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Une libération très calculée pour les Saoudiennes (Monde diplomatique)

par Florence Beaugé 8 Juin 2018, 21:07 Arabie Saoudite Réforme MBS Yemen Guerre

Une libération très calculée pour les Saoudiennes
Par Florence Beaugé
Monde diplomatique

Empêtrée dans sa guerre au Yémen et désireuse de faire porter le chapeau de l’obscurantisme à l’Iran, l’Arabie saoudite met en avant ses efforts pour améliorer la condition des femmes dans le royaume. Des réformes à pas comptés, qui restent fragiles et qui ne répondent que partiellement à une grande attente en matière de changement.

 Manal AlDowayan. — « I am an Educator » (Je suis une éducatrice), de la série « I Am » (Je suis), 2005. L’inscription signifie « l’ignorance est ténèbres ». Cuadro Gallery, Dubaï / www.manaldowayan.com

Manal AlDowayan. — « I am an Educator » (Je suis une éducatrice), de la série « I Am » (Je suis), 2005. L’inscription signifie « l’ignorance est ténèbres ». Cuadro Gallery, Dubaï / www.manaldowayan.com

Nous devenons enfin un pays normal », s’exclame Mme Najat T., étudiante en architecture à Riyad. Une réflexion entendue de toutes parts. Dans le royaume saoudien, connu, entre autres, pour la dureté de la condition féminine, les annonces de changements se multiplient. Telle femme a été nommée à un poste à responsabilité ; une salle de cinéma a été rouverte, après trente-cinq ans d’interdiction, et le public est mixte. L’armée et la police recrutent des femmes, à présent, et les autorités envisagent de permettre la mixité dans les lieux publics.

Chaque semaine, on proclame la fin d’un nouveau tabou, le plus marquant étant l’interdiction de conduire pour les femmes : en principe, à partir de ce mois de juin, un permis pourra leur être délivré sans l’accord de leur mahrâm (tuteur masculin). L’annonce a été faite en septembre dernier, dans le cadre du vaste programme de réformes économiques et sociales imposées par le prince héritier Mohammed Ben Salman (dit « MBS »), 32 ans, fils du roi Salman (82 ans). Même le port de l’abaya, ce long vêtement noir dans lequel les Saoudiennes se drapent de la tête aux pieds dans l’espace public, est remis en question. En février, un clerc a déclaré à la radio que s’habiller « modestement » pouvait suffire. Quelques semaines plus tard, pendant son voyage officiel aux États-Unis, Mohammed Ben Salman lâchait, au détour d’une interview, qu’une musulmane sans abaya restait une musulmane « comme les autres ». À l’heure où le royaume cherche coûte que coûte à se démarquer de son rival iranien en cultivant de bonnes relations avec l’Occident, le statut des femmes est un élément essentiel de la communication du prince héritier. Des agences occidentales (Publicis, Image Sept, Edile Consulting) ont été appelées à la rescousse. Leur mission : tenter d’améliorer l’image très dégradée du royaume dans le monde et, au passage, celle de Mohammed Ben Salman.

Les Saoudiennes se réjouissent-elles de ces changements ? Difficile de le savoir. La liberté...

 

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