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Les États-Unis protègent Al-Qaïda en Syrie, c'est prouvé (The Saker)

par Eric Zuesse 15 Septembre 2018, 07:09 Idlib Al-Quaïda Collaboration Syrie Turquie USA Impérialisme Russie Crise Assad Erdogan Trump Obama Poutine Articles de Sam La Touch

Les États-Unis protègent Al-Qaïda en Syrie, c'est prouvé
Article originel : U.S. Protects Al Qaeda in Syria, Proven
Par Eric Zuesse*
The Saker

Al Nosra (c) Rami Al Sayed AFP

Al Nosra (c) Rami Al Sayed AFP

Il y a beaucoup de preuves que le gouvernement étatsunien protège Al-Qaïda en Syrie. À l'heure actuelle, les États-Unis protègent le principal centre d'al-Qaïda dans le monde, soit la province d'Idlib en Syrie. Cette protection s'inscrit dans une perspective plus large, et non dans un phénomène isolé.

Par exemple : la principale différence entre l'administration Obama aux Etats-Unis et l'administration Poutine en Russie, en ce qui concerne l'instauration d'un cessez-le-feu dans la guerre syrienne, est qu'Obama a refusé qu'Al-Qaïda en Syrie soit bombardé pendant le cessez-le-feu proposé, mais Poutine a insisté pour que Al-Qaïda en Syrie et l'Etat islamique (EI) en Syrie continuent à l'être pendant le cessez-le-feu. Obama protégeait Al-Qaïda en Syrie, mais Poutine a insisté pour bombarder Al-Qaïda et pas seulement l'EI pendant un cessez-le-feu. (Voir la preuve à ce lien, et vous comprendrez aussi pourquoi Obama protégeait Al-Qaïda en Syrie).

À l'heure actuelle, le gouvernement étatsunien et certains de ses alliés menacent d'aller en guerre contre la Russie si celle-ci bombarde la plus forte concentration de terroristes d'al-Qaïda au monde. Ces terroristes se trouvent dans la seule province de Syrie qui a toujours préféré Al-Qaïda et l'EI au président laïque du gouvernement syrien, Bachar al-Assad. Il s'agit de la province d'Idlib, qui est maintenant le centre d'al-Qaïda, comme l'Afghanistan l'était avant le 11 septembre (et pour laquelle les États-Unis ont bombardé l'Afghanistan juste après le 11 septembre).

Un discours du 30 juillet 2017 l'indique clairement. Le discours n'a pas été prononcé par un opposant ou un critique du gouvernement étatsunien, mais par un haut fonctionnaire du gouvernement étatsunien qui parle au nom du président des États-Unis sur la Syrie et qui l'a fait non seulement sous Trump, mais sous Obama. Il s'agit de Brett McGurk, l'envoyé spécial du président Trump pour la Coalition mondiale contre l'EI au département d'État des États-Unis, qui est néoconservateur et violemment anti-Assad, anti-iranien et pro-saoudien et pro-israélien. Il a reconnu publiquement que " la province d'Idlib est le plus grand refuge sûr d'al-Qaïda depuis le 11 septembre, lié directement à Ayman al-Zawahiri... Les dirigeants d'Al-Qaïda qui se rendent dans la province d'Idlib n'en sortent pas souvent."

Il reconnaît qu'Idlib est comme l'Afghanistan d'avant le 11 septembre 2001. McGurk, qui soutient constamment l'Arabie saoudite sunnite contre l'Iran chiite, blâme l'Iran chiite pour Al-Qaïda et pour tout ce que fait Al-Qaïda. Il donne comme raison pour blâmer l'Iran, l'Iran n'ayant pas été suffisamment hostile envers les membres d'Al-Qaïda. (On peut dire la même chose de toute nation à majorité musulmane, mais surtout de l'Arabie saoudite et des autres nations sunnites-musulmanes, surtout parce qu'al-Qaïda est lui-même une organisation intensément sunnite et absolument pas chiite).

De même, l'érudit néoconservateur Kyle Orton a écrit le 21 juillet 2017 (quelques jours à peine avant l'intervention du responsable étatsunien McGurk) qu'Al-Qaïda menace d'appliquer le terrorisme contre l'Iran si l'Iran va trop loin contre Al-Qaïda, et pourtant Orton a également déclaré que l'Iran est responsable de ce que fait Al-Qaïda.

