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[Vidéos] Histoires françafricaines (3). La guerre secrète menée par De Gaulle-Foccart au Nigeria de 1967 à 1970. Biafra : plus d'un million de morts

par SLT 7 Août 2018, 21:30 Biafra Françafrique Guerre France De Gaulle Foccart Nigeria Crimes contre l'humanité Articles de Sam La Touch

[Vidéos] Histoires françafricaines (3). La guerre secrète menée par De Gaulle-Foccart au Nigeria de 1967 à 1970. Biafra : plus d'un million de morts

 

Tout au long de cet été nous revenons sur les histoires françafricaines occultées de la mémoire collective par le magistère intellectuel, médiatique et politique français. Peu abordée par les médias, par les universitaires, par les historiens, par les politiques cette histoire de prédation (néo)coloniale se poursuit dans l'ombre pour mieux se répéter. L'amnésie cultivée par nombre de médias amenant à sa reconduction, permet aux réseaux françafricains de grenouiller en Afrique et de piller le pré-carré francophone africain. Actuellement, comme par le passé, le magistère intellectuel, médiatique et politique allèguent que les réseaux françafricains ont disparu face à la poussée de l'Américafrique, de l'Israélafrique, de la Chinafrique, de la Russafrique et de la Mafiafrique... En fait, il n'en est rien, les réseaux se transforment et s'adaptent. Ils ont maintenant le soutien renforcé de l'armée française qui par ses actions et son occupation de nombreux pays en Afrique permet aux multinationales d'obtenir de grands contrats comme en Côte d'Ivoire ou en Libye pour Total par exemple. Les interventions guerrières ont pour rôle de remplacer les dirigeants africains rétifs et d'installer des néogouverneurs plus favorables aux intérêts économiques français même si cela se fait au prix de crimes contre l'humanitlé comme au Cameroun (1956-1971), au Rwanda (1994), en Côte d'Ivoire (2011), en Libye (2011), ou en Centrafrique (2014). Ces autocrates made in France sont occultés par le magistère qui déroule tapis rouge aux despotes, aux dynasties installées par Paris dans ses anciennes colonies.

Episode 3 : La guerre secrète menée par De Gaulle-Foccart au Nigeria de 1967 à 1970. Biafra : plus d'un million de morts.

Pour cet épisode 3 de la Françafrique nous revenons sur la guerre secrète menée par  l'Etat français sous De Gaulle-Foccart au Nigeria. Une guerre qui entraînera la mort de plus d'un million de Nigérians. 

En mai 1967, dans le sud du Nigeria, les Ibo proclament leur indépendance et baptisent leur province « Biafra ». Le gouvernement nigérian met aussitôt en place un blocus. Débute une guerre civile qui va durer deux ans et demi et provoquer la mort de plus d’un million de personnes. Ce premier conflit « médiatique » qui préfigure les conflits modernes en Libye et en Syrie au nom du droit d'ingérence (intervention coloniale déguisée) est raconté dans ce reportage de Joël Calmettes évoquant l'implication française pour favoriser la sécession biafraise en vue d'affaiblir le Nigeria : "Biafra : Foccart s'en va-t-en guerre". Pour expliquer le soutien de la France au Biafra, le colonel Jean Varret évoque le « complexe » de Fachoda, c’est-à-dire la volonté de la France de contrecarrer l’influence britannique en Afrique à tout prix. Le colonel Jean Varet fut envoyé au Gabon dans la dépendance néocoloniale française pour organiser les livraisons d'armes dans la province sécessionniste nigériane du Biafra.

 

"En juin 1966 des dizaines de chrétiens, des Ibos sont tués par des musulmans Haoussas dans le nord du Nigéria. Deux millions de Ibos affluent vers leur terre d'origine : le futur "Biafra''. Foccart (et De Gaulle, ndlr) comprend immédiatement que c'est là la carte à jouer pour affaiblir le Nigéria".

Il faut rappeler qu'un certain nombre de médecins qui ont fondé par la suite MSF ont été initialement embrigadés malgré eux dans une opération humanitaro-militaire au Biafra à la fin des années soixante. "L'ONG Médecins Sans Frontières a été créée le 20 décembre 1971 par des médecins français qui s'étaient rendus au Biafra avec la Croix-Rouge pour tenter d'y aider la population lors de la guerre qui avait opposé cette région indépendantiste au gouvernement central nigerian entre 1967 et 1970. Estimant que la politique de neutralité et de réserve de la Croix-Rouge (internationale, ndlr) avait été une erreur, ils voulurent fonder une association qui allierait aide humanitaire et actions de sensibilisation auprès des médias et des institutions politiques."(Wikipedia)

