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Histoires françafricaines (7) : Comment l'Etat français sous Sarkozy a détruit le régime de Kadhafi et la Libye en 2011 [Partie 2]

par SLT 17 Septembre 2018, 21:17 Françafrique Libye Kadhafi Sarkozy Destruction France Impérialisme néocolonialisme Fausses informations Fake News USA OTAN Armée française Grande-Bretagne Articles de Sam La Touch

Tout au long de cet été nous revenons sur les histoires françafricaines occultées de la mémoire collective par le magistère intellectuel, médiatique et politique français. Peu abordée par les médias, par les universitaires, par les historiens, par les politiques cette histoire de prédation (néo)coloniale se poursuit dans l'ombre pour mieux se répéter. L'amnésie cultivée par nombre de médias amenant à sa reconduction, permet aux réseaux françafricains de grenouiller en Afrique et de piller le pré-carré francophone africain. Actuellement, comme par le passé, le magistère intellectuel, médiatique et politique allèguent que les réseaux françafricains ont disparu face à la poussée de l'Américafrique, de l'Israélafrique, de la Chinafrique, de la Russafrique et de la Mafiafrique... En fait, il n'en est rien, les réseaux se transforment et s'adaptent. Ils ont maintenant le soutien renforcé de l'armée française qui par ses actions et son occupation de nombreux pays en Afrique permet aux multinationales d'obtenir de grands contrats comme en Côte d'Ivoire ou en Libye pour Total par exemple. Les interventions guerrières ont pour rôle de remplacer les dirigeants africains rétifs et d'installer des néogouverneurs plus favorables aux intérêts économiques français même si cela se fait au prix de crimes contre l'humanitlé comme au Cameroun (1956-1971), au Rwanda (1994), en Côte d'Ivoire (2011), en Libye (2011), ou en Centrafrique (2014). Ces autocrates made in France sont occultés par le magistère qui déroule tapis rouge aux despotes, aux dynasties installées par Paris dans ses anciennes colonies.

Histoires françafricaines (7) : Comment l'Etat français sous Sarkozy a détruit le régime de Kadhafi et la Libye en 2011 [Partie 2]

- 1. Le "printemps libyen" et le soutien de la France

- 2. Une guerre déclenchée sur de fausses informations


- 3. Propagande raciste de médias incitant au nettoyage ethnique des minorités noires en Libye

- 4. Une guerre "votée" par presque toute la classe politique française

- 5. Le soutien français aux rebelles djihadistes en Libye

Histoires françafricaines (7) : Comment l'Etat français sous Sarkozy a détruit le régime de Kadhafi et la Libye en 2011 [Partie 2]

Episode précédent :

1. Le "printemps libyen"


Le printemps arabe a gagné la Libye le 15 février 2011. Des jeunes qui veulent plus de liberté manifestent contre le régime despotique et autocratique de Kadhafi, des émeutes éclatent à Benghazi et à Tripoli. A Tripoli, des émeutiers brûlent des commissariats et prennent les armes. La police de Kadhafi réprime les émeutiers à Tripoli. A Benghazi, les manifestants prennent la ville. L’opposition appelle à un « jour de colère », le 17 février, contre le gouvernement de Kadhafi, lequel répond par la force aux insurgés.

Le 21 février 2011, des allégations de bombardement des manifestants à Tripoli par les troupes de Kadhafi sont diffusées dans les médias de masse. A la suite de ces allégations, Sarkozy, Cameron et Obama déclarent que Kadhafi doit partir. Un bombardement qui sera décrit très minutieuse par BHL.

Le 22 février 2011, Kadhafi menace de reprendre la ville de Benghazi "rue par rue, maison par maison".

Le 26 février 2011  Le Conseil de sécurité des Nations unies impose un embargo sur la vente d’armes et de matériels connexes à la Libye . Le 28 février, l’Union européenne fait de même.

Samedi 5 mars. Le Conseil national de transition (CNT) se déclare « le seul représentant de la Libye ».

Dimanche 8 et lundi 9 mars : La France est la première a reconnaître le CNT Libyen. Une visite des représentants du CNT au parlement européen et à l'Élysée s'effectue les 8 et 9 mars 2011.

Le 10 mars, le gouvernement de Kadhafi suspend ses relations diplomatiques avec la France, qui vient de reconnaître le CNT et Kadhafi annonce qu'il marche sur Benghazi.

 

Début mars 2011, la Ligue libyenne des droits de l'homme (affiliée à la FIDH) liée au CNT déclare qu'il y a des charniers avec 6000 morts (3000 à Tripoli et 3000 à Benghazi) dus à la répression de Kadhafi.

 

Jeudi 17 mars. Le Conseil de sécurité des Nations unies autorise le recours à la force militaire pour protéger les civils contre l’armée pro-Kadhafi. Sur foi de ces allégations, en dépit du manque de preuves, le conseil de sécurité vote la Résolution 1973 autorisant tous les moyens nécessaire pour intervenir militairement en Libye et réprimer le régime de Kadhafi. La Russie et la Chine s'abstiendront avalisant ainsi la guerre de l'ONU puis de l'OTAN contre la Libye (ces deux pays ayant refusé de poser leur veto) montrant si il le fallait que le "guide libyen" était complètement isolé sur le plan international.

 

Vendredi 18 et samedi 19 mars. Après les "bombardements des manifestants à Tripoli" allégués, la prétendue "attaque de Benghazi" avec "la colonne de chars", les soit-disant "charniers de Tripoli et de Benghazi", par le régime de Kadhafi, la coalition internationale passe à l’offensive militaire : les États-Unis, la France et le Royaume-Uni bombardent les forces de Kadhafi, qui se replient vers l’ouest. Les Rafale français détruisent 4 chars des forces libyennes à la périphérie de Benghazi puis l'armée US tire 120 missiles sur des "cibles militaires" en Libye.

 

Jeudi 31 mars. L’Otan prend les commandes de l’opération « Protecteur unifié ».

