La rédaction du JT de France 2 roule-t-elle pour l'extrême droite brésilienne ? Elle semble multiplier les reportages apologétiques favorables au candidat d'extrême droite, Jair Bolsonaro, fervent idôlatre de la dictature brésilienne qui a gouverné le pays pendant des décades. A 20h, le 6.10.18, JT de France 2 faisait l'apologie d'un des partisans du candidat d'extrême droite qui fait sa campagne législative déguisé en captain America et prône la lutte contre la violence. Il faut dire que le candidat de l'extrême droite, Jair Bolsonaro, est un suprémaciste qui ne cache pas ses opinions racistes et entend réinstaurer le port d'armes au Brésil.
Brésil : des candidats à la présidentielle se déguisent en super héros
JT France 2, le 6.10.18
Au Brésil, le premier tour des élections présidentielles aura lieu dimanche 7 octobre, dans un contexte particulier de récession économique et de violences accrues. Certains candidats font preuve d'originalité et se déguisent en super héros pour convaincre les électeurs. Luiz Carlos de Paula, ancien policier, est candidat PSl de l'état de Sao Paulo. il se déguise en Captain America, le super héros le plus connu au Brésil. Depuis trois mois, il sillonne les rues de Sao Paulo et brigue sérieusement un siège de député d'état sous la bannière de Jair Bolsonaro, le candidat d'extrême droite, favori de l'élection.
Plusieurs centaines de candidats se déguisent
Il porte ce déguisement pour se démarquer des 2 174 autres candidats pour le seul état de Sao Paulo. Il y a derrière le costume, son message : "Il faut renouveler la classe politique, ils sont tous corrompus, il faut que cela change", explique-t-il. Dans un pays miné par les scandales de corruption, il se sert de la dérision comme d'une arme pour provoquer le système. En 2012, un bandit a voulu le braquer et lui a tiré dessus trois fois. Il veut désormais agir contre la violence. Dans le pays, Il y a des centaines de candidats déguisés en super héros qui illustrent une vraie colère contre le système. On trouve ainsi des Batman, Wolverine ou encore des Spiderman.
Le jeudi 4.10.18 à 20h c'était à peu près le même topo, dans le JT de France 2 à nouveau un gros plan sur la campagne de Jair Bolsonaro, "le candidat d'extrême droite, favori de l'élection", avec des critiques pour le moins peu sévères et une sorte de plébiscite du candidat d'extrême droite qui entend restaurer la sécurité dans le pays et "lutter contre la corruption". Dans le reportage aucun détracteur n'est interviewé.
Voir le reportage.
"Le Brésil se prépare à une élection présidentielle des plus incertaines de son histoire. À trois jours du premier tour, dimanche 7 octobre, le candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro décolle dans les sondages, recueillant 32% des intentions de vote. Surnommé le "Trump tropical", cet ancien militaire de 63 ans milite pour un retour à l'ordre et à la discipline. Un projet très populaire auprès de ses partisans, qui regrettent l'époque de la dictature militaire. "Les militaires au pouvoir avant 1985, c'était la meilleure période que le Brésil ait connu. Il n'y avait pas de problèmes de sécurité, tout allait bien. On vote Bolsonaro pour que ça revienne", confie l'un d'eux.
80% des Brésiliens ont confiance dans les forces armées
Trente-cinq ans après la fin de la dictature militaire, le Brésil n'avait jamais connu un tel retour en grâce de l'uniforme. Désormais, 80% des Brésiliens disent avoir confiance dans les forces armées. Une impression renforcée par l'attentat au couteau, dont Jair Bolsonaro a été victime en pleine rue. Cette attaque est un argument de campagne rêvé pour le candidat d'extrême droite, qui propose de légaliser le port d'armes au Brésil."
Ce candidat, ancien militaire et présenté comme ayant un casier judiciaire vierge dans le reportage de France 2 (JT 20h 6.10.18) a quand même été capable de lancer lors d’un débat parlementaire à une députée : « Je ne te violerai pas toi. Tu ne le mérites même pas. » (voir la vidéo plus bas ou il menace de frapper la député). Devant les caméras, il avait interpellé sa collègue, lui demandant de ne pas partir, et l’avait invectivé. Il avait évoqué les accusations de Maria do Rosario sur les viols à grande échelle pratiqués par les militaires sous la dictature, qu’il niait, et lui lançait : « Je ne te violerai pas. Tu ne le mérites même pas. »
Dans une vidéo vieille de 11 ans, on le voit traitant Maria do Rosario de « salope », qu’elle « ne mériterait pas d’être violée par lui » et terminant en l’incitant à « aller pleurer plus loin ».
