Le Canard enchaîné dénonce la présence des forces spéciales US au Yémen mais occulte la présence des forces spéciales françaises

Dans un article publié le 27 juin 2018 et intitulé "Des officiers américains en guerre au Yémen", le Canard enchaîné, révèle la présence en grand nombre des forces spéciales étatsuniennes au Yémen qui serait composé "d'une centaine d'officiers placés sous l'autorité du Haut-Commandement des forces US pour l'Afrique (Africom)". Ces officiers "occupent des postes de conseillers au sein des états-majors saoudiens et émiratis, d'autres fournissent des conseils tactiques lors des opérations, d'autres encore aident au "ciblage" des frappes aériennes et au ravitaillement en vol des avions de la coalition".
Selon Le Canard, ils participeraient également à l'interrogatoire des prisonniers torturés dans les prisons émiratis au Yémen.

Lire également à ce sujet sur SLT :
- Zero Hedge 26.06.18 Des officiers des Emirats Arabes Unis se filment en train de violer et torturer des hommes dans les « prisons secrètes » du Yémen (Zero Hedge)
- Associated Press 21.06.18 Detainees held without charges decry Emiratis’ sexual abuses
- Middle East Monitor 01.10.17 Un Yemeni meurt de torture dans une prison des Emirats Arabes Unis au Yémen (Middle East Monitor)
- Associated Press 23.06.2017 Dans les prisons du Yemen, les Emirats Arabes Unis torturent, les Etats-Unis interrogent (AP)
- Amnesty International 24.06.17 Yémen. Une enquête urgente est nécessaire sur le réseau de torture des Emirats Arabes Unis et sur le rôle possible des Etats-Unis (Amnesty International)

Mais de manière surprenante dans son précédent numéro de la semaine dernière, le Canard enchaîné infirmait la présence de forces spéciales françaises dans un bref communiqué qui semble calqué sur le discours de la Ministre des Armées français : "La ministre des Armées dément toute présence de forces spéciales françaises au Yémen. En revanche, si les rebelles étaient chassés  de la ville de Hodeida, des militaires français participeraient au déminage de son port. A la satisfaction des Saoudiens". Cet ajout venait suite à un article faisant état des ventes d'armes françaises aux EAU et à l'Arabie saoudite qui bombardent allègrement le Yémen ainsi qu'à la visite d'élus français au Yémen sous la férule saoudienne dans une opération de communication à son service (Les Saoudiens accueillis en "bienfaiteurs" du Yémen, Canard enchaîné, 20.06.18). Mais rien sur les forces spéciales françaises au Yémen si ce n'est ce démenti de bas de page qui semble être la transcription d'un communiqué du ministère des armées. Le volatile à plumes est-il suffisamment naïf pour penser que les forces spéciales françaises sont stationnés à l'étranger et attendent bien sagement la fin de l'opération à Hodeida pour déminer le port ?

Le Figaro quant à lui a signalé la présence récente de forces spéciales françaises au Yémen, information reprise par Reuters qui visiblement n'a pas atteint les esgourdes du volatile à plumes :

Un article du Figaro publié ce samedi  23 juin 2018 sous le titre "Yémen : la France prête à déminer le port d'al-Hodeïda" confirme que l'armée française entend participer au déminage du port d'Hodeida en collaboration avec les troupes émiratis lors de leur offensive sur ce port vital pour la rébellion Houthi. Selon Reuters, citant l'article du Figaro, "des forces spéciales  françaises sont bien présentes aux côtés des Emiratis au Yémen, où l'armée française envisage une action de déminage des accès au port de Hodeida, selon deux sources militaires qui se sont confiées au Figaro dans son édition du samedi".

Pourtant les informations faisant état de l'intervention des forces spéciales françaises au Yémen ne datent pas d'hier, ainsi Mondafrique signalait dès mai 2015, la présence de forces spéciales françaises au Yémen au côté des troupes US : "La France vient d’engager son armée sur un nouveau front : la guerre du Yémen. En tant que membre de la « coalition », il était donc logique qu’hier François Hollande participe au Conseil militaire des Etats du Golfe. Depuis quelques jours, venus de Djibouti et d’Abu Dhabi, où ils ont des bases permanentes, des soldats des Forces Spéciales tricolores appuient leurs collègues saoudiens à la frontière avec le Yémen. On trouve donc, dans cet engagement, des membres de la 13ème Demi-brigade de Légion étrangère implantée à Zayed Military City, à 65 km d’Abou Dhabi. Quant aux militaires venus de Djibouti ils appartiennent au 5e Régiment interarmes outre-mer (5e RIAOM)".

Le volatile à plumes a-t-il une lecture sélective de l'information prompt à révéler le rôle des forces armées étatsuniennes au Yémen mais beaucoup plus prude lorsqu'il s'agit de traiter des forces armées françaises ? Comme une partie non négligeable des sources du Canard provient des services français, ces lacunes ne sont finalement pas très surprenantes.

Lire également :
- Yemen, malgré des preuves accablantes de crimes de guerre, la France continue de former les pilotes de chasse des Emirats Arabes Unis impliqués dans le bombardement du Yémen
- Offensive d'Hodeida au Yémen : des chars français Leclerc des troupes émiratis filmés (Vidéo)