 

 

 

 

- 2. Une guerre déclenchée sur de fausses informations


"Une fake news, c'est une fausse information qui n'est pas cautionnée par les autorités". (Un prof de Science Po balance sur les "fake news" véhiculés par les médias français [Vidéo])

 "...Quand on est sur un théâtre de guerre comme la Libye où en gros c'est l'armée et donc l'Etat qui contrôle l'information qui est diffusée, etc. La manière dont les informations vont être remontées à la population française alors que le pays est en guerre, etc, le gouvernement va naturellement déformer l'information, la faire paraître sous un beau jour, etc. Après la question est de savoir dans quelle mesure est-ce que les journalistes sont conscients ou pas du fait qu'ils relayent une parole officielle sans chercher à en savoir plus ou même à masquer un certain nombre de choses, ça c'est un autre débat. Et on arrive, si l'on parle des médias traditionnels, sur les questions du pouvoir des médias, de qui sont les actionnaires des médias, quelles sont les velléités qu'il y a derrière et ces questions là. Mais ça c'est des questions qui sont différentes de la notion de fake news mais qui ne sont pas complètement décorrélées parce que effectivement la confiance dans la manière dont les médias traitent l'information cela va avoir aussi une influence sur ce que l'on va pouvoir percevoir à côté..."  Nicolas Hervé, Ingénieur de Recherche à l’Ina, titulaire d’un doctorat d’informatique de l’université Paris-Sud Orsay. Gros déballage sur la désinformation médiatique française durant la guerre en Libye sur Europe 1. Selon un prof de Science Po : "Une fake news : c'est une fausse information qui n'est pas cautionnée par les autorités" (Vidéo)

 


Une virulente campagne de propagande comme celle qui a servi à légitimer la guerre en Irak va avoir lieu dans le monde occidental et dans les pays du Golfe. Elle sera relayée par des ONGs et les médias de masse pour justifier la guerre contre le régime de Kadhafi et contre la Libye. Pour Saddam Hussein, Colin Powell, chef d'Etat-major de l'armée US, avait été l'idiot utile qui avait brandi des fausses fioles d'armes chimiques à la tribune du conseil de sécurité de l'ONU pour dénoncer les armes de destruction massive du potentat irakien. Il s'agissait d'une fausse information à présent parfaitement reconnue.

Sous l'ère de Sarkozy-Cameron et Obama, le prétexte de l'intervention onusienne puis otanesque en Libye pour protéger les civils (R2P : Right to Protect) sera notamment le "massacre annoncé des civils" à Benghazi soit disant voulu par Kadhafi qui n'aura en fait jamais eu lieu. Les ONGs évoquent même un "génocide" potentiel aussitôt relayés par des idiots utiles dans les médias occidentaux.

Ce prétendu "massacre annoncé" est une fausse information qui va servir à justifier l'attaque occidental (avalisé par les Russes et les Chinois) contre Kadhafi, la Libye et in fine l'Afrique.
 

A cet élément s'ajoute trois autres allégations toutes aussi fausses :

– le bombardement de Tripoli par le régime de Kadhafi contre les manifestants
– la colonne de chars à l’assaut de Benghazi
– les charniers de Benghazi et Tripoli

Le premier à avoir révélé ces mensonges véhiculés par les communicants du complexe militaro-industriel français et atlantiste fut un journaliste d'investigation indépendant Julien Teil dès la fin 2011 après avoir interviewé les leaders du Comité National de Transition (CNT) suite à la guerre de Sarkozy-Cameron-Obama contre la Libye de Kadhafi. Ainsi dans les deux documentaires ci-dessous, le secrétaire général du Conseil national de transition libyen (CNT), le Dr Sliman Bouchuiguir, avoue n'avoir jamais eu aucune preuve sur les 6000 morts, 12000 blessés et les 700 viols attribués a Kadhafi qui furent à l'origine de l'intervention militaire de l'OTAN pour des "raisons humanitaires". Il déclare que ses allégations proviennent des rebelles eux-mêmes, ce qui n'a jamais été évoqué devant l'ONU. Soixante-dix ONGs soutenus par le gouvernement états-unien (mais aussi français) dont la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) relayés par les communicants de l'OTAN ont soutenu la guerre contre le régime de Kadhafi qui in fine a conduit à la destruction de la Libye.
 

Lire :
- La "guerre humanitaire" des ONGs contre le peuple libyen

Il est de notoriété publique que la FIDH compte sur d'importants financements étatiques notamment états-uniens (et français). Il a été rapporté que la FIDH était directement financée par le ministère des affaires étrangères US, par la très néoconservatrice US National Endowment for Democracy (NED), par l’Open Society de George Soros ainsi que par le Quai d'Orsay comme cela est le cas en Syrie (La guerre humanitaire de la NED et de la FIDH en Syrie). La FIDH, également appuyée par l’ONG Human Rights Watch, est à l’origine des procédures diplomatiques à l’encontre de la Jamahiriya Arabe Libyenne (La guerre humanitaire). Ce n'est donc pas une surprise si l'ONG états-unienne "Donation nationale pour la démocratie" (NED) soutient massivement la FIDH. En fait le président de la NED, Carl Gershman, fut l'un des premiers signataires de la pétition de Bouchuiguir demandant un changement de régime en Libye.

Le contrôle et le financement gouvernemental des ONGs a été un outil puissant pour mobiliser l'opinion publique en faveur des choix et des stratégies de politique gouvernementale sur le plan international. Le pillage des ressources minières ou foncières d'un pays est beaucoup moins vendeur aux yeux de l'opinion publique qu'une intervention militaire au nom de la défense des droits de l'homme. Derrière ces guerres humanitaires se cachent souvent des stratégies de reconquête coloniale comme cela fut le cas en Libye. Le cinéaste Julian Teil, dans son documentaire : "La guerre humanitaire en Libye" ("Lies behind the Humanitaran War in Libye: There Is No Evidence!) demande à Bouchuiguir s'il fut difficile de rassembler 70 ONGs derrière sa pétition. Celui-ci répond alors : "Dire la vérité ce n'est pas très difficile du tout, les ONG(les organisations non gouvernementales) étaient prévenues." En fait ces ONGs sont toutes sous le parapluie des États-Unis et d'autres organisations financées par le gouvernement comme la Fédération Internationale pour des Droits de l'homme. La diversité apparente de 70 signatures est en fait un épouvantail masquant l'uniformité des sponsors soutenant cette "guerre humanitaire".

A partir de 13'30''

Rony Brauman qui a connu les médecins de la Croix-rouge tels que Kouchner qui furent instrumentalisés par la déstabilisation guerrière menée par Foccart-De gaulle au Nigeria dans la province sécessionniste du Biafra en 1967, ne s'y trompera pas et déclarera au tout début de la guerre menée par Sarkozy-Cameron-Obama en Libye qu'il s'agissait "d'une imposture, d'un mensonge et d'une intox" :  « Ce qui me gêne dans cette opération, c’est qu’on prétend installer la démocratie et un État de droit avec des bombardiers. Je ne sais pas où cette idée a été puisée, mais ce que je vois c'est qu'à chaque fois qu’on a essayé de le faire, non seulement on a échoué mais le remède qu’on prétendait apporter était pire que le mal » en mars 2011. (Wikipedia).


Dans une interview à Médiapart, (vidéo ci-dessous à 15'00'') il évoque les 3 mensonges qui ont permis de justifier l’entrée en guerre pour des raisons "humanitaires" :
– le bombardement de Tripoli
– la colonne de chars à l’assaut de Benghazi
– les charniers de Benghazi et Tripoli.

 

Il va même jusqu'à déclarer que BHL a documenté avec moult détail les victimes des bombardements sur Tripoli de Kadhafi qui n'ont jamais eu lieu (à 14'50'').

A 13'30''

Un rapport du Parlement britannique publié en 2015 a documenté le fait que la guerre de la France et de la Grande-Bretagne en Libye en 2011 soutenue par les Etats-Unis était basée sur une série de mensonges.

