Les chercheurs estiment que le taux de mortalité au Yémen est cinq fois plus élevé que les estimations précédentes (MEE)

Les chercheurs estiment que le taux de mortalité au Yémen est cinq fois plus élevé que les estimations précédentes
Article originel : True Yemen Death Toll Five Times Higher Than Previous Estimate, Researchers Say
Middle East Eye

Yemen Morgue (c) Abduljabbar Zeyad Reuters

 Au moins 56 000 personnes ont été tuées dans des actes de violence armée au Yémen depuis janvier 2016, selon les données recueillies par un groupe de recherche indépendant, un chiffre plus de cinq fois supérieur à celui qui avait été signalé précédemment.

Ce nouveau chiffre englobe les décès de combattants et de civils au Yémen entre janvier 2016 et le 20 octobre 2018, a expliqué Andrea Carboni, analyste de recherche au sein du projet de données sur les lieux et les événements des conflits armés (ACLED).

Il ne tient pas compte des Yéménites qui sont morts des suites de la crise humanitaire qui a englouti le pays et des problèmes connexes, tels que les maladies et la malnutrition.

"Le nombre de morts correspond au nombre de personnes qui ont été tuées en conséquence directe de la violence armée", a déclaré Carboni à Middle East Eye lundi dernier.

Cette violence comprend les frappes aériennes et les tirs d'artillerie des forces de la coalition dirigée par les Saoudiens qui combattent actuellement au Yémen, ainsi que les affrontements armés entre diverses factions qui se battent à l'intérieur du pays, comme les Houthis.

Middle East Eye n'a pas pu vérifier indépendamment le chiffre de 56 000.

L'Arabie saoudite a lancé une campagne militaire au Yémen début 2015 pour éradiquer les rebelles Houthis, qui avaient pris le contrôle de la capitale, Sanaa, et déposé le président de l'époque, Abd Rabbuh Mansour Hadi.

La coalition dirigée par les Saoudiens a été accusée d'avoir commis des crimes de guerre au Yémen, tels que le bombardement délibéré d'hôpitaux, de bus et d'autres infrastructures civiles. Les Houthis ont également été accusés de prendre des otages et de détenir et torturer arbitrairement des opposants - tous des crimes de guerre potentiels.

Toutefois, le Yémen étant de plus en plus fermé aux observateurs et journalistes extérieurs dans le contexte du conflit dévastateur, il a été difficile d'obtenir des informations fiables sur le nombre de morts.

Les journalistes et les travailleurs humanitaires ont souvent cité le chiffre de 10 000 morts, mais ce chiffre est resté stable depuis 2016 malgré la guerre en cours.

Ce chiffre était également sous-estimé lorsqu'il a été publié, a dit Carboni, car il était fondé sur les décès signalés dans les établissements médicaux du pays.

"La plupart des gens, les blessés, ne vont pas dans les centres médicaux. En fait, il manquait à ce chiffre une grande partie de la violence et des victimes qui y sont liées", a-t-il déclaré.

Nouveau chiffre probablement sous-estimé

Sur la base d'une estimation d'environ 2 000 morts par mois au Yémen, le nombre total de morts entre le début du conflit en 2015 et la fin de cette année devrait se situer entre 70 000 et 80 000, a déclaré Carboni.

Les chiffres proviennent de sources secondaires, comme les agences de presse internationales, les médias locaux fiables et les rapports des ONG.

Il a dit qu'il est important d'avoir un chiffre précis parce que " les décès sont l'élément d'information le plus difficile à obtenir dans un contexte de conflit ".

Malgré tout, Carboni a déclaré que le chiffre de 56 000 est très probablement sous-estimé également.

"Ce sont des estimations basées sur la méthodologie que nous avons appliquée ailleurs. Ils sont également susceptibles d'être eux-mêmes sous-estimés", a-t-il dit.

Il a ajouté que les trois quarts des décès de civils au Yémen sont imputables à la coalition dirigée par les Saoudiens.

"Si l'on compare l'ampleur de la violence et des destructions qui se reflètent également dans la crise humanitaire et toutes les autres formes de dévastation que le Yémen a subies, avec un nombre de morts qui reflète[cela] aussi correctement que possible, je pense que c'est important" a-t-il déclaré.

La semaine dernière, Oxfam a rapporté que depuis août, au moins un civil a été tué toutes les trois heures dans les combats au Yémen.

En