En d'autres termes : L'Iran a peur d'al-Qaïda, et pourtant (selon Orton et le gouvernement étatsunien, y compris McGurk) l'Iran est responsable d'al-Qaïda - c'est en fait le point de vue officiel des États-Unis, aussi fou que cela puisse paraître (et on ne peut le comprendre que si l'on comprend le tableau général).

Le fait qu'al-Qaïda soit une opération totalement sunnite et qu'al-Qaïda croit que tous les chiites devraient être tués est tout simplement ignoré par les autorités étatsuniennes. Le 11 septembre est plutôt mis sur le dos des chiites, bien que ses auteurs (autres que Bush, Cheney et leurs amis) étaient presque entièrement des Saoudiens fondamentalistes et sunnites, et aucun n'était chiite, de quelque origine que ce soit.

Orton cite les administrations Obama-Trump de McGurk, qui soutient son point de vue selon lequel l'Iran doit être conquis et que, comme le disent l'administration Trump et l'administration Obama, "l'Iran est le premier État parrain du terrorisme dans le monde aujourd'hui". Pas l'Arabie Saoudite, mais l'Iran (que la famille Saoud a juré de détruire). Le gouvernement étatsunien blâme l'Iran, quelles que soient les preuves, et le blâme pour tout ce qui va mal au Moyen-Orient et en provenance du Moyen-Orient. Le gouvernement étatsunien le sait bien, mais il ment.

Poutine, Erdogan et Rouhani se sont rencontrés à Téhéran le 7 septembre pour discuter de la menace de Trump (de la condamnation soutenue non seulement par les alliés de Trump mais aussi par les agences "humanitaires" de l'ONU), la menace de l'administration Trump de faire la guerre à la Russie pour des raisons "humanitaires" si la Russie assiste Assad dans ses efforts pour exterminer les jihadistes de Idlib. La Russie ne voulait pas de la troisième guerre mondiale, et c'est ainsi que cette réunion à Téhéran a eu lieu. Le magazine TIME titrait le 7 septembre, "Les présidents de Russie, de Turquie et d'Iran se rencontrent pour tracer l'avenir de la Syrie avant la bataille pour le dernier bastion rebelle" et rapportait que "le président turc Recep Tayyip Erdogan a demandé un cessez-le-feu et la fin des frappes aériennes dans la province nord-ouest d'Idlib, ce que le président russe Vladimir Putin et le président iranien Hassan Rouhani n'ont pas immédiatement accepté".

Aucune annonce publique n'a été faite de ce qui avait été convenu à la conférence. Le 9 septembre, le Wall Street Journal a rapporté que "le président syrien Bachar al-Assad a approuvé l'utilisation du chlore gazeux dans une offensive contre le dernier bastion rebelle majeur du pays", ont déclaré des responsables étatsuniens. Ainsi, l'administration Trump poursuivait son opération planifiée sous faux drapeaux pour que ses terroristes à Idlib déclenchent une attaque d'armes chimiques à Idlib pour en blâmer Assad comme prétexte pour les Etats-Unis et leurs alliés de lancer la troisième guerre mondiale contre la Syrie, l'Iran et la Russie afin "de protéger les civils" à Idlib.

Le 10 septembre, j'ai titré "Prélude à la troisième guerre mondiale" et argumenté pourquoi, "A moins que la Syrie ne cède simplement sa province la plus pro-djihadiste, Idlib, à la Turquie voisine, qui prétend y avoir 30 000 soldats et prévoit d'en ajouter 20 000, la troisième guerre mondiale va probablement arriver bientôt". C'est ce que j'ai soutenu :

La façon d'éviter que le plan n'aboutisse à ce résultat serait la suivante :

Assad et Poutine annonceront tous deux qu'en raison des plaintes déposées par les États-Unis, la Syrie abandonnera la province d'Idlib et construira à la frontière entre elle et les zones limitrophes de la Syrie une zone démilitarisée, de sorte que non seulement les habitants d'Idlib seront à l'abri de toute attaque de la Syrie et de ses alliés (comme les États-Unis et leurs alliés l'ont exigé), mais aussi les Syriens - dans toutes les autres provinces du pays - seront en sécurité contre toute attaque continue des Djihadistes qui ont concentré leur activité à Idlib.

