Israël menace de représailles militaires si les Houthis soutenus par l’Iran bloquent le détroit de la Mer Rouge
Par Tyler Durden
Article originel : Israel Threatens Military Response If ‘Iran-backed’ Houthis Block Red Sea Strait
Zero Hedge
La guerre au Yémen deviendra-t-elle le prochain champ de bataille de la guerre par procuration entre l’Iran et Israël au Moyen-Orient ?
L’année écoulée a été témoin de l’accentuation d’une guerre ouverte par procuration entre l’Iran et Israel, mais leurs rôles au Yémen ont été plus dissimulés : Israël s’est fait l’écho des accusations américaines selon lesquelles l’Iran fournit aux rebelles chiites Houthis du Yémen des missiles balistiques capables de frapper Riyadh, tandis que les rebelles chiites ont accusé les Saoudiens « Sionistes » de massacrer la population civile, car l’alliance secrète du royaume Saoudien pour le partage de renseignements secrets avec Israël est devenue publique ces derniers temps.
Alors que les deux pays ont mené une guerre des mots au Yémen, accusant Israël d’opérer dans l’ombre, Israël a maintenant ouvertement menacé d’intervenir au large des côtes du Yémen si les Houthis bloquent la voie navigable par laquelle passent les cargos en provenance d’Asie et à destination d’Israël.
Selon un article de Reuters, « Israël déploierait ses forces militaires si l’Iran essayait de bloquer le détroit de Bab al-Mandeb qui relie la mer Rouge au golfe d’Aden, a déclaré mercredi le Premier ministre Benjamin Netanyahu. »
Il s’agit de la première menace importante de déploiement d’une force militaire provenant de Tel Aviv dans le théâtre yéménite, après l’arrêt temporaire des expéditions par le détroit stratégique de Bab el Mandeb qui a commencé il y a une semaine. Cet arrêt faisait suite à une accusation saoudienne selon laquelle les rebelles Houthis soutenus par l’Iran au Yémen avaient attaqué deux pétroliers saoudiens traversant la voie navigable, faisant comprendre la menace que le conflit fait peser sur le commerce international et le flux de pétrole du Golfe vers les marchés mondiaux. Les Houthis, pour leur part, ont prétendu avoir attaqué des navires de guerre saoudien et non pas des pétroliers.
Au cours des mois précédents, les Saoudiens avaient accusé les Houthis d’attaquer les navires commerciaux saoudiens qui traversaient le détroit avec des missiles sol-sol fournis par l’Iran. Début avril, par exemple, la coalition a déclaré qu’un pétrolier saoudien a été touché en Mer Rouge lors d’une attaque Houthie au large de la principale ville portuaire du Yémen, Hodeidah, et s’est échappé avec des dégâts mineurs après l’intervention d’un autre navire de la coalition.
On estime que 4,8 millions de barils de pétrole sont expédiés chaque jour par Bab al Mandeb, qui relie la mer Rouge à la mer d’Arabie, au large des côtes du Yémen, de Djibouti et de l’Érythrée.
Pendant ce temps, les principaux médias occidentaux ont largement ignoré l’intervention militaire saoudienne dévastatrice au Yémen, qui en est à sa troisième année et qui a fait jusqu’à 70 000 morts, selon certains rapports de groupes humanitaires et militants.
Les Houthis du Yémen ont à plusieurs reprises menacé de bloquer le détroit stratégique de Bab al-Mandeb et ont annoncé la semaine dernière la grève des installations navales des ports saoudiens.
Simultanément, il y a un affrontement croissant dans un autre grand point de transit pétrolier, le détroit d’Ormuz dans le golfe Persique, où les dirigeants militaires iraniens (en particulier l’élite du CGRI (Corps des Gardiens de la Révolution Islamique)) et le Pentagone ont échangé des menaces à propos du passage en toute sécurité des pétroliers. Bien que l’Iran ait proféré des menaces à peine voilées de bloquer le détroit d’Hormuz, il ne fait pas directement allusion aux combats près de Bab al-Mandeb, jouant peut-être un rôle plus discret et réservé dans les coulisses au Yémen.
Mercredi, lors d’un défilé militaire à Haïfa, Netanyahu a annoncé :
« Si l’Iran essaie de bloquer le détroit de Bab al-Mandeb, je suis certain qu’il se trouvera confronté à une coalition internationale déterminée à empêcher cela, et cette coalition inclura également toutes les branches militaires d’Israël« .
Netanyahu a également qualifié les incidents récents présumés d’attaques Houthies contre des navires saoudiens « d’affrontement brutal avec les navires iraniens qui ont cherché à saboter la navigation internationale » à l’embouchure de la Mer Rouge.
Dans un discours séparé, le ministre israélien de la défense, Avigdor Lieberman, s’est fait l’écho de la charge du Premier ministre à propos de cet événement, déclarant qu’il avait « récemment entendu parler de menaces contre les navires israéliens en Mer Rouge » sans apporter de détails à l’appui de sa déclaration.
L’arrêt des expéditions de pétrole pourrait provoquer une escalade du conflit avec des puissances extérieures intervenant dans une tentative d’aider l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis à vaincre les Houthis et à porter un coup à la prétendue présence iranienne dans la région.
De même, cette interruption offre potentiellement à l’Arabie Saoudite et aux Émirats Arabes Unis l’occasion de focaliser l’attention internationale sur la résolution d’une guerre civile aggravée et transformée en conflit régional par l’intervention militaire des deux États du Golfe en mars 2015.
Plutôt qu’une campagne rapide qui aurait dû maîtriser les Houthis, l’intervention s’est transformée en un bourbier et un fiasco des relations publiques pour l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis.
Les critiques internationales à l’égard de leur gestion de la guerre sont de plus en plus nombreuses en raison de son coût humain dévastateur. Les voix au Congrès américain, au Parlement britannique et dans d’autres assemblées législatives occidentales, ainsi que les groupes de défense des droits de l’homme qui réclament l’arrêt des ventes d’armes à l’Arabie saoudite sont de plus en plus forts.
Traduit par Pascal, revu par Martha pour Réseau International
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