Earle Labor. « Jack London a été longtemps sous-estimé et négligé par la critique »
Par Jérôme Skalski
L'Humanité
Professeur émérite de littérature américaine au Centenary College of Louisiana et directeur du Jack London Museum Research Center de Shreveport, Earle Labor, auteur d'une dizaine d'ouvrages sur Jack London, évoque la modernité de l’écrivain californien.
Comment est née la vocation littéraire de Jack London ?
Earle Labor Jack est tombé amoureux de la littérature très précocement. « À l’âge de sept ans, je lisais les récits de voyages de Paul Du Chaillu et du capitaine James Cook », nous explique-t-il. À l’âge de dix-sept ans, il gagne un concours d’écrivains amateurs organisé par le San Francisco Call avec son Histoire du passage d’un typhon sur les rivages du Japon, basée sur son expérience à bord du Sophia Sutherland, une goélette de chasse aux phoques sur laquelle il venait de servir comme matelot.
Ce ne sera pas avant son retour du Klondike, en 1898, qu’il connaîtra ses premiers succès d’écrivain. Les publications de ses nouvelles, À l’homme sur la piste et d’Une Odyssée du Nord, en 1899, furent l’occasion de sa percée. La publication de l’Appel de la forêt, chez Macmillan, en 1903, lui conféra une renommée internationale, confirmée par le Loup des mers, en 1904, et par Croc-Blanc, en 1906, ses romans les plus vendus.
Quelle place donner à Jack London dans l’histoire de la littérature américaine ?
Earle Labor J’ai à de nombreuses reprises salué en Jack London le plus grand auteur d’Amérique de renommée mondiale parce que son œuvre a été traduite en presque cent langues et n’a jamais cessé d’être imprimée. Ses œuvres ont influencé des écrivains aussi divers que George Orwell, Anatole France, Ernest Hemingway ou Susan Sontag.
Par contraste, il a été longtemps sous-estimé et négligé par les autorités académiques et par la critique autorisée aux États-Unis. Jusqu’à il y a cinquante ans, la plupart des membres des élites lettrées le considéraient comme un auteur populaire écrivant des histoire de chiens pour enfants, confinant ses œuvres au rayon des rebuts ou des sections jeunesse des bibliothèques, ignorant l’extraordinaire éventail de ses sujets, ainsi que la solidité de ses thèmes dans la durée...