De cette façon, le président turc Erdogan peut en toute sécurité garder ses 50 000 soldats à Idlib s'il le souhaite ; le président étatsunien Trump peut revendiquer la victoire en Syrie et enfin réaliser sa longue promesse de mettre fin à l'occupation étatsunienne (la plupart des régions contrôlées par le djihadisme) de la Syrie qu'ils ont occupé, et on peut éviter ou, au moins, reporter la troisième guerre mondiale, peut-être même pour éviter que les habitants actuels de l'Irak se fassent dépecés par cette dernière et ses conséquences.

Également le 10 septembre, Erdogan a fait la une d'un article d'opinion du WSJ, "The World Must Stop Assad : If the Syrian regime attacks Idlib, the result will be a humanitarian and geopolitical disaster" ("Le monde doit arrêter Assad : Si le régime syrien attaque Idlib, le résultat sera un désastre humanitaire et géopolitique"). Il a argumenté selon le point de vue de Trump. Erdogan avait maintenant 50 000 soldats turcs à Idlib. Pourtant, la Russie avait déjà commencé une campagne de bombardement très limitée à Idlib. Mais les troupes turques n'étaient pas touchées. Les djihadistes frappés n'étaient pas non plus ceux qui attendaient que leur camp soit bombardé et qui avaient mis en place les armes chimiques nécessaires pour partir là-bas et ainsi servir d'excuse à Trump pour que la troisième guerre mondiale commence en Syrie.

C'était plusieurs jours après la réunion du 7 septembre, et pourtant le plan de Trump pour la troisième guerre mondiale ne pouvait toujours pas être exercé ; le prétexte pour cela n'était toujours pas présent. Pour une raison quelconque, un cessez-le-feu limité semble s'être produit à Idlib.

De toute évidence, Erdogan avait persuadé Poutine (s'il avait vraiment besoin d'être persuadé - étant donné la menace de Trump, Poutine lui-même aurait pu proposer ce plan) que la Turquie allait assumer la responsabilité d'Idlib. Les bombardements mineurs de la Russie à Idlib n'étaient que de l'affichage, pour ne pas révéler publiquement que la proposition d'Erdogan (si elle venait de lui, au lieu de Poutine) avait gagné à la réunion du 7 septembre. Si ce plan avait d'abord été publiquement adopté par Poutine, la partie étatsunienne l'aurait sans doute condamné ; mais, venant de Turquie, membre de l'OTAN, la partie étatsunienne aurait pu présenter la mise en œuvre de la "position de la Turquie" comme étant "une victoire pour l'Occident".

Mais quel a été l'accord du 7 septembre qui a été conclu à Téhéran, vraiment ? Quel était le plan que Poutine, Rouhani et Erdogan ont accepté ?

De toute évidence, Assad s'y opposait, du moins en public. Mon argument selon lequel cela l'aiderait, lui et la Syrie, n'était pas du tout partagé publiquement par lui. Quel que soit le plan de Téhéran, avec 50 000 soldats turcs actuellement à Idlib, la Syrie pourrait bien devoir céder Idlib (le centre djihadiste le plus puissant du monde) à la Turquie.

Le 11 septembre, Peter Korzun, de la Strategic Culture Foundation (qui favorise la Russie et ses alliés, y compris la Syrie), a déclaré ce qui suit :

La Syrie a besoin d'Idlib - le dernier bastion des djihadistes et le chemin le plus court de Lattaquié à Alep. L'autoroute internationale M5 traverse Idlib, reliant la Turquie et la Jordanie par Alep et Damas. Le contrôle de la province faciliterait grandement les négociations avec les Kurdes et renforcerait la position de la Syrie lors des pourparlers de Genève sous l'égide de l'ONU. Si le processus de négociation aboutit, les seuls territoires encore à libérer seraient la zone contrôlée par les Etats-Unis, comme la base militaire d'al-Tanf et ses environs, les parties nord du pays sous contrôle turc, et de petites parcelles de terre encore détenues par l'Etat islamique (EI).

