La moitié des polypes de corail de la Grande barrière de corail en Australie a été anéantie par les ondes sous-marines et la chaleur. Retour sur cette catastrophe écologique et le sort des habitants des eaux tropicales.
L'union des polypes et des péridiniens
Les récifs apparaissent suite à la symbiose entre les polypes de corail et les zooxanthelles qui y habitent. Ces organismes unicellulaires consomment le CO2 émis par les polypes et le transforment grâce à l'énergie solaire en matière nutritive — les glucides, les acides aminés, la glycérine. Et les polypes forment dans l'eau à partir du carbonate de calcium solide et insoluble des structures géologiques sous-marines.
Les polypes de corail se multiplient par bourgeonnement. Mais une fois par an ils émettent dans l'eau des cellules reproductrices qui donnent naissance à de nouvelles colonies. Avec le temps les coraux forment d'immenses récifs, des îles entières et leurs chaînes.
La Grande barrière de corail s'étend sur presque 3.000 km. C'est la plus grande structure d'organismes vivants sur Terre.
Trois vagues d'extinction
Les récifs de corail poussent dans les eaux peu profondes où il y a beaucoup de lumière, avec une température supérieure à 18°C. Cela limite leur milieu d'habitat aux Tropiques.
Aussi bien un refroidissement qu'un réchauffement est fatal pour les récifs. En cas d'augmentation de la température de l'eau les zooxanthelles commencent à émettre des toxines et les polypes les rejettent. Cela s'accompagne d'un blanchissement des coraux qui doivent leur couleur vive aux symbiontes minuscules.
Le blanchissement massif des récifs de corail a été remarqué pour la première fois en 1980. Cela s'est reproduit en 1998 (avec la mort jusqu'à 95% des récifs en eaux peu profondes) et en 2010 sur fond du phénomène naturel El Nino réchauffant l'océan. Et l'année 2016 a été particulièrement catastrophique. De toute l'histoire des observations, soit presque 50 ans, la surface de l'océan ne s'était jamais réchauffée à tel point. Le blanchissement avait alors touché 2.300 km de la Grande barrière de corail.
Des chercheurs australiens sous la direction de Terry Hughes de l'université James Cook ont déterminé que les coraux devenaient plus blancs si la température de l'eau augmentait de plus de 4 degrés en l'espace d'une semaine. Une augmentation de 6 degrés provoque la mort des polypes de chaleur. C'est le sort qu'ont connu la plupart des colonies de la région nord de la Grande barrière de corail et une grande partie du récif central.
Une vie anormale
De retour sur la Grande barrière de corail début 2017, les chercheurs ont vu que même les coraux réunis avec les zooxanthelles continuaient de mourir.
Les spécialistes pensent que plusieurs facteurs empêchent leur rétablissement: les colonies ont perdu la majeure partie de leur tissu, les polypes sont blessés, affaiblis par le blanchissement et sont soumis aux maladies.
Les coraux décolorés peuvent se normaliser en cas de conditions favorables. Les polypes à croissance rapide recouvriront le récif dans dix ans. La régénération de la colonie des espèces qui grandissent lentement nécessitera des dizaines d'années. Cependant, il ne faut pas non plus y compter: El Nino provoquera une nouvelle vague de chaleur et une nouvelle extinction globale des coraux.
Le récif est très vulnérable. Hormis la chaleur il souffre de typhons, d'attaques de prédateurs et de l'activité de l'homme. Les hommes détruisent la côte par les constructions, versent dans l'océan des produits chimiques (notamment sont dangereuses les antibiotiques et les engrais). Avec le récif de corail disparaît un écosystème richissime, les habitants locaux perdent leur travail et moyens de subsistance, des pays entiers sont privés de revenus du tourisme.
En analysant les changements de la composition spécifique des polypes de corail, les généticiens australiens et américains sont arrivés à la conclusion de leur éventuel renouvellement. Ils seront remplacés par des espèces plus adaptées aux conditions de l'océan en réchauffement. Selon les chercheurs, les coraux sont relativement diversifiés pour survivre dans les 250 prochaines années.