Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a engagé sa réforme pour, dit-il, corriger "l'injustice historique" faite à la majorité noire du pays. Un quart de siècle après la fin de l'apartheid, les Noirs (80% de la population) ne détiennent que 4% des terres agricoles. Les Blancs (8% de la population) 72% selon l'AFP. Pour ce faire, le chef de l'Etat envisage de réformer la Constitution pour autoriser les expropriations sans compensation. Samedi encore, il a promis "d'accélérer la réforme de la terre, nécessaire à une croissance économique inclusive". Une réforme agraire qui suscite une inquiétude légitime dans les milieux coloniaux, suprémacistes et occidentaux de par la radicalité des mesures mises en place par le nouveau gouvernement. D'après Le Point, "orchestrée par des suprémacistes, la rumeur affirmant qu'un « génocide blanc » est en cours en Afrique du Sud gagne du terrain, jusqu'à la Maison-Blanche". Ainsi le président des Etats-Unis, Donald Trump, y a ajouté son grain de sel en déclarant que le gouvernement d'Afrique du sud "a saisit des terres appartenant aux fermiers blancs", il a précisé en outre que ceux-ci sont les victimes d'une "vague de meurtres de grande ampleur" selon ses déclarations sur Twitter citées par l'AFP. Les autorités de Pretoria ont vivement réagi. Elles ont dénoncé les "déclarations alarmistes, fausses, inexactes, mal informées et, parfois, politiquement biaisées", avant d'exiger des "explications".
Provocateur, le tweet de Trump a mis le doigt sur les plaies communautaires toujours à vif qui agitent la société sud-africaine. Les débats publics enflammés organisés par le gouvernement sur son projet de réforme agraire l’ont tous confirmé. Pour Constance Mogale, citée par l'AFP, de l’Alliance pour la démocratie rurale – un réseau d’associations qui défend les expropriations sans compensation – le débat « n’est qu’un subterfuge électoral » avant le scrutin législatif prévu en 2019. La Constitution permet déjà d’exproprier sans dédommagement, affirme-t-elle, reprenant l’avis de plusieurs experts. « Le problème, c’est le non-respect » des lois, « amender va prendre une éternité, ça ne va pas redonner de terres aux gens ». D'autres craignent les exactions qui pourraient avoir lieu contre la communauté blanche et des expropriations massives comme au Zimbabwe sans compensation.
Selon Le Point, trois axes de réforme ont été envisagés :
– l'élaboration d'un projet de loi sur la redistribution dont le but serait de donner un schéma clair de qui aurait en priorité accès aux terres
– l'élaboration d'un autre projet de loi sur les terres visant à informer tous les propriétaires terriens, formels et informels, et assurer la sécurité de la concession ;
- enfin, amender la loi sur la protection temporaire des droits fonciers informels – Interim Protection of Informal Land Rights Act – pour reconnaître ceux qui vivent sur les terres depuis plus de trois ans et plus, comme de facto, des propriétaires qui ne peuvent pas être dépossédés sans leur consentement.
Enfin, toujours selon Le Point : "En complément de ces trois axes de réforme, le président de l'ANC, Gwede Mantashe, a avancé, tout récemment, que l'amendement de la Constitution imposerait une limitation du nombre d'hectares des propriétés terriennes, à 12 000 ; le surplus allant être ainsi restitué à l'État, et ce, sans compensation. Le gouvernement, quant à lui, aurait un rôle à jouer en redistribuant ce surplus à des « destinataires » prioritaires ; en l'occurrence les fermiers noirs ayant réussi à produire et à soutenir la production alimentaire locale en dépit des conditions de culture difficiles des terres communales travaillées par ces derniers. Les propriétés endettées vis-à-vis des banques sont aussi visées par cette réforme. Elles deviendraient la cible de cette expropriation sans compensation, alors que les banques, quant à elles, ne seraient pas indemnisées, mais uniquement autorisées à effacer ces dettes de leurs livres de compte."
Des mesures qui par ailleurs seraient très mal vus des milieux capitalistes et financiers puissants qui pourraient considérablement entraver ces réformes. D'autres part les privilégiés issus de la colonisation et qui ont profité de l'apartheid sont prêts à se battre pour défendre leurs intérêts. En changeant la Constitution de manière à rééquilibrer une situation injuste, le gouvernement sud africain s'engage sur une voie particulièrement sensible. Certains craignent qu'après les violences xénophobes meurtrières endémiques en Afrique du sud, des violences racistes contre la communauté blanche sud africaine et intercommunautaires surviennent.
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