Le même jour, SyriaNews.cc (un autre site pro-syrien) s'est venimeusement déversé contre Erdogan pour ses déclarations. En faisant le lien avec cela, ce commentateur a déclaré :

"s'opposant à une opération majeure là-bas parce qu'elle provoquerait probablement un exode massif de réfugiés de l'autre côté de la frontière, avec des extrémistes qui pourraient se faufiler en douce avec des réfugiés."

C'est doublement dommage de vous faire mourir de rire....à moins que cela ne soit de larmes.

Des soucis pour les réfugiés ?!! Erdogan vole leurs organes. Les camps de réfugiés en Turquie sont devenus des centres de récolte pour elle."

En effet, l'alliance étatsunienne fait maintenant référence non seulement à Al-Qaïda dans Idlib, mais aussi à l'EI dans Idlib comme étant des " rebelles " et des " réfugiés ", et Erdogan fait de même. C'est la propagande du côté étatsunien. Le commentateur de SyriaNews a eu raison d'en être consterné. Erdogan et le côté étatsunien y sont représentés avec précision. Mais cela ne signifie pas nécessairement que la Russie et ses alliés (en particulier la Syrie) ne peuvent pas gagner avec cette stratégie qui est condamnée par Assad, par la Strategic Culture Foundation et par Syria News. Si cette stratégie s'avère être celle que j'ai proposée le 10 septembre, je pense qu'ils vont gagner avec elle. Certes, que la Syrie de perdre Idlib serait horrible pour la Syrie et pour Assad (qui a toujours été détesté par ses habitants, qui le voient comme un chiite ou un athée).

Et Erdogan est dans les deux camps - étatsunien et russe - et joue l'un contre l'autre, pour ce qu'il veut. Mais il pourrait s'avérer être le plus grand perdant de "son" succès ici.

S'il extermine les djihadistes d'Idlib, la partie étatsunienne le condamnera pour cela. Mais s'il libère plutôt ces djihadistes pour qu'ils retournent dans leur pays d'origine, alors les deux parties le condamneront pour avoir agi ainsi.

Le plus grand "gagnant" apparent de tout cela, Erdogan, pourrait donc s'avérer être le plus grand perdant. Et le plus grand "perdant" apparent, Assad, pourrait s'avérer être le plus grand gagnant.

 


MISE À JOUR : Le vendredi 14 septembre, le journal turc Yeni Safak a mis en exergue "Les habitants d'Idlib fuient vers les zones contrôlées par les Turcs pour leur sécurité", et a rapporté que "Les habitants d'Idlib en Syrie ont commencé à fuir par crainte d'une offensive du régime Assad et que ses alliés prennent la province". Ils titraient également "La Turquie déploie davantage de véhicules blindés à la frontière syrienne" et rapportaient que "davantage de renforts militaires, y compris des chars d'assaut, selon des informations provenant du sol, sont arrivés à la frontière syrienne dans la province de Hatay au sud de la Turquie". Ces rapports sont cohérents avec le fait que le plan prévoit que la Turquie sépare les djihadistes actifs à Idlib de la Russie et de la Syrie pour les massacrer. Un autre titre de Reuters, "Turkey's Erdoğan, Russia's Poutine to meet in Sochi on Monday" ("La Turquie d'Erdoğan, la Russie de Poutine se réuniront à Sotchi lundi"), et ceci suggère qu'il y a une coordination extrêmement étroite entre Poutine et Erdogan sur le plan à mesure qu'il progresse. Les services de renseignements russes savent où se trouvent les armes chimiques d'Al-Qaïda et des États-Unis. L'objectif est probablement de tuer tous les autres djihadistes d'abord, puis de laisser jusqu'à la fin le meurtre de ceux qui dirigent Al-Qaïda et l'événement du faux drapeau étatsunien. Idlib restera en Syrie. Erdogan n'en veut pas.

* L'historien d'investigation Eric Zuesse est l'auteur, plus récemment, de They're Not Even Close: The Democratic vs. Republican Economic Records, 1910-2010, et de CHRIST'S VENTRILOQUISTS: The Event that Created Christianity. (Les ventriloques du Christ : L'événement qui a créé le christianisme).

Traduction SLT avec DeepL.com

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