Le terrible silence du P.A.F : le 23.08.18, 26 enfants ont été tués au Yémen dans de nouveaux bombardements de la coalition saoudo-étatsuno-française

Yemen (c) Mohammed Huwais / AFP / Getty Images

Le 23.08.18, au moins 26 enfants ont été tués au Yemen dans de nouvelles frappes de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite (soutenue par la France et les USA ainsi que la Grande-Bretagne et Israël).

Lire :
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- Les EAU utilisent des chars français dans leur invasion du Yemen
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- Comment la France participe à la guerre contre le Yémen. Ventes d’armes et crimes de guerre (Orient XXI)

Ces enfants ont été tués alors qu'ils fuyaient des zones de combat dans la région d'Al-Douraïhimi, tenue par les rebelles, selon des responsables de l'ONU. L'AFP a publié l'information dès le 24.08.18. Pourtant cette dépêche n'a été reprise ni dans les journaux Télévisés de 13h ou de 20h de TF1 ou bien de France 2 couvrant la période du 23.08.18 au 27.08.18. Le silence semble la règle lorsqu'il est question des crimes de guerre commis par les alliés saoudiens et émiratis de la France dans leur guerre contre le Yémen. 

Pourtant 14 jours plus tôt, la coalition saoudienne avait bombardé un car scolaire tuant 51 personnes dont 40 enfants, l'information avait été traité par le JT de France 2.

JT France 2 20h au 09.08.18 :  "29 enfants au moins ont été tués dans une attaque aérienne d'un bus au Yémen ce jeudi 9 août. Un ballet d'ambulances pour des dizaines d'enfants blessés. L'attaque a eu lieu à la sortie de l’école. Un enfant portant encore son cartable a le visage en sang. À l'intérieur de l'hôpital, c'est la confusion, des médecins s'affairent pour sauver ceux qui peuvent l'être avec les moyens du bord. Très vite, le bilan s'alourdit. Selon la Croix-Rouge, l'attaque visait un bus scolaire. Le cratère et la carcasse du véhicule montrent la violence de l'explosion.
Une frappe de représailles. Le raid visant le bus a été mené par les forces gouvernementales, soutenues par l'Arabie saoudite. Pour la coalition sunnite, c'est une opération militaire qualifiée de "légitime". L’attaque a eu lieu dans la province de Saada, à la frontière entre le Yémen et l'Arabie saoudite. Une zone tenue par les rebelles chiites houthis, qui la veille auraient lancé un missile dans le sud du royaume saoudien, faisant un mort. Une forme de représailles, d'escalade aussi, dans un conflit qui a déjà fait plus de 10 000 morts en trois ans."

Une bombe MK 82 de 225 kilos guidée par laser, que la coalition a larguée le 9 août, a tué 51 personnes, dont 40 enfants selon CNN et Truth Out. Le bombardement constituait un crime de guerre ce qui n'est pas mentionné dans le reportage du JT de France 2.  Le journal britannique  The Guardian cite les propos de Marta Rivas Blanco, une infirmière du Comité international de la Croix-Rouge qui travaille à l'hôpital Al Talh : "Ils sont venus à l'hôpital en voiture et en ambulance"..."Certains criaient, d'autres avaient peur, beaucoup sont allés directement à la morgue." Depuis des médias US tels que CNN ont évoqué le fait que Lockheed Martin, l'un des principaux sous-traitants de la défense étatsunienne, a fabriqué la bombe, qui faisait partie d'une vente d'armes entre les États-Unis et les Saoudiens l'année dernière.

Les experts en munitions ont déclaré que les chiffres sur cet éclat d'obus confirmaient que Lockheed Martin était le fabricant de la bombe.

Pour Truth Out, il s'agit d'une aide et d'une complicité étatsunienne de crimes de guerre qui pourrait être poursuivie devant les tribunaux étatsuniens ou internationaux.
- Truth Out Les dirigeants étatsuniens soutiennent et sont complices de crimes de guerre au Yémen

L'ONU a demandé une enquête indépendante qui a été refusée par la coalition saoudienne et leurs soutiens atlantistes. L'Arabie saoudienne a déclaré en effet qu'elle mènerait sa propre enquête tandis que le secrétaire étatsunien à la Défense, James Mattis, a déclaré qu'il aiderait les Saoudiens dans leur enquête. Autant dire à étouffer l'affaire:

"Ce dont les Yéménites ont vraiment besoin, c'est d'une enquête indépendante, qui a déjà été présentée deux fois à l'ONU et a été rejetée par la coalition dirigée par les Saoudiens tandis que les États-Unis ont malheureusement couvert la coalition dirigée par les Saoudiens à l'ONU", a déclaré Shireen al-Adeimi, militante-chercheure yéménite et professeure adjointe à l'Université de l'État du Michigan, à Amy Goodman à Democracy Now !

Depuis, la coalition saoudo-étatsuno-française a donc récidivé le 23 aout 2018 et le silence semble à nouveau régner sur les deux grandes chaînes du P.A.F.

Selon Middle East Monitor, le prince saoudien "Bin Salman a menacé de cibler les femmes et les enfants au Yémen malgré les critiques internationales" : " Ne pas se soucier de la critique internationale", Bin Salman aurait dit à ses officiers, en référence à la condamnation internationale des opérations militaires contre les civils au Yémen, en particulier les raids qui tuent des femmes et des enfants. "Nous voulons laisser un grand impact sur la conscience des générations yéménites. Nous voulons que leurs enfants, leurs femmes et même leurs hommes frissonnent dès que le nom de l'Arabie Saoudite est mentionné."  Propos qui si ils étaient avérés rappelleraient les propos de l'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis :
- L'ambassadeur saoudien aux USA déclare au sujet de l'arrêt de l'utilisation des bombes à fragmentation au Yémen : "Allez-vous arrêter de battre votre femme ?" (Vidéo)

En tous les cas, ce n'est pas les grandes chaînes du P.A.F et leurs communicants qui vont relayer massivement les critiques internationales. Elles semblent plutôt pondérées par les légitimations des autorités saoudiennes (voir le reportage du JT de France 2 ci-dessus, du 9.08.18 deuxième partie du commentaire : "Une frappe de représailles...").

Il y a un contraste saisissant entre la propagande de guerre que nous ont déversé les rédactions des JTs de France 2, France 3 et TF1 dès que l'armée syrienne et russe ont attaqué les bastions des rebelles djihadistes à Alep, à la Ghouta-Est...et le quasi silence dans lequel ces chaînes sont plongées dès qu'il s'agit d'évoquer l'agression saoudienne contre le Yémen. Raison d'Etat ?

Lire :

• Syrie. Les médias français en mode propagande de guerre
• Syrie : La bataille d’Alep et les mensonges de nos journalistes aux ordres
• Après le quasi-blackout sur la guerre saoudo-occidentale au Yémen, les JT de 20h de France 2, France 3 et TF1 font le blackout total sur la conférence de Sotchi organisée par la Russie
• Syrie. Apologie des frappes militaires françaises violant les lois internationales sur France 2.
• Les JTs de France 2 traitent-ils de manière privilégiée les informations quand les quartiers tenus par des djihadistes sont bombardés par le régime syrien ?
• Les médias se taisent alors que la coalition saoudienne vient de bombarder un centre pour aveugles au Yémen  

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