- En 2011, il a affirmé dans une interview qu’il préférerait que son « fils meure dans un accident de voiture plutôt qu’il soit homosexuel ». « Pour moi, il serait de toute façon mort. Si un couple homosexuel vient s’installer à côté de chez moi, ils vont faire baisser le prix de l’immobilier », a-t-il ajouté pour faire bonne mesure. La même année, il répondait à une actrice noire qui lui demandait ce qu’il ferait si son fils tombait amoureux d’une femme de couleur :
« Je ne vais parler de promiscuité ni avec toi, ni avec personne. Ça ne risque pas d’arriver, car mes fils ont été bien élevés et n’ont pas grandi dans le type d’environnement qui a malheureusement été le tien. »
Des informations non reprises dans les JTs de France 2 cette semaine qui préfèrent dans ces mini-reportages donner la parole aux partisans de Bolsonaro qui prétendent que sous la junte militaire il n'y avait pas de violence. Il faut dire que la population était terrorisée et les opposants emprisonnés, torturés voir assassinés. Dima Roussef, ancienne présidente du Brésil a été emprisonnée et torturée sous la dictature.
D'ailleurs Bolsonaro défend ouvertement la torture pour l’obtention d’informations, car « les dealers et les kidnappeurs n’ont plus de droits humains ».
Enfin, Bolsonaro a été également inculpé en avril pour racisme envers la communauté indigène brésilienne, les femmes et la communauté LGBT.
Mais cela vous n'en aurez pas de références dans les JTs de France 2 ayant traité du sujet de Bolsonaro cette semaine.
Rien cette semaine dans les mini-reportages des JTs de France 2 à la gloire de Bolsonaro sur l'éviction scandaleuse de Lula, maintenu en prison pour ne pas faire de l'ombre au candidat de l'extrême droite pro-étatsunien, rien sur le candidat de gauche Fernando Haddad (du lundi 1er octobre au samedi 6 octobre dans les JTs de 20h de France2), rien sur la situation désastreuse des minorités afro-brésiliennes qui craignent sérieusement le racisme et l'inéquité qui pourrait survenir si l'extrême droite revenait au pouvoir. Aucun témoignage de détracteurs de Bolsonaro dans les deux mini-reportages cités ci-dessus.
Lire à ce sujet des infos que vous ne retrouverez pas dans les JT de France 2 de cette semaine, loin de l'angélisme de la rédaction de France Télévisions :
- Bolsonaro n’est pas un «Trump brésilien»
- Au Brésil, le mouvement noir veut donner de la voix face à Bolsonaro
- Le Brésil pourrait verser dans la guerre civile»
Rien dans ces gentils mini-reportages des JTs de la chaîne publique France 2 sur les manifestations massives de plus de 500.000 personnes dénonçant la venue éventuelle au pouvoir de l'extrême droite au Brésil.
On pourra aussi noter la nette différence de traitement de l'actualité par la rédaction du JT de France 2 lorsqu'il s'agit de traiter du régime socialiste de Maduro qualifié dans certaines éditions du JT de "dictature" tout en donnant une image lissée de l'opposition d'extrême droite qui semait le chaos par des violences inouïes en brûlant notamment des citoyens vénézuéliens noirs sous prétexte qu'ils étaient proches de Maduro ou bien soit-disant des voleurs. Des faits passés sous silence dans les JTs de France Télévisions à au moins deux reprises :
- [Vidéos] Exemple d'information sélective du JT de France 2 sur le Vénézuela
- Le JT de France 3 prendrait-il à son tour fait et cause pour l'opposition au Vénézuela ?
La rédaction des JTs de France Télévisions à deux reprises (le 16.07.18 et le 22.07.18) avait préféré donner une image plus lisse de cette opposition d'extrême droite pourtant imprégnée de haine coloniale, de racisme et de haine de classe : avec un passé putschiste qu’elle n’a jamais renié, des relations étroites avec le paramilitarisme colombien Alvaro Uribe, et de récentes exactions racistes dignes du Ku Klux Klan.
Lire également :
- Venezuela. Changement de régime en temps réel (American Herald Tribune)
- Venezuela : Ils ont multiplié le « oui » par 3 : 2 395 390 personnes ont voté au "plébiscite" (Bolivar infos)
- Cachez cette Assemblée Constituante que je ne saurais voir : pourquoi les médias censurent une élection au Venezuela (Venezuela infos)
Alors, on est en droit de se poser la question, la rédaction des JTs de France 2 roule-t-elle pour l'extrême droite suprémaciste et raciste en Amérique latine proche du complexe militaro-industriel et financier US et européen ?
Lire aussi :
- Élections au Brésil : les marchés, l’industrie et l’agrobusiness soutiennent l’extrême-droite (Bastamag)
On voit par exemples que le traitement de la campagne de Bolsonaro sur BFM TV ou le Huffington Post est quelque peu plus nuancée et donne la parole aux détracteurs ce qui est loin d'être le cas dans les deux reportages apologétiques des JTs de 20h de France 2 cette semaine (4.10.18 et 6.10.18) à la veille du scrutin prévu le 7.10.18.
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