Le 12 novembre 2013, la petite souris s’était invitée à une soirée privée de l’ambassade du Qatar à Paris où se bousculaient des artistes, journalistes, députés, ministres et anciens ministres et où Enrico Macias se ridiculisa. La plupart des invités présents adôôôrent le Qatar puisque les USA le désignent en ami et y ont installé d’importants dispositifs militaires qui contrôlent la région et même un peu plus.
Le 1er février 2016, la petite souris Soir s’était invitée au dîner donné à l’Elysée par François Hollande en l’honneur de Raúl Castro, les USA autorisant désormais la France à fréquenter le Cubain. On y croisait des artistes, journalistes, députés, ministres et anciens ministres dont plusieurs « socialistes » qui se dépêchaient de manger leur chapeau avant de passer à table avec les autres.
Le 31 mai 2018, la petite souris du Grand Soir s’est invitée dans les coulisses des studios de France Inter pour l’émission « Les nouveaux rendez-vous » où devait être débattue une question qui turlupine notre classe politico-médiatique : « Venezuela : Naissance d’une dictature ? »
Pour éclairer les auditeurs, la radio nationale avait sélectionné quatre invités qu’elle nous présenta ainsi, dans un premier temps, sur son site :
• Maurice Lemoine, journaliste et écrivain, une plume bien connue du Monde Diplomatique, spécialiste de l’Amérique Latine
• Michel Collon, animateur du collectif et du site d’information investig’action
• Andréina Flores, journaliste vénézuélienne à France 24
• Paula Doumerg-Osorio, militante franco-vénézuélienne soutien du parti d’opposition Voluntad Popular.
Seulement voilà, un des invités était aguerri et suspicieux.
Les médias nationaux nous ont instruits sur l’art de monter des entourloupes pour coincer des esprits libres (c’est-à-dire debout devant les USA et le MEDEF). On se souvient de Jean-Luc Mélenchon ayant eu à débattre sur France 2 avec de virulents contradicteurs qui représentaient « la société civile » et dont il s’avérait, après l’émission, qu’ils étaient bien d’autres choses par ailleurs :
- un artisan boulanger, en vérité fournisseur de l’Elysée,
- une paysanne qui nia être affiliée à la FNSEA jusqu’à ce qu’il apparaisse qu’elle était la responsable de la branche jeune de ce syndicat agricole,
- une chef lambda d’une entreprise de vente de bijoux terrorisée par les Prud’hommes. En fait, on sut peu après qu’elle était acoquinée au MEDEF, qu’elle avait préconisé dans Le Point en 2016 de « jeter aux orties » tous les acquis sociaux,
- Laurence Debray, présentée comme Vénézuélienne (sa mère l’est. Son père est Régis Debray) alors qu’elle est française, née en France où elle réside, diplômée de la Sorbonne et d’HEC, hagiographe du roi d’Espagne Juan Carlos, électrice macroniste, ex-banquière, journaliste à Paris Match et à Point de Vue, hebdomadaire people des familles royales.
Informé de ces pièges vicieux, Maurice Lemoine, qui n’a rien d’un perdreau de l’année, voulut vérifier au préalable les CV des autres invités de l’émission où il était convié.
Il connaissait Michel Collon, un Belge qui pilote le site Investig’action et qui est un spécialiste du Moyen-Orient, de l’Amérique latine sur lesquels il a écrit des articles et des livres.
Pour Andréina Flores, journaliste vénézuélienne à France 24, il était facile de voir ce qu’avait été son travail. Certes, elle était hostile au gouvernement de Nicolas Maduro, mais pourquoi pas ? Laissons les esprits chagrins dire que la majorité des Vénézuéliens ayant voté 22 fois (sur 24) en 20 ans en faveur des Bolivariens, il était pour le moins curieux que France Inter invite la voix des minoritaires. Passons.
Restait la quatrième invitée, Paula Doumerg-Osorio, « militante franco-vénézuélienne soutien du parti d’opposition Voluntad Popular ».