"Libye: Examen of intervention and collapse and the UK's future policy options", enquête menée par la commission bipartite des affaires étrangères de la Chambre des communes, condamne fermement le rôle du Royaume-Uni dans la guerre, qui a renversé le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et plongé le pays d'Afrique du Nord dans le chaos.

"Nous n'avons vu aucune preuve que le gouvernement britannique ait procédé à une analyse appropriée de la nature de la rébellion en Libye", affirme le rapport. "La stratégie du Royaume-Uni était fondée sur des hypothèses erronées et une compréhension incomplète des preuves."

La commission des affaires étrangères conclut que le gouvernement britannique "n'a pas réussi à identifier que la menace envers les civils était exagérée et que les rebelles comprenaient des éléments islamistes importants".

L'enquête sur la Libye, lancée en juillet 2015, est basée sur plus d'une année de recherches et d'entretiens avec des politiciens, des universitaires, des journalistes et plus encore. Le rapport, publié le 14 septembre, révèle ce qui suit :

  • Kadhafi ne prévoyait pas de massacrer des civils. Ce mythe a été exagéré par les rebelles et les gouvernements occidentaux, qui ont fondé leur intervention sur un faible niveau d'informations et de renseignements.
     
  • La menace des extrémistes islamistes, qui avait une grande influence dans le soulèvement, a été ignorée - et les bombardements de l'OTAN ont aggravé cette menace, donnant à l'Etat islamique une base en Afrique du Nord.
     
  • La France, qui a initié l'intervention militaire, était motivée par des intérêts économiques et politiques, et non par des intérêts humanitaires.
     
  • Le soulèvement, violent et non pacifique, n'aurait sans doute pas été un succès s'il n'y avait pas eu d'intervention militaire et d'aide étrangère. Les médias étrangers, en particulier Al Jazeera du Qatar et Al Arabiya d'Arabie saoudite, ont également propagé des rumeurs non fondées sur Kadhafi et le gouvernement libyen (voir plus bas le point 3. propagande raciste de médias...).
     
  • Les bombardements de l'OTAN ont plongé la Libye dans une catastrophe humanitaire, tuant des milliers de personnes et en déplaçant des centaines de milliers d'autres, transformant la Libye, pays africain au niveau de vie le plus élevé, en un État déchiré par la guerre.

 

"Malgré sa rhétorique, la proposition selon laquelle Mouammar Kadhafi aurait ordonné le massacre de civils à Benghazi n'a pas été étayée par les preuves disponibles", affirme clairement la commission des affaires étrangères.

"Si Mouammar Kadhafi a certainement menacé de recourir à la violence contre ceux qui ont pris les armes contre son pouvoir, cela ne s'est pas nécessairement traduit par une menace pour tout le monde à Benghazi", poursuit le rapport. "Bref, l'ampleur de la menace pour les civils a été présentée avec une certitude injustifiée."

Le résumé du rapport note également que la guerre "n'a pas été éclairée par des renseignements exacts".

Malgré ces éléments sérieusement documentés, les principaux médias français continueront à diffuser de fausses informations pour légitimer rétrospectivement cette terrible guerre tandis que le Parlement français ne réclamera jamais de commission d'enquête dont il est vrai la portée sous la Vème République frise le ridicule si l'on en croît la commission d'enquête sur les liens entre l'Etat islamique et Lafarge et celle concernant l'affaire Benalla. Rappelons que les allégations de collaboration de l'Etat français avec un régime génocidaire au Rwanda ne donneront même pas lieu à une commission d'enquête mais à une simple mission d'information parlementaire en 1998, dont les simples propositions seront d'assurer un meilleur contrôle parlementaire de l'exécutif qui resteront bien sûr lettre morte.

 

Lire aussi :
- Lafarge et le terrorisme : l’Assemblée nationale a fermé les yeux (Mediapart)
- Affaire Benalla : après le départ de son corapporteur, la commission d’enquête de l’Assemblée ne publiera pas de rapport (Le Monde)
- Affaire Benalla. La commission des lois de l'Assemblée nationale est "une parodie de démocratie" (Vidéos)
- Affaire Benalla. Une commission d'enquête bidon. Le co-rapporteur LR claque la porte (Vidéos)

Lors de la campagne présidentielle de 2016-2017, le journaliste David Pujadas a évoqué clairement la responsabilité de Sarkozy dans l'assassinat de Kadhafi sur France 2 dans l'Emission politique mais il a avalisé les motivations françaises pour faire la guerre en Libye en reprenant la fausse information sur "le massacre annoncé de Benghazi" permettant à Sarkozy de se lancer dans un envol lyrique en décalage complet avec les éléments de réalité que nous avons sur la Libye. Visiblement, il semble que la rédaction de France 2,  ou du moins Pujadas, ne semblait toujours pas être en mesure de lire les conclusions du rapport de la commission d'enquête parlementaire britannique (référence donnée ci-dessus).

Sur la même chaîne, un documentaire français sera diffusé en 2017 "Tuez Kadhafi" et revient (tout en épargnant les responsabilités françaises notamment du chef de guerre Sarkozy et de son gouvernement tout en chargeant les Etats-Unis) sur les fausses informations déployées par les médias et l'Etat français ainsi que la "communauté internationale" pour justifier la guerre en Libye.

Il semble que cette fausse information n'ait toujours pas pénétré la rédaction du JT de France 2. Le 16 avril 2018 à l'occasion de l'interview du leader des Républicains (LR, ex-UMP, ex-ex-RPR), face à Laurent Wauquiez qui s'oppose à l'intervention française en Syrie, semble-t-il défendue par la rédaction du JT de la chaîne, le présentateur du JT de 20h de France 2 lui demande pourquoi alors son groupe avec Sarkozy est intervenu en Libye dans la même situation :


"Vous parlez de frappes inutiles alors qu'en 2011, alors qu'en Libye vous disiez "Oui il faut intervenir les massacres ne peuvent pas rester impunis". Pourquoi ce revirement".  Le présentateur du JT semble donc faire un parallèle entre la prétendue attaque chimique de la Douma en Syrie en avril 2018 et le prétendu massacre de Benghazi tout en semblant considérer les massacres de Benghazi comme ayant eu lieu. Il les intègre dans le cadre de son discours comme relevant du réel. 

Ainsi, le présentateur se garde bien de dire qu'il s'agit d'une fausse information et la présente aux yeux de l'opinion publique française comme un fait avéré, ce qui va pousser son invité politique à dire n'importe quoi pour justifier la guerre monstrueuse de son mentor en Libye (Vidéo ci-dessous).

On voit déjà que le présentateur du JT de France 2 semble faire sienne les accusations d'attaques chimiques sur Douma alors que l'OIAC n'a pas encore rendu son jugement. Il ne semble pas y avoir de place ni au doute ni au questionnement mais aux accusations véhémentes relayant la version élyséenne du chef de guerre.

