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Arrêtez d’ignorer les conflits africains ! (IPS)

par Will Higginbotham 14 Juin 2018, 11:09 Afrique Déplacement Migrants Population Guerre Médias Occultation

 Arrêtez d’ignorer les conflits africains ! (IPS)

NATIONS UNIES, (IPS) – Les conflits ont déraciné des millions de personnes dans plusieurs pays africains et nous ne devons pas les oublier, a déclaré un groupe de défense des droits de l’homme.

Un message opportun du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) a été publié par le biais de leur liste annuelle des crises de déplacement les plus négligées dans le monde.

« Il est triste de constater une fois de plus que les crises sur le continent africain font rarement la une des médias ou atteignent les agendas de politique étrangère avant qu’il ne soit trop tard « , a déclaré le Secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés, Jan Egeland.

Les résultats de cette année ont montré que six des dix conflits les plus négligés dans le monde se trouvent en Afrique.

La République démocratique du Congo (RDC) – où des années de guerre civile ont déplacé plus de 5 millions de personnes – est en tête de liste.

Le Sud-Soudan, la République centrafricaine, le Burundi et l’Éthiopie complètent le top cinq.

Mais pourquoi ces conflits sont-ils si négligés ?

L’absence de volonté politique et diplomatique est l’une des principales préoccupations du NRC.

« Nous – l’Occident – sommes bons pour fermer les yeux quand il y a peu d’intérêt géopolitique pour nous », a déclaré la porte-parole du CNRC, Tiril Skarstein, à IPS.

« Les pays figurant sur la liste sont souvent considérés comme moins importants sur le plan stratégique, et c’est pourquoi il n’y a pas d’intérêt international à trouver une solution », a-t-elle ajouté.

Skarstein a expliqué que dans certains pays, c’est le contraire qui se produit, où de nombreux acteurs ayant des intérêts politiques conflictuels prennent part au conflit. C’est le cas du Yémen et de la Palestine, où les gains politiques passent avant la vie des civils.

L’absence de volonté politique d’œuvrer en faveur d’une solution est l’un des trois critères sur lesquels une crise est mesurée pour figurer sur la liste.

 

Les médias sont atteints de cécité

Selon le NRC, le sort des réfugiés africains est également trop éloigné de la « conscience de l’Occident », car leurs histoires ne sont pas racontées dans les médias occidentaux.

Et quand bien même elles le seraient, elles ne sont certainement pas couvertes autant que d’autres conflits humanitaires dans le monde.

Sur ce point, Skarstein a établi une comparaison entre la Syrie et la RDC où le nombre de personnes ayant besoin d’aide humanitaire dans les deux conflits est d’environ 13 millions.

« Beaucoup de gens ne le sauraient pas. Pourquoi ? Parce que les deux conflits ont connu des niveaux d’exposition internationale très différents « , a-t-elle déclaré à IPS.

Depuis que de nombreux réfugiés syriens ont fui le régime de Assad via l’Europe, beaucoup en Occident ont été contraints d’y « faire face et d’accepter leur calvaire ».

« Nous voyons littéralement ces gens arriver sur le pas de notre porte. Dans les médias, leur histoire en chronique, à la télévision, en ligne, sur les médias sociaux. Et lorsque les gens sont amenés à les voir et connaissent leur situation, ils ont tendance à s’en préoccuper et à agir « , a fait remarquer M. Skarstein.

Pendant ce temps, les conflits en RDC et dans d’autres pays africains voient souvent les personnes déplacées fuir vers les pays voisins.

« Ils n’arrivent pas sur les plages touristiques. Le passage d’une frontière africaine à une autre ne génère pas le même niveau d’exposition « , a dit M. Skarstein.

 

Moins d’argent, plus de problèmes

En raison du manque de volonté politique et de l’absence d’attention des médias, de nombreuses crises africaines finissent aussi par avoir du mal à accéder aux fonds humanitaires.

« Les crises qui reçoivent peu d’attention internationale et qui sont rarement mentionnées dans les médias, se voient souvent refuser le soutien financier nécessaire pour répondre a des besoins humanitaires graves », a dit M. Skarstein à IPS.

La RDC est actuellement le deuxième pays le moins bien financé parmi les plus grandes crises mondiales, avec moins de la moitié de l’appel à l’aide de 812 millions de dollars US.

Un autre problème est la  » lassitude des donateurs « , phénomène selon lequel plus un conflit dure longtemps, plus il est difficile d’attirer les fonds nécessaires auprès des donateurs.

« Il y a des conflits qui font rage depuis des années, parfois même des décennies – on fait croire aux gens que c’est un cas désespéré, c’est terminé. Nous devons lutter contre cela « , a-t-elle dit.

Qu’est-ce qui peut faire sortir ces conflits africains de la liste des conflits les plus négligés ?

Selon le NRC, la chose la plus importante est que les pays donateurs fournissent une assistance en fonction des besoins plutôt que sur une base politique.

Le groupe de défense des droits de l’homme a également souligné le rôle des médias pour attirer l’attention sur les catastrophes humanitaires négligées.

« L’exposition est si critique que les gens doivent être entendus et écoutés. Plus nous parlons de ces crises et plus nous en voyons, plus il est possible d’en faire plus « , a dit M. Skarstein.

Et cette liste devrait servir de rappel à tous.

« Ce n’est pas parce que nous ne voyons pas ces gens souffrir, que leur souffrance n’est pas moins réelle…. et surtout, cela ne nous décharge pas de notre responsabilité d’agir « , a conclu M. Skarstein.

La violence s’est intensifiée dans plusieurs régions de la RDC en 2015, forçant près de 2 millions de personnes à fuir leur foyer rien qu’en 2017.

 Les territoires palestiniens, le Myanmar, le Yémen, le Venezuela et le Nigéria figurent parmi les autres pays à figurer sur la liste des « crises de déplacement les plus négligées du monde » de cette année.

Source:http://www.ipsnews.net/2018/06/stop-neglecting-african-conflicts/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=stop-neglecting-african-conflicts

Traduction : AvicRéseau International

Photo: Un groupe d’hommes, de femmes et d’enfants déplacés trouve refuge dans une église à la périphérie du village de Nyunzu, dans l’est du Congo. Le pasteur Mbuyu (sur la photo) s’occupe d’eux. Crédit : CNRC / Christian Jepsen

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