François Hollande, l’anti-VRP de l’industrie militaire française
Sputniknews
Note de SLT : la titraille est de la rédaction.
Le Premier ministre indien va-t-il devoir démissionner et le contrat des Rafale, signé avec New-Dehli, annulé suite à une interview de François Hollande à Mediapart ? En voulant défendre Julie Gayet, dont un film a été en partie financé par un conglomérat indien partenaire de Dassault, l’ex-Président a contredit la version officielle indienne.
La vente de 36 avions Rafale à l'Inde, finalisée en 2016, pourrait-elle capoter pour une histoire sentimentale… et présidentielle? C'est en tout cas la tournure que prennent les évènements à New Delhi, au grand dam de Paris, après une interview de François Hollande accordée à Médiapart et publiée le 21 septembre.
Des propos de François Hollande qui font les choux gras de la télévision indienne et de l'opposition qui, depuis, réclame tout bonnement la démission de Premier ministre Narendra Modi.
Le chef du gouvernement indien est mis en cause pour avoir choisi la filiale du conglomérat privé, Reliance, détenu par Anil Ambani, présumé proche du Premier ministre, au détriment d'Hindustan Aeronautics Limited (HAL), un groupe d'armement public par ailleurs jugé plus expérimenté en matière d'aéronautique et qui avait été choisi par le précédent gouvernement, alors que le contrat portait encore sur l'acquisition de 126 appareils de l'avionneur français.
Les autorités indiennes affirment pour leur défense que c'est Dassault qui a sélectionné Reliance.
Un faisceau d'éléments qui positionnait déjà dans une position délicate tant Narendra Modi que Dassault Aviation.
C'était sans compter sur l'intervention de François Hollande qui, en réaction à de récentes révélations de la presse indienne, pourrait faire figure de coup de grâce pour le juteux contrat.
En effet, fin août le quotidien The Indian Express mettait à jour une étonnante coïncidence: le fait que le conglomérat Reliance se soit également porté au secours du film français Tout la Haut, dont la productrice n'est autre que Julie Gayet, compagne de François Hollande. Un coup de pouce financier qui s'évaluerait à hauteur de 10% (selon Julie Gayet, 16% selon Médiapart) des 10 millions d'euros du budget du film.
Tout aurait pu en rester-là, sauf que si Dassault a indiqué à Mediapart qu'il ne ferait «aucun commentaire» sur l'affaire en général, ou encore que Reliance a refusé de répondre aux questions de The Indian Express concernant Tout la Haut, cela n'a pas été le cas de François Hollande, qui a accepté de répondre aux journalistes. Dans son interview au journal en ligne, l'ancien locataire de l'Élysée assure que «c'est le gouvernement Indien qui a proposé ce groupe de service et Dassault qui a négocié avec Ambani».
François Hollande qui assure par ailleurs à nos confrères qu'il n'était «pas du tout informé» de ce partenariat et qu'il «ignorait tout» de l'entreprise d'Ambani relate Médiapart. Reliance qui, rappelons-le, est considéré comme l'un des plus gros conglomérats du monde, ayant notamment apporté son soutien financier à Matthieu Pigasse, coactionnaire du groupe Le Monde.
«Parce qu'on n'est plus en fonction, porter atteinte quelque part au partenariat stratégique entre l'Inde et la France en tenant des propos qui manifestement suscitent la polémique en Inde n'est pas à la hauteur de la situation», a déclaré M. Lemoyne.
En effet, non seulement cette sortie de François Hollande visant à défendre sa compagne, affecte la situation politique globale en Inde, les relations bilatérales entre Paris et New Delhi, mais pourrait également avoir des conséquences pour le fleuron industriel français.
Comme évoqué précédemment, Dassault Aviation était sur le coup depuis des années et même avec un contrat portant sur «seulement» 36 appareils au lieu des 126 comme initialement escompté avant le changement de gouvernement indien, l'avionneur tricolore et le Quai d'Orsay marquait un bel essai, gardant espoir de remporter d'autres marchés dans le pays.Si certains de nos confrères estime «peu probable» que l'actuel contrat soit remis en cause, privilégiant plutôt le risque pour les autres appels d'offre indien, un analyste français des questions de défense souligne, auprès de Médiapart, l'existence d'«un risque industriel sérieux pour Dassault».
Une intervention de François Hollande, d'autant moins indispensable, que comme le souligne Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense, «à cause de la fréquence des affaires de corruption en Inde» en matière de contrat d'armement, ce type d'accusations et de recours à l'encontre de l'exécutif est monnaie courante dans la politique indienne.
«Il y a dix-huit commissions qui examinent un programme d'armement [en Inde, ndlr] et quand il n'y a pas d'histoire de corruption sur un programme d'armement, en général, il y a toujours une saisie de la Justice par l'opposition, par ceux qu'ont été écartés du contrat.»
Soit la ligne tenue par Paris depuis le début de l'affaire. On notera que ce 25 septembre, le porte-parole du Bharatiya Janata Party (BJP), dont est issu l'actuel premier ministre indien, a accusé Robert Vadra, le beau-frère du leader de l'opposition Rahul Gandhi (menant la fronde contre l'exécutif sur le dossier Rafale) d'être lié à Sanjay Bhandari. Un homme d'affaires, dont la compagnie Offset India Solutions n'est pas parvenue à devenir le partenaire de Dassault lors d'un précédent contrat portant sur des Rafale, aurait ainsi poussé le gouvernement indien à annuler le contrat.
Après avoir vu sa politique étrangère, notamment sur la Syrie, «instrumentalisée» par l'Arabie saoudite, comme l'expliquait le magazine Marianne en mars 2016 dans un dossier spécial sobrement intitulé «Comment la France se vend à l'Arabie saoudite: le déshonneur».
Après avoir cédé, en vain, aux pressions des autorités polonaises qui menaçaient de ne plus acheter les hélicoptères Caracal à la France si celle-ci maintenait sa livraison des bâtiments Mistral à la Russie, voilà un nouveau coût dur porté au bilan et à l'image de François Hollande en tant que VRP de l'industrie française de l'armement.
Quant au fameux film produit par Julie Gayet, relatant l'histoire d'un snowboardeur (incarné par Kev Adams) mort dans sa descente de l'Everest, si le coup de pouce de Reliance lui permet de sortir dans les salles obscures en décembre 2017, il sera salué par la critique comme «une erreur de jeunesse» de l'acteur principal, relevant des premiers chiffres «tout simplement désastreux.»
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