Ce à quoi lui répond tout de go Wauquiez, après avoir pris sa respiration, : "Vous me reconnaîtrez d'abord que la Syrie ce n'est pas la Libye."

Le présentateur l'interrompt "Des hommes et des femmes sont massacrés".

Le présentateur du JT semble à nouveau faire un parallèle entre la prétendue attaque chimique de la Douma et le prétendu massacre de Benghazi non avéré.


Wauquiez répond après avoir fait un hommage appuyé aux forces armées françaises :
" En Libye, l'objectif était d'abattre un régime qui avait sombré dans la barbarie et qui représentait une menace pour notre pays".

Donc, selon Wauquiez, la Libye de Kadhafi représentait une menace pour la France en 2011 et avait sombré dans la barbarie. Il semble que les informations sur lesquelles s'appuie le président LR soient tronquées et inexactes. En quoi, en février 2011, la Libye était une menace pour la France ? Et en quoi ce pays avait il sombré dans la barbarie ? N'est-ce pas depuis l'intervention franco-britannique qu'il a sombré dans l'esclavage et la barbarie, dans le "non Etat de droit", et la déliquescence où les milices djihadistes font régner la loi, dans un chaos indicible ? Comme les éléments de réalité que nous possédons n'ont pas été rétablis, du moins en France dans un certain nombre de médias du PAF, on peut donc dire tout et n'importe quoi pour justifier auprès de l'opinion publique des interventions militaires coloniales déguisées en "guerre humanitaire". De l'art d'ensemencer le virtuel pour dénier le réel ?

Lire aussi :
- Comment le "changement de régime" en Libye rappelle les mensonges de l'Occident en Syrie (Consortium News)

 

 

- 3. Propagande raciste de médias incitant au nettoyage ethnique

Cette guerre ne sera pas seulement lancée sur des fausses informations diffusées à l'opinion publique via les médias de masse, elle sera aussi associée à une propagande profondément raciste qui émanera d'un média qatari tombé sous l'escarcelle des frères musulmans proches des djihadistes qui officient sur le terrain avec le soutien de la France et de la Grande-Bretagne ainsi que des Etats-Unis (cf. le point 5. Le soutien français aux rebelles djihadistes libyens).

Ainsi la chaîne de télévision arabe d'Al Jazeera a soutenu l'Etat islamique (EI) et Al Qaïda/Al Nosra pendant des années. Les représentants de l'Etat islamique et d'Al Nosra étaient accueillis sur la chaîne avec des saluts : "Sois encore le bienvenu mon frère" et quand ceux-ci quittaient la chaîne "va avec Dieu". Le fondateur dirigeant de l'agence de presse de l'EI, Aamaq, Rayan Mishaal, était un invité régulier et quand il a été tué en Syrie la chaîne arabe Al Jazeera a présenté ses condoléances sur les ondes. Un programme entier a donné l'antenne et la parole à un présentateur arabe d'Al Jazeera soutenant ouvertement un génocide de la minorité religieuse Alawite en Syrie (d'où est issue la famille du Président) comme étant la meilleure solution pour résoudre les problèmes du peuple syrien.

 

Lors de la guerre de Nicolas Sarkozy et David Cameron en Libye appuyée par le terrible tandem Obama-Clinton, cette chaîne a lancé des appels à la haine contre les populations noires libyennes dont une partie a été massacrée par les rebelles djihadistes soutenus par la France et la Grande-Bretagne dans la plus grande indifférence internationale.

"La guerre de L'OTAN, des Etats français et britannique contre la Libye qui a débuté en 2011 fut le moment de ligne de rupture pour la chaîne arabe Al Jazeera quand elle a commencé une campagne de terreur raciste lancée par le journaliste étoile Hoda Abdel Hamid saturant les ondes hertziennes avec un discours de haine alléguant faussement que Kadhafi avait envoyé des mercenaires noirs, africains pour violer des milliers des femmes et des filles de Libyens dans une volonté de créer une vague de rapine et de mutilations s'étendant à travers le pays.

La crainte de prédateurs sexuels noirs, ravivant les tendances les plus arriérées et racistes envers des gens qui se sont retirés du nomadisme depuis une génération, a été réactivé par Hoda qui a su affoler la population arabe libyenne et soulever un demi-million de Libyens.

Les Arabes se sont enfuis de leurs maisons sous la protection supposée d' Al Qaïda et plus tard l'Etat islamique a contrôlé l'est de la Libye et la Cerenaïque. 

Ce discours de haine raciste était une complète fabrication et quand lorsqu'Hoda Abdel Hamid a été défié de prouver ce qu'il avait dit, il a complètement échoué à trouver des preuves de ce qu'il avançait.

Ce fut la même campagne qui fut utilisée par la Secrétaire D'État Hillary Clinton et l'ambassadrice de l'ONU Susan Rice alléguant que l'on donnait aux combattants de Kadhafi du viagra pour alimenter le viol et le pillage contre leur propre peuple, renforçant la conviction de la population en cette propagande et ces mensonges.

Les médias français pour une grande part, ont repris le même discours légitimant la guerre sarkozyste en Libye comme ce fut le cas pour les médias atlantistes lors de la guerre contre l'Irak, il s'agissait de chauffer les populations pour légitimer des guerres monstrueuses." Toutefois, on doit dire que nombre de médias français après avoir répandu ces fausses informations (viagra, viol, pillage) les ont rapidement démentis. Les légendes qui auront la vie dure seront celles des mercenaires noirs de Kadhafi venus d'Afrique sub-saharienne.

Visualiser également l'interview de Donatella Rovera (à 13'30'') dans le documentaire "Tuez Kadhafi" (voir ci-dessus) sur la propagande raciste diffusée par des médias atlantistes et du Golfe (Viols de masse, viagra, mercenaires noirs) : "Amnesty international, moi-même. mes collègues avons fait beaucoup d'effort pour enquêter sur ces allégations, nous n'avons jamais trouvé des preuves que ce phénomène a eu lieu".

Hugues Roberts, professeur à l'Université de Tufts aux USA déclare (vidéo ibid, 14'20'') que l'invention des mercenaires noirs étrangers visaient à montrer que Kadhafi n'avait pas de légitimité dans son pays alors que ce n'était pas vrai.

 

- 4. Une guerre votée au Parlement européen et sa poursuite au Parlement français par presque toute la classe politique française

 

Ce fut l'une des rares fois où les députés français purent se prononcer sur la guerre déclenchée par leur chef d'Etat. Enfin 4 mois après qu'elle ait été déclenchée, puisque les députés et les sénateurs ne voteront qu'en juillet 2011 soit bien après le vote au Parlement européen (27 mars 2011), le vote au conseil de sécurité de l'ONU (17 mars 2011) et les bombardements français qui ont débuté le 18 mars 2011. Une drôle de conception de la démocratie mais assez classique dans la Vème République où le pouvoir exécutif est tout puissant. Le seul contre-pouvoir ici est la nécessité d'un vote de l'Assemblée et du Sénat 3 mois après le début d'une guerre enclenchée par le chef de guerre. Le vote aura lieu en fait 4 mois plus tard.