Ces médecins de la Croix-Rouge française étaient chargés de prodiguer des soins dans le camps des Biafrais qui avaient organisé la rébellion au Nigéria sous l'égide de De Gaulle et Foccart. Une guerre soutenue par la France contre l'état souverain nigérian pour cause de réserves pétrolières. Une guerre qui a fait de un à deux millions de morts et qui visait à autonomiser la région du Biafra enclavée dans le Nigéria. (Un peu comme si une grande puissance aidait militairement la Bretagne à s'autonomiser de la France en organisant une guerre civile). Selon Pierre Péan (Affaires Africaines) les armes transitaient dans les cargos de la Croix-rouge tandis que les médecins par la force de la situation avaient pris fait et cause pour la rébellion biafraise. "Tous les moyens sont bons dans cette affaire. La Croix-Rouge et les Chevaliers de Malte, qui canalisent et acheminent officiellement vivres et médicaments au Biafra, ne regardent pas de trop près les lourdes caisses qui, manifestement, ne sont pas remplies de lait en poudre. Pour simplifier les choses, le colonel Merle, conseiller militaire de l'ambassade de France au Gabon, est aussi responsable de la Croix-Rouge" Pierre Péan, Affaires africaines.

On se souvient des déclarations de Kouchner dans les colonnes du Monde ou du Nouvel Observateur de l'époque évoquant la notion de "génocide" pour inciter l'opinion publique à soutenir la rébellion. Il crééra d'ailleurs un Comité de lutte contre le génocide au Biafra. Dans son article du Nouvel Observateur "j'accuse" du 19 janvier 1970 il déclarait : « Comment peut-on être de gauche et laisser massacrer deux millions d’individus ? Le massacre des Biafrais est le plus grand massacre de l’histoire moderne après celui des Juifs, ne l’oublions pas. Est-ce que cela veut dire que le massacre de millions d’hommes n’a pas de dimension politique ? […] La gauche, s’il en existe une, a fermé les yeux […] Sa préoccupation est simple : les gens qui meurent sont-ils de gauche ? » (Anne Vallaeys, Médecins sans frontières, la biographie, Fayard, 2005). Il déclarera lui-même après le conflit avoir été aveuglé par la situation biafraise et instrumentalisé malgré lui. On ne peut pas ne pas mettre ses propos en parallèle avec le climat organisé dans la presse et dans l'opinion publique par les responsables du SDECE dont Kouchner a probablement été une victime collatérale et sa bonne conscience manipulée comme celle des autres médecins de la Croix-Rouge (voir le reportage de Joël Calmette : Histoires secrètes du Biafra - Foccart s'en va-t-en guerre). Le colonel Maurice Robert ancien responsable du SDECE, déclara quelques années plus tard "Ce que tout le monde ne sait pas, c'est que le terme de "génocide" appliqué à cette affaire du Biafra a été lancé par les services. Nous voulions un mot choc pour sensibiliser l'opinion. Nous aurions pu retenir celui de massacre, ou d'écrasement, mais génocide nous a paru plus ''parlant''. Nous avons communiqué à la presse des renseignement précis sur les pertes biafraises et avons fait en sorte qu'elle reprenne rapidement l'expression ''génocide''. Le Monde a été le premier, les autres ont suivi." (Sur l'instrumentalisation des French Doctors sur décision des autorités politiques françaises voir la vidéo ci-dessous à partir de 7'15'').

Selon le Washington Post (11.07.1969) cité par Pierre Péan, (Affaires Africaines), la famine a été aussi renforcée par la sécession biafraise qui empêchait l'accès aux vivres aux Biafrais pour accentuer le choc médiatique : "Le Biafra prive son propre peuple de ce qui est nécessaire à sa subsistance, dans l'espoir évidemment que le spectacle de ses souffrances va inciter les étrangers à imposer des restrictions politiques au Nigéria...La famine ne saurait devenir une arme de guerre acceptable du simple fait qu'elle est utilisée par un leadership aux abois contre sa propre population réduite à l'impuissance." (voir aussi concernant la naissance de MSF, la vidéo ci-dessous, à 8'45").

Selon Denis Maillard,  1968-2008 : le Biafra ou le sens de l’humanitaire, "En utilisant la souffrance à des fins politiques, la France du général de Gaulle, associée pour l’occasion au Portugal de Salazar et aux pouvoirs africains blancs, instrumentalisèrent l’aide internationale. Accolé au Biafra, le mot génocide aurait donc été une commande des barbouzes… Les nouveaux French Doctors n’y verront que du feu, persuadés qu’ils assistent en direct à un nouvel Auschwitz."

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