour faire la guerre à l'Irak. Cette fois, la cible est l'Iran :
Comme pour l'Irak, il est plus facile pour Bolton et Netanyahu d'atteindre cet objectif s'ils discréditent le système actuel d'inspections internationales. Bolton a qualifié les efforts d'inspection établis par l'accord nucléaire iranien de "fatalement inadéquat" et a déclaré que "l'Agence internationale de l'énergie atomique" est "susceptible de manquer d'importantes installations[nucléaires] iraniennes". Dans son discours au Congrès de 2015 attaquant l'accord avec l'Iran, Netanyahu a insisté sur le fait que "non seulement l'Iran défie les inspecteurs, mais il joue aussi un très bon jeu de cache-cache avec eux".
Quiconque s'oppose à leur propagande doit s'en aller. Bolton, qui exige de bombarder l'Iran, est de retour aux commandes. L'une de ses cibles naturelles est l'AIEA, qui certifie que l'Iran s'en tient à l'accord nucléaire. Il semble que Bolton ait réussit dans ses machinations :
Le chef des inspections aux Nations Unies, de surveillance nucléaire, a démissionné soudainement, a déclaré l'agence vendredi sans donner de raison.
Le départ de Tero Varjoranta intervient à un moment délicat, trois jours après que les États-Unis aient annoncé qu'ils abandonnaient l'accord nucléaire entre les puissances mondiales et l'Iran, ce qui soulève la question de savoir si Téhéran continuera à s'y conformer.
Varjoranta, Finlandais, était directeur général adjoint de l'Agence internationale de l'énergie atomique et chef du Département des garanties, qui vérifie depuis octobre 2013 le respect par les pays du Traité de non-prolifération nucléaire.
Une autre victime est le bureaucrate du département d'État qui a certifié que l'Iran respecte l'accord nucléaire :
L'un des plus grands experts du département d'État en matière de prolifération nucléaire a démissionné cette semaine après que le président Donald Trump ait annoncé le retrait des États-Unis de l'accord nucléaire iranien, ce qui, selon les responsables et les analystes, s'inscrit dans le cadre d'une fuite des cerveaux inquiétante de la fonction publique au cours des 18 derniers mois.
Richard Johnson, un fonctionnaire de carrière qui a occupé le poste de coordonnateur adjoint par intérim au Bureau de la mise en œuvre du programme nucléaire iranien, avait participé à des pourparlers avec des pays qui cherchaient à sauver l'accord au cours des dernières semaines, y compris la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne - un effort qui, en fin de compte, a échoué.
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Le bureau que Johnson a dirigé est passé de sept employés à temps plein à aucun depuis l'inauguration de Trump.
L'homme qui a lancé la guerre contre l'Irak reçoit maintenant des récompenses. Netanyahu milite pour la guerre contre l'Iran, tout comme il a milité pour la guerre contre l'Irak. Des groupes loufoques d'"experts" fouineurs colporteront des documents de politique générale pour le "changement de régime". Les "alliés" étatsuniens sont mis sous pression. Par leur volonté de "compromis", ils font avancer la perspective d'une guerre. Lorsqu'ils insistent pour s'en tenir aux règles internationales, les acteurs malveillants préparent des mesures pour briser leur résistance. Tout cela n'est encore qu'une "opération de façonnage", une préparation du champ de bataille de l'opinion publique. Cette préparation à la guerre prendra probablement un an ou deux.
Ce qu'il faudrait encore, c'est un événement qui pousserait le public étatsunien dans une fièvre guerrière. Les États-Unis utilisent généralement des incidents sous faux drapeau - l'incident du Tonkin, le naufrage du Maine, les meurtres à l'Anthrax - pour créer une psychologie de légitimation pseudo-rationnelle pour lancer la guerre. Les lobbyistes israéliens n'attendent que cela pour lancer une guerre contre l'Iran.
On se demande quand et comment un nouvel incident comme le 11 septembre, ou une autre alerte à l'anthrax, aura lieu. Ce sera le signe le plus sûr que le compte à rebours de la guerre contre l'Iran sera enclenché.
Traduction SLT