Avec un tel battage médiatique, militaire, étatique et politique, inutile de dire que les Parlementaires ont voté massivement pour cette guerre humanitaire déjà en cours : l'UMP (parti présidentiel de Sarkozy à l'époque), les partis du Centre, le PS, les radicaux de gauche... Seuls le Parti communiste fidèle à l'internationale socialiste et quelques députés écologistes ainsi qu'un rare socialiste refuseront de voter cette guerre françafricaine et américafricaine sous la bannière de l'OTAN.

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Analyse du scrutin n° 786 - Deuxième séance du 12/07/2011

Scrutin public sur la déclaration du Gouvernement sur l’intervention des forces armées en Libye pour la mise en oeuvre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU.

Nombre de votants : 516

Nombre de suffrages exprimés : 509

Majorité absolue : 255

Pour l’adoption : 482

Contre : 27

L’Assemblée nationale a adopté.

Assemblee-nationale.fr

 

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Vote au Sénat français le 12.07.2011
 

Nombre de votants340
Nombre de suffrages exprimés335
Majorité absolue des suffrages exprimés168
Pour l'adoption311
Contre24

Le Sénat a autorisé.

Il est assez inquiétant de constater que les grands partis aient été abusés par la propagande déversée par le magistère intellectuel et politique. Ils semblent qu'ils étaient plutôt parti prenants comme l'a montré l'embarras de ces partis après coup. L'UMP étant le parti présidentiel, ils ont donc voté les yeux fermés à l'Assemblée nationale et au Sénat en juillet 2011 la poursuite de la guerre ainsi que la guerre au Parlement européen pour les députés européens de l'UMP en mars 2011. Le Parti socialiste a appelé également lui aussi à cette guerre "humanitaire" dès le mois de mars 2011 et ses députés européens l'ont voté fin mars 2011. En juillet 2011, Bernard Cazeneuve (PS) expliquait "qu’il fallait éviter d’envoyer «un signal à Kadhafi qu’il peut reprendre le chemin de Benghazi». Un exemple parmi d'autres est celui de Mélenchon qui avec les Socialistes a appelé à soutenir "la guerre humanitaire" en Libye en appelant avec les "trotkystes" du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) à soutenir la "révolution" en Libye. Lui aussi dès mars 2011, en tant que député européen a voté la guerre en Libye au Parlement européen. Se faisant de facto le rabatteur de l'idéologie impérialiste françafricaine et américafricaine liée au complexe militaro-industriel franco-étatsunien pour le compte de la gauche radicale et aux yeux de l'opinion publique.

Lire :
- Libération 21.03.2011 «Il faut briser le tyran pour l’empêcher de briser la révolution»

Emission du 28 mars 2011

Le souverainiste Mélenchon la soutiendra aveuglément au prétexte que le conseil de sécurité de l'ONU l'avait voté mais y sera opposé au moment où celle-ci passera sous commandement de l'OTAN. Son parti s'y montrera opposé à l'Assemblée nationale en juillet 2011.

Voici un article qui montre dans quel état d'esprit était l'ancien trotkyste et ancien socialiste qui faisait l'apologie de "la révolution libyenne" en mars 2011 et haranguait les foules pour soutenir l'intervention militaire française coloniale sarkoziste sous couvert de "guerre humanitaire". 

Jean-Luc Mélenchon et la guerre en Libye
Marxiste.org, 29 mars 2011

Jean-Luc Mélenchon a pris position en faveur de l’intervention militaire en Libye. Dans une interview publiée par Libération, le 21 mars, il affirme que si le Front de Gauche était au pouvoir, il aurait adopté la même démarche que Sarkozy : « Si le Front de gauche gouvernait le pays […] serions-nous intervenus directement ? Non. Nous serions allés demander à l’ONU un mandat. Exactement ce qui vient de se faire. Je peux appuyer une démarche quand l’intérêt de mon pays coïncide avec celui de la révolution. »

Jean-Luc Mélenchon répète les mensonges de l’ONU et des gouvernements impliqués dans les bombardements : « Kadhafi tire sur sa population. Au nom du devoir de protéger, l’ONU demande d’intervenir », affirme-t-il. Or la « protection des civils » n’est en réalité que le prétexte de cette guerre. Il permet de masquer ses véritables objectifs, à savoir la protection des intérêts des puissances impérialistes en Libye. Il faut expliquer cette vérité à la population et déchirer le voile d’hypocrisie et de mensonges qui la dissimule. Cette guerre ne vise pas à appuyer la révolution des exploités, mais à la contrecarrer et l’étouffer. C’est une guerre réactionnaire et impérialiste, de tous les points de vue. D’ailleurs, Mélenchon devrait nous expliquer comment il se fait que des réactionnaires notoires comme Sarkozy et Cameron veulent soutenir une révolution, de l’autre côté de la Méditerranée.

Dans une note publiée sur son blog, le 24 mars, Mélenchon rejette l’idée que cette intervention puisse être liée aux intérêts économiques et stratégiques des puissances impérialistes. Il cite un article de l’association « Mémoires de luttes » : « L’action armée en cours contre les cibles militaires libyennes ne vise pas à s’approprier le pétrole du pays, pour une raison bien simple : c’est déjà le cas ! Total (France), ENI (Italie), Repsol (Espagne), OMV (Autriche), Petro Canada (Canada), Wintershall (Allemagne) etc., exploitent déjà des gisements. » Ce serait risible si le sujet n’était pas aussi sérieux. Il ne vient pas à l’esprit de Mélenchon que les impérialistes puissent vouloir protéger leurs intérêts. Il n’a pas compris – ou fait semblant de ne pas comprendre – que les révolutions arabes, y compris la révolution libyenne, menacent les énormes intérêts des impérialistes dans cette région hautement stratégique. Pour eux, toutes ces révolutions sont autant de cauchemars. Ils feront ce qu’ils peuvent pour y mettre un terme et stabiliser des régimes dociles garantissant l’exploitation des travailleurs et des ressources naturelles de la région au profit des grandes multinationales américaines, françaises, britanniques, etc. Tel est leur objectif fondamental en Libye.

Selon Mélenchon, l’intervention militaire serait « conforme à l’intérêt de la France ». L’intérêt de quelle France ? Celle des capitalistes, des banquiers et des spéculateurs ? Ou celle des travailleurs ? Il n’y a pas vraiment d’intérêt national, puisque la « nation » est divisée en classes aux intérêts diamétralement opposés. L’approche de Mélenchon fait totalement abstraction de la lutte des classes et de leurs intérêts contradictoires.

