Dans les Alpes, la fonte des neiges révèle les corps de migrants morts en tentant de passer en France
Par Maryline Baumard
Le Monde
Des riverains et l’association Tous migrants se battent pour comprendre le parcours des victimes, retrouver leur identité et pouvoir leur offrir une sépulture.
« La frontière a tué, ciao Blessing » : hommage à Blessing Matthew, décédée dans la nuit du 7 au 8 mai à la sortie de Clavières (Italie) (c) SAMUEL GRATACAP POUR LE MONDE
Des vêtements devenus linceul autour d’un cadavre sans nom. Vendredi 25 mai, sur le flanc italien des Alpes, pas loin de Bardonecchia (bourgade frontière d’où partent les migrants qui rallient la France par le col de l’Echelle), un corps sans vie, recroquevillé dans une anfractuosité du sol, est retrouvé par un chasseur. Selon la police transalpine, il « aurait passé l’hiver là ».
« Cet homme a dû se perdre, puisqu’il a été retrouvé sur le chemin qui remonte vers Modane », spécule Sylvia Massara, une Italienne qui s’interroge sur cette mort : « Le froid ou l’épuisement ? » Elle qui a essayé de dissuader ceux qui se croyaient immortels après le Sahara et la mer d’effectuer des traversées hivernales savait que les Alpes sont une petite Méditerranée, neigeuse l’hiver, rocailleuse l’été ; mais meurtrière en toute saison et capable d’engloutir jusqu’au nom de ses victimes...