« Parti d’opposition » est un joli euphémisme quand on sait que son porte-parole, Leopoldo López, aujourd’hui en prison pour corruption et détournement de fonds publics, a été un des fondateurs du parti d’extrême droite Primero Justicia (PJ). Tout cela étant vérifiable et vérifié, le débatteur pensait avoir évité un de ces pièges comme il en fut systématiquement tendu à Jean-Luc Mélenchon par des médias publics que nous payons de nos impôts (France 2, France Inter).
Mais voila que, peu avant l’émission, Maurice Lemoine apprit… qu’il ne savait pas tout. Paula Doumerg-Osorio avait des responsabilités politiques en France. Cela aurait dû être dit, par elle et par France Inter. Or, il n’était pas du tout prévu que cela le soit.
Figurez-vous que Guillaume Gouffier-Cha est député LREM du Val-de-Marne (6e circonscription) et membre de la commission de la défense nationale et des forces armées. Pour l’assister, il a deux collaboratrices à l’Assemblée nationale dont l’une est… Paula Doumerg-Osorio.
Avant le démarrage de l’émission, la petite souris du Grand Soir assista à un échange entre Maurice Lemoine et les animateurs du débat qui prétendaient la présenter comme une « représentante de l’opposition vénézuélienne ».
Maurice Lemoine leur indiqua que s’ils ne mentionnaient pas sa fonction de collaboratrice d’un député macroniste à l’Assemblée nationale, il le ferait lui-même « sans prendre de gants ». Car, soutenait-il, cela a une signification politique dans la mesure où, inévitablement, dans un débat sur le Venezuela, quelqu’un prononcerait le nom de Jean-Luc Mélenchon, un autre député. Personne n’a oublié le cri de guerre que les médiacrates poussent en général vers la fin des émissions (« Venezuelââââââ ! ») pour paralyser leur proie insoumise.
Les animateurs, se montrant pour le coup « proches » de l’intéressée ainsi dévoilée, commencèrent par ne pas vouloir en entendre parler. Mais Maurice Lemoine ne mollissait pas. C’est un pro. Il a alors redit qu’il donnerait l’information lui-même, dans l’émission, en direct. Et il était clair qu’il allait le faire. Alors, les animateurs et la collaboratrice du député LREM ont proposé à contrecœur une solution médiane. On allait dire que Paula Doumerg-Osorio est « proche de La République en Marche ». Pour Maurice Lemoine, cela n’était pas satisfaisant, le mensonge par omission était seulement réduit, mais pas éliminé. Cependant, il considéra qu’il était invité pour parler surtout du Venezuela (pays qu’il connaît bien), qu’il aurait peu de temps et qu’il valait mieux ne pas introduire une querelle annexe chronophage.
Et c’est ainsi que vous avez pu lire sur le site de France Inter et entendre dire en début d’émission que Paula Doumerg-Osorio, « militante franco-vénézuélienne soutien du parti d’opposition Voluntad Popular » est « proche de La République en Marche ».
Le mot « proche » induit un mensonge puisqu’elle est salariée d’un député LREM membre d’une commission qui travaille sur la Défense nationale.
Elle est de toute évidence militante macroniste, elle est impliquée dans la mise en oeuvre de la politique de Macron, c’est son job rémunéré. En cette période de championnat du monde de foot, on saura faire la différence entre les joueurs et les spectateurs. Les premiers disputent un match sur la pelouse, les seconds, sont répartis sur les gradins en fonction de leur proximité avec une des équipes. Paula Doumerg-Osorio court sur le terrain en s’appliquant à suivre les directives de son « coach » : Guillaume Gouffier-Cha, député LREM du Val-de-Marne (6e circonscription) et membre de la commission de la défense nationale et des forces armées.
La première tentative de Paula Doumerg-Osorio pour cacher ses liens de subordination avec LREM, puis ses manœuvres pour qu’il ne soit rien dit à l’antenne de ses activités à l’Assemblée nationale, démontrent que son choix était de berner les auditeurs. L’arbitre France Inter ne voyait pas là motif à sortir un carton jaune.
Cependant, l’enfumage échoua partiellement sur France Inter grâce à Maurice Lemoine, et totalement sur Le Grand Soir qui lâche sa petite souris quand il faut et où il faut.
LE GRAND SOIR