Un peu plus loin, Mélenchon précise son idée : « la politique menée [par Sarkozy] est conforme à l’intérêt de la France : être lié avec le monde maghrébin. Il n’y a pas de futur possible pour la France si elle est opposée au sentiment majoritaire des populations au Maghreb. » On croit rêver. Sarkozy et sa clique ne cessent d’alimenter le racisme à l’égard des travailleurs d’origine maghrébine, en France. Sous couvert de « débat sur l’Islam », ils vont encore stigmatiser les jeunes et travailleurs arabes. Au Maghreb, l’impérialisme français a toujours soutenu, financé et armé les dictatures. Aujourd’hui même, Sarkozy soutient les régimes réactionnaires au Maroc et en Algérie. Il couvre d’un silence complice la répression, les arrestations et la torture qui frappent les militants de gauche, dans ces pays. Voilà comment Sarkozy et le capitalisme français sont « liés au monde maghrébin » !...

 

Après la guerre, Mélenchon déclarera s'être fait avoir par l'intervention de l'OTAN. Comme si l'ONU était beaucoup plus neutre.

Il maintiendra son soutien à la "révolution libyenne" qui aurait été gâché par l'intervention de l'OTAN.

 

 

5. Le soutien français aux rebelles djihadistes en Libye

 En 2011, l'Etat français va soutenir et entraîner des "rebelles" djihadistes islamistes pourtant condamnés par Kadhafi. Le régime de Kadhafi n'a jamais compris pourquoi l'Etat français qui l'accueillait à bras ouvert en 2007 à Paris, a décidé de l'attaquer en 2011 alors qu'il luttait contre le djihadisme terroriste en Libye et en Afrique du nord. Selon The Telegraph, Kadhafi avait averti dès le 25 février 2011, de la menace djihadiste en Libye. L'enregistrement de conversations téléphoniques révèle que le colonel Muammar Kadhafi avait lancé un avertissement 'prophétique' à Tony Blair où il déclarait que les djihadistes attaqueraient l'Europe si son régime devait s'effondrer.


"Je tiens à vous dire la vérité. Cette situation n'est pas aussi compliquée qu'on le pense, en fait, tout est très simple: il y a des cellules dormantes de l'organisation terroriste Al-Qaïda en Afrique du Nord. Ces cellules dormantes en Libye ressemblent à celles basées aux États-Unis à la veille du 11 septembre", a indiqué Mouammar Kadhafi.

"Ils (les djihadistes) ont mis la main sur des armes et ils terrorisent les gens qui par conséquent restent cloîtrés chez eux. Nous avons demandé à tous les journalistes du monde de venir voir la vérité. Ce sont des bandes armées. Il est impossible de négocier avec eux. Ils veulent contrôler la Méditerranée et puis ils attaqueront l'Europe", a-t-il ajouté.


La prédiction sinistre de Kadhafi a été faite dans deux appels téléphoniques désespérés avec Blair le 25 février 2011. Kadhafi avait également prévenu que les djihadistes d'Al Qaïda sévissaient en Libye et que le risque était grand, en cas de destruction de l'Etat libyen de l'essor du terrorisme dans la région et de l'arrivée massive de migrants en Europe.

 

Observez comment Euronews traite l'information sur ce sujet :

Les faits lui donneront raison mais le soutien français, britannique et étatsunien avec le Qatar envers les rebelles djihadistes dont bon nombre se revendiquaient d'Al Qaida ne cessera de se renforcer durant la campagne franco-étatsuno-otanesque contre l'Etat Kadhafi.

Ainsi le Groupe islamique combattant libyen (GICL), dont Abdelhakim Belhadj deviendra l’émir, nourrit une proximité certaine avec Oussama Ben Laden, chef d’Al-Qaïda. Les deux hommes se croisent plusieurs fois en Afghanistan à partir de 1989. Lors d’une réunion à Kandahar en 2000, Belhadj –  connu sous le nom d’Abou Abdallah al-Sadek – aurait décliné l’offre du Saoudien de rejoindre un combat déterritorialisé contre l’Occident, pour se concentrer sur son but : faire chuter Kadhafi. Dès lors il deviendra l'allié des Occidentaux pour faire tomber Kadhafi lors de la "révolution libyenne" menée par l'OTAN contre Kadhafi. Entre temps, il aura été arrêté par la CIA puis livré à Kadhafi avant d'être relâché pour servir d'agents libyens pour lutter contre les islamistes mais il fera défection durant la guerre libyenne pour se ranger à nouveau du côté des "rebelles" djihadistes.
(JAI Libye : Abdelhakim Belhadj, du jihad au business).

Selon Mondafrique, « Le PC opérationnel de la rébellion libyenne était installé dans l’ile de Djerba et le Qatar a usé alors de cette duplicité qui lui sert de ligne politique, pour imposer Abdelhakim Belhadj comme chef du soulèvement anti Kadhafi », c’est ce que soutient Mohamad Jibri dans ses confidences au Hayat. L’ancien Premier ministre précise : « Le Qatar a bien aidé le soulèvement anti Kadhafi, mais la principauté menait une politique de deux fers au feu. Le premier était une alliance sous le drapeau de l’Otan, l’autre était le soutien au courant de l’islam politique. C’est ce dernier qui, non dit,  avait ses faveurs et constituait son allié privilégié».

Le Qatar misait sur Belhadj tout comme la France pour mener la rebellion à côté du soutien français au Conseil National de Transition libyen (que la France fut la première à reconnaître). En somme les djihadistes ont été instrumentalisés par les puissances occidentales en synergie avec le Qatar pour défaire Kadhafi mais aussi affaiblir le CNT :  « Al Qaida, les takfiristes, les djihadistes ont été instrumentalisés par certains cercles occidentaux dans le but de les canaliser et de les diriger vers des lieux précis, non pour affronter l’Otan ou les force de Kadhafi, mais pour les contenir. Le courant islamiste devrait veiller à éviter de servir de prétexte à une intervention militaire étrangère, les djihadistes devaient être invisibles, cela pour la crédibilité de la « libération » telle que conçue par l’Occident». (Mondafrique Libye, des révélations sur Sarkozy de l’ ancien numéro un du CNT).

Ce djihadisme fut soutenu par l'OTAN, le Qatar et la France au point d'en faire une figure centrale de la "révolution" libyenne avec ses troupes de rebelles djihadistes : " ce djihadiste est le nouveau meilleur allié des généraux de l'Otan. C'est eux qui l'ont désigné comme commandant en faisant de lui leur principal interlocuteur lorsqu'il s'est agi de mettre sur pied l'opération Aube de la sirène (nom de code de la prise de Tripoli). Eux encore qui l'ont officiellement adoubé lors d'une réunion organisée au Qatar, le 29 août, pour faire le point sur la suite de l'intervention. À Doha, Belhadj a même rencontré le chef d'état-major de Nicolas Sarkozy, le général Benoît Puga, qui est tombé complètement sous le charme et assure que l'homme n'a rien à voir avec les accusations portées contre lui." (Le Point Libye : Abdel Hakim Belhadj, le commandant aux deux visages.  Le Point.fr a suivi dans son quartier général le nouvel homme fort de Tripoli, suspecté d'avoir appartenu à al-Qaida, mais adoubé par l'Otan).


