Niger - le fruit Orange de la répression
Billets d'Afrique
Emmanuel Macron et Mahamadou Issoufou se saluent lors d'une conférence de presse commune à Niamey, le 23 décembre 2017. © LUDOVIC MARIN / AFP
Emmanuel Macron avait déclaré fin décembre à son homologue Mahamadou Issoufou : « Vous êtes un exemple pour la démocratie ». Pour un président certes élu démocratiquement en 2011, mais réélu avec plus de 92% des voix en 2016 alors que son principal opposant était en prison, usant et abusant des pouvoirs de l’état d’urgence, il y avait déjà de quoi faire tousser.
Mais ce membre de l’Internationale socialiste, ancienne « caution démocratique » de François Hollande en Afrique, ne cherche même plus à entretenir la vitrine héritée de 2011. Face à une mobilisation croissante de la société civile, le pouvoir procède depuis fin mars à des arrestations à tour de bras. Une coalition de mouvements sociaux dénonce depuis septembre 2017 le vote par le parti au pouvoir d’une loi de finances qui va aggraver les injustices fiscales, dans un des Etats les plus pauvres au monde : elle organise les Journées d’Action Citoyenne, qui ont régulièrement attiré une foule compacte dans les rues des grandes villes du pays. Agacé, le pou voir a cherché à interdire illégalement ces manifestations... La mobilisation ne faiblissant pas, il a fait arrêter 23 responsables le 25 mars, dont Moussa Tchangari, d’Alternatives Espaces Citoyens, et Ali Idrissa coordinateur du ROTAB et de Publiez Ce Que Vous Payez Niger. Trois autres responsables ont été arrêtés le 15 avril, dont Maikoul Zodi, coordinateur de la campagne "Tournons la Page" au Niger. Le 26 avril, c’était au tour du responsable d’Alternative Espace Citoyen de Zinder, la deuxième ville du pays. A ce rythme, les manifestations ne pourront plus se faire qu’en prison.
Au passage, la loi de finance a supprimé une taxe sur les appels téléphoniques entrants, qui rapportait au moins une vingtaine de milliards de francs CFA au Niger par an. Deuxième opérateur du pays, avec 29,5 % du marché de la téléphonie mobile (orange.com, 4/5/17), « le géant français Orange aurait mis dans la balance son départ du pays, en cas de maintien de la fiscalité très sévère. (...) Bruno Mettling, le patron d’Orange pour l’Afrique qui vient d’obtenir ainsi gain de cause avec notam ment la suppression de cette taxe, se bat tait depuis des mois pour l’ensemble des opérateurs télécoms exerçant au Niger » (La Tribune Afrique, 27/11/17). Orange, c’est la couleur du t-shirt de la campagne "Tournons La Page" que portait Maikoul Zodi lors de son transfert vers sa prison. Es pérons que Bruno Mettling aura apprécié cette publicité gratuite.
Signez la pétition de Tournons La Page pour demander la libération des activistes nigériens :