Le "faiseur de roi" est de retour - Muqtada Al-Sadr remporte les élections en Irak
Article originel : The 'Kingmaker' Is Back - Muqtada Al-Sadr Wins The Election In Iraq
Moon of Alabama
Samedi, le peuple irakien a voté pour un nouveau parlement.
Le vainqueur surprenant est la coalition du Sairoon de l'ecclésiastique chiite Muqtada al-Sadr et du Parti communiste irakien. D'après les résultats préliminaires, il a obtenu 54 sièges au Parlement. Il y a un total de 320 sièges au Parlement irakien et des coalitions multipartites complexes sont nécessaires pour obtenir une majorité et élire un nouveau Premier ministre.
La Coalition du Fatah dirigée par Hadi al-Amiri est arrivée en deuxième position avec 47 sièges. La coalition Nasr de l'actuel Premier ministre Haider al-Abadi est troisième avec 42 sièges. Le parti de l'ancien premier ministre Maliki est à la traîne avec 25 sièges.
Deux, trois ou quatre des plus grands blocs devront trouver un accord de coalition qui accueillera également des dizaines de petits partis avec deux ou trois sièges au Parlement.
Pour les étrangers, la politique irakienne peut être quelque peu surprenante. La candidate du Parti communiste dans la ville sainte chiite de Najaf, Suhad al-Khateeb, porte un Hijab. Elle est une descendante de la famille Marjaiyya (établissement religieux) Saleem Adel. Le Parti communiste est allié au populiste Moqtada al-Sadr. Elle a remporté son siège au Parlement.
Muntaza Al Zaidi (vidéo ci-dessus), le journaliste irakien qui, en 2008, a lancé ses chaussures sur George W. Bush (vidéo ci-dessous) a également gagné un siège.
Il s'agissait de la première élection après la victoire de la guerre contre l'EI en Irak. On craignait que les cellules souterraines de l'EI interrompent l'élection en attaquant les candidats ou les lieux de vote, mais rien de significatif ne s'est produit.
Avec seulement 44,5 % des votants, la participation a été catastrophique. Les dernières élections ont eu des taux de participation supérieurs à 60 %. L'une des raisons pourrait être les campagnes électorales génériques des partis de l'establishment. Ils manquaient d'arguments sur les questions et les politiques. Heureusement, le sectarisme n'a joué qu'un petit rôle, certains candidats chiites remportant de larges parts des votes sunnites et vice versa.
Les faibles taux de participation ont favorisé les partis et les personnalités ayant une forte audience directe. Ces "whale parties" devront maintenant conclure d'autres accords de coalition. Il est fort possible que le Premier ministre Abadi, dont le parti a perdu une partie importante, reste à son poste et dirige un nouveau gouvernement de coalition au sein duquel il a moins d'influence. C'est Muqtada al-Sadr qui en décidera.
Muqtada al-Sadr, 44 ans, est le fils d'un grand ayatollah assassiné sous Saddam Hussein. La base politique traditionnelle des al-Sadres se trouve dans les populations pauvres de Bagdad. Sadr ville de Bagdad porte le nom de son père. Muqtada et ses partisans de l'armée du Mahdi ont combattu violemment les occupants étatsuniens ainsi que les gangs sunnites sectaires. En 2006, les États-Unis ont prévu de le tuer et al-Sadr s'est enfui en Iran. Les médias étatsuniens l'ont qualifié d'"anti-étatsunien", mais Sadr est simplement un nationaliste irakien. Il s'installa à Qom et essaya d'acquérir des références théologiques plus élevées. Sur le plan académique, il a été que son niveau était plutôt faible et ses études n'ont pas abouti. Il n'a toujours pas de qualifications cléricales plus élevées. Al-Sadr est considéré par le gouvernement et les religieux iraniens comme un maniaque peu fiable et ingrat.
Pendant l'occupation de l'Irak par les États-Unis, nous avons beaucoup écrit sur Muqtada. Les commentateurs de Moon of Alabama l'ont surnommé Mookie.
Au cours des dix dernières années, Muqtada a pris la position non sectaire traditionnellement associée à son père. Il a critiqué la corruption de la classe politique, mais surtout à la marge. Muqtada s'est récemment associé aux communistes irakiens et aux candidats laïques. Sa coalition a fait campagne sur une note anti-etablishment. Son rang retrouvé pourrait aider à supprimé les politiques de favoritisme et de corruption qui ont longtemps paralysé la politique irakienne.
Muqtada a de bons contacts avec les Saoudiens. Sa rencontre avec le Prince Mohamed bin-Salman en juillet 2017 a eu lieu dans une salle de conférence de l'aéroport. Il lui manquait l'or et les paillettes habituels de la royauté saoudienne. On se demande quel côté a proposé l'emplacement peu dramatique.
Les Saoudiens découvriront probablement, comme tout le monde avant eux, que Muqtada est incontrôlable. Après ces élections, ni les Saoudiens, ni l'Iran, ni les États-Unis n'auront beaucoup d'influence politique en Irak. Bien que l'Iran ait des liens économiques et religieux forts avec l'Irak, son ingérence politique est très méprisée. Les États-Unis sont considérés comme manipulateurs. Tout le monde croit qu'ils ont créé l'Etat islamique (EI) et Al-Qaïda et la plupart des Irakiens veulent que toutes les troupes étatsuniennes partent.
L'Irak a de nombreux et graves problèmes. L'économie est en mauvais état. Alors que les Turcs construisent de plus en plus de barrages en amont, l'eau se fait rare en Irak. Les Kurdes ne sont pas loyaux envers l'État irakien. Ils pensent à la vengeance après que Bagdad leur ait repris Kirkuk. L'État islamique va essayer de revenir. Les menaces et les machinations étatsuniennes contre l'Iran compliqueront la politique étrangère irakienne.
Après l'expérience écrasante des deux dernières décennies et demie, le peuple irakien mérite vraiment la paix et un gouvernement qui se soucie de ses besoins. La position forte de Muqtada al-Sadr aidera à former un gouvernement moins corrompu et plus technocratique qui résoudra réellement les problèmes.
Le prochain gouvernement irakien tentera de tenir l'Irak à l'écart du conflit entre les États-Unis et l'Iran. Ce sera probablement en vain.
Traduction SLT