Le journaliste Jean-Marie Bourget signalera la collusion entre le leader djihadiste Belhadj et le magistère médiatico-politique parisien dans un article de Mondafrique intitulé : « Le jihadiste libyen Belhadj tombe dans une embuscade à Paris ». Lors de sa visite à Paris, le 30 avril 2014, dans une conférence de presse avec une journaliste du Monde, Isabelle Mantraud, deux hommes ont dénoncé les actions de Belhadj en Libye : " « Cet homme que vous avez devant vous est un criminel contre l’humanité, un bourreau tortionnaire qui à régné sur un abattoir humain installé dans un hôtel désaffecté lors de la chute de Kadhafi. Assassin ! Assassin ! Criminel ! ».  Ils ont été arrêtés par la police et la conférence a pu se poursuivre. Certains se sont étonnés de la collusion entre la journaliste du Monde avec le djihadiste anti Kadhafi. (cf la conférence de presse en vidéo ci-dessous).

Tunisie Secret s'étonne de la position du Monde sur cette affaire : "isabelle Mandraud, journaliste au Monde ou chargée de la communication d’Abdelhakim Belhadj ?"

 

 Selon le chercheur Pierre Berthelot à l'Institut de Prospective et de Sécurité, la France et d’autres membres de l’OTAN intervenus en Libye en 2011, ont soutenu d’anciens combattants d’Al-Qaïda : «Abdelhakim Belhadj, devenu par la suite gouverneur militaire de Tripoli, était le chef de la filiale libyenne de l’entité Al-Qaïda d’Oussama Ben Laden», a-t-il déclaré.

Le chercheur Berthelot rappelle que la France a utilisé contre Kadhafi d'anciens combattants d'Al Qaïda (à 1'30'' sur la vidéo)

Selon Max Blumenthal dans un article sur Alternet : "le président français Nicolas Sarkozy, sujet de l’influence politique qatari a exhorté ses alliés occidentaux à « demander à nos amis arabes » de distribuer des armes au Conseil national de transition, l’organe officiel de l’opposition libyenne. Quand une livraison française de missiles et de mitrailleuses est arrivée au port de Benghazi, le ministre de la Défense intérimaire du CNT les a remis à Belhaj et au GICL. Au fur et à mesure que l’insurrection se développait, Belhaj a trouvé un allié puissant en la personne de John McCain, le président républicain du Comité des relations extérieures du Sénat. Après un rendez-vous amical avec Belhaj et ses miliciens à Benghazi le 22 avril 2011, McCain a appelé les « nations responsables » à fournir aux rebelles libyens « renseignements, formation et armes ». McCain émergea de la réunion rempli d’inspiration. « J’ai rencontré des combattants courageux, et ils ne sont pas al-Qaida », déclara le sénateur. « Au contraire : ce sont des patriotes libyens qui veulent libérer leur nation. Nous devons les aider, »." (Alternet Comment les États-Unis, (la France) et le Royaume-Uni, en Libye et en Syrie, ont aidé les djihadistes comme Salem Abedi. L’attentat de Manchester est le résultat des interventions désastreuses de l’Occident)


Selon Consortium News, la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis ont effectivement détruit la Libye en tant qu’Etat moderne. Selon ses propres enregistrements, l’OTAN a lancé 9 700 « frappes » dont plus d’un tiers ont touché des cibles civiles. Elles comprenaient des bombes à fragmentation et des missiles à ogives contenant de l’uranium. Les villes de Misurata et de Syrte ont tapissées de bombes. L’Unicef, l’organisation de l’ONU qui s’occupe des enfants, a déclaré qu’une forte proportion des enfants tués « avait moins de dix ans ».

L'action occidentale de soutien envers les djihadistes ne s'est pas arrêté à la Libye. Selon Salon, peu de temps après le renversement de Kadhafi, des djihadistes soutenus par la France, les Etats-Unis ont aidé la C.I.A. à convoyer des armes à feu de Benghazi en Syrie. En 2012, les services de renseignement de la Défense (DIA) ont déclassifié un rapport, à la suite des pressions exercées par Judicial Watch dans le cadre d'une procédure de Freedom Information Act. Le document datant d'août 2012 décrit comment les États-Unis ont fini par se retrouver du côté d'Al-Quaïda en Syrie comme ils l'ont fait en Irak avec les prédécesseurs de l'Etat islamique. "Al-Quaïda en Irak a soutenu l'opposition syrienne depuis le début," expliquait le rapport. En attendant, "les pays occidentaux, les États du Golfe et la Turquie soutenaient" les efforts rebelles contre le régime Assad dans une guerre par procuration, combattant ainsi du même côté que les terroristes envahissant maintenant l'Irak et la Syrie.

Certains en ont conclu que cela signifie que "l'Occident a intentionnellement parrainé des groupes Islamistes violents pour déstabiliser Assad." La DIA a fourni une description détaillée de la manière dont les armes ont été expédiées de Benghazi en Syrie, pour alimenter des groupes rebelles terroristes. Ce rapport explique que "les armes des anciennes réserves des militaires de Libye situées dans Benghazi en Libye, ont été expédiées du port de Benghazi aux ports de Banias et d'Islam Borj en Syrie.". (Salon Quand un rapport de la DIA révélait comment des terroristes d'Al-Quaïda en Libye aidaient la CIA à envoyer des armes pour les "rebelles" syriens en 2012).

 

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A noter que des terroristes occidentaux formés avec les djihadistes en Libye ont fait des attentats en France et en Grande-Bretagne
De fait, après l'effondrement de l'Etat libyen sous Kadhafi, les djihadistes vont pulluler en Libye mais aussi en Tunisie. Selon Mondafrique, la Libye est à présent le territoire où se retrouve les djihadistes occidentaux : "De nombreux Français s’y trouvent ou y passent après avoir combattu en Irak et en Syrie et avant de rentrer à la maison." : "Vingt-cinq Français séjournaient dans deux anciennes casernes de la sécurité intérieure situées dans la petite ville côtière de Zliten, entre Misrata et Tripoli. Ces deux casernes ont un temps servi de base de repli aux combattants islamistes chassés de Benghazi par l’offensive militaire du général Haftar au printemps 2014.
- Une dizaine de Français se trouvaient dans une caserne d’Ansar al Charia située à proximité de l’aéroport de Syrte, la ville natale du colonel Kadhafi. Comme la plupart des occupants de cette caserne, ces jeunes provenaient de Syrie où ils ont combattu les troupes de Bachar el-Assad.
- En août 2014, après que les islamistes aient repris la capitale Tripoli aux hommes de la milice de Zentan, un camp d’entraînement situé à Mitiga, dans la banlieue de Tripoli, abritait pas moins de 200 djihadistes de nationalité française. Un record d’affluence tricolore…
- At last but not least, dans un hameau situé à une trentaine de kilomètres de la frontière nord avec la Tunisie, se trouve un camp où des djihadistes viennent s’entraîner pour ensuite rejoindre Daech en Irak et en Syrie. La spécificité de ce camp ? Cinq formateurs sont Français. Et aguerris puisqu’ils ont combattu deux ans en Syrie."

Les frères Kouachi, auteurs des tristes attentats contre Charlie Hebdo et l'hypercacher en janvier 2015 sont passés par la Libye pour une formation auprès des milieux djihadistes. D'après Mondafrique : "Selon des sources du renseignement libyen, l’un des frères Kouachi aurait séjourné un mois en Libye au courant de l’année 2013. Il se serait entrainé dans un camp djihadiste situé à une trentaine de kilomètres de la frontière avec la Tunisie."

De même pour le terroriste Salim Abedi à l'origine d'un attentat suicide à la bombe à Manchester qui a tué 22 personnes, durant le concert d'Ariana Grande, le 22 mai 2017. Ce fils d’immigrants anti-Kadhafi au Royaume-Uni, a grandi dans la communauté d’exilés libyens de Manchester. Un rapport du London Telegraph indique que quelques semaines avant son attaque, il avait voyagé en Libye où les milices salafistes et djihadistes se disputent le contrôle du pays déstabilisé. Abedi aurait également voyagé en Syrie pour rejoindre les rebelles extrémistes qui mènent une insurrection depuis six ans contre le gouvernement du pays, avec des milliards de dollars d’aide des alliés occidentaux et du Golfe. Selon le ministre français de l’Intérieur Gerard Collomb, c’est dans ces zones de conflit qu’Abedi s’est radicalisé. Le garçon impressionnable de 22 ans est retourné au Royaume-Uni avec suffisamment de formation pour fabriquer une bombe assez sophistiquée qui a massacré 22 spectateurs, dont beaucoup d’enfants. « Il semble probable – possible - qu’il n’ait pas agi seul », a déclaré à la BBC la ministre de l’intérieur britannique, Amber Rudd. Elle a décrit la bombe comme « plus sophistiquée que certaines que nous avons vues auparavant ». Selon le Telegraph, « Un groupe de dissidents de Kadhafi, membres du Groupe Islamique Combattant en Libye interdit (GICL), habitaient près d’Abedi à Whalley Range ». Parmi eux on trouve Abd al-Baset Azzouz, un expert en bombes qui contrôle une milice affiliée à Al-Qaeda dans l’est de la Libye.

Selon Mark Curtis.infodes preuves suggèrent que l'attentat à la bombe de Manchester, qui a tué 22 personnes innocentes le 22 mai, est un cas de retour de flammes (blowback) des actions manifestes et secrètes du gouvernement britannique sur des citoyens britanniques. Pour résumer, les preuves montrent qu'il y a six aspects d'interconnexion évoquant un retour de flammes de la politique britannique :
" 1. Salman Abedi et son père étaient les membres d'un groupe dissident libyen - le groupe de combat islamique libyen (LIFG) - secrètement soutenu par le Royaume-Uni pour assassiner Kadhafi en 1996. A cette époque, le LIFG était une filiale d'al Qaïda d'Oussama ben Laden et des leaders du LIFG avaient des connexions diverses avec ce réseau terroriste.
2. Les membres du LIFG ont été aidés par 'les services de sécurité' britanniques pour voyager en Libye pour se battre contre Kadhafi en 2011. Tant Salman Abedi que son père, Ramadan, étaient parmi ceux qui ont voyagé pour se battre à ce moment (bien que rien ne prouve que leur voyage ait été personnellement facilité ou encouragé par les services de sécurité).
3. Un grand nombre de combattants du LIFG en Libye en 2011 se sont battus auparavant au côté de l'État Islamique d'Irak - l'entité d'al Qaïda qui a plus tard établi une présence en Syrie et est devenue l'État Islamique d'Irak et de Syrie (EIIS). Ces combattants étaient parmi ceux recrutés dans la rébellion anti-Kadhafi soutenus par les Britanniques.
4. L'action secrète britannique en Libye en 2011 a inclus l'approbation et le soutien envers l'armement des forces d'opposition par le Qatar, qui a inclus le soutien de groupes islamistes extrémistes ; un djihadisme alimenté en Libye.
5. Un des groupes armés/soutenu par le Qatar en 2011 était la Brigade des Martyrs du 17 février qui, selon certains rapports, était l'organisation que Ramadan Abedi a joint en 2011 pour se battre contre Kadhafi.
6.
L'approvisionnement en armes du Qatar envers les Islamistes de Libye en 2011 est également allée aux Islamistes en Syrie, y compris des groupes affiliés à al Qaïda et l'Etat islamique..." ( Markcurtis.info The Manchester Bombing: Blowback from British state collusion with jihadists abroad ).


John Pilger dans Consortium News ajoute : "L’auteur putatif de l’attentat-suicide à la bombe, Salman Abedi, faisait partie d’un groupe extrémiste, le Groupe islamique combattant libyen, qui s’est développé à Manchester et fut préparé et utilisé pendant plus de vingt ans par le MI5. Le GICL est interdit en Grande-Bretagne en tant qu’organisation terroriste, dont le but est l’instauration « d’un État islamique rigoriste » en Libye et « fait partie de la mouvance islamique extrémiste globale, telle qu’elle est inspirée par al-Qaïda ». La preuve éclatante de leur utilisation est que lorsque le Premier ministre Theresa May était secrétaire d’État à l’Intérieur [ministre chargé de la politique intérieure, de l’immigration et de la citoyenneté, NdT], les djihadistes du GICL furent autorisés à voyager sans contrainte en Europe et encouragés à se joindre au « combat »: dans un premier temps pour renverser le colonel Khadhafi en Libye, puis pour rejoindre les groupes affiliés à al-Qaïda en Syrie. L’année dernière, le FBI aurait placé Abedi sur une « liste de surveillance de terroristes » et aurait averti le MI5 que son groupe cherchait une « cible politique » en Grande-Bretagne. Pourquoi n’a-t-il pas été appréhendé et son réseau empêché de planifier et d’exécuter les événements atroces du 22 mai ?(Consortium News Le lien entre la Lybie et la tragédie de Manchester).

 

- Les services de sécurité britanniques connaissaient les liens du kamikaze de Manchester avec l’État islamique (WSWS)

Prochain épisode :

- Histoires françafricaines (7) : Comment l'Etat français sous Sarkozy a détruit le régime de Kadhafi et la Libye en 2011 [Partie 3]

  • Crimes de guerre et crimes contre l'humanité perpétués ou/et soutenus par l'Etat français en Libye sous Sarkozy
  • Assasinat de Kadhafi : une mort de style colonial
  • Les profits de Total en Libye après la guerre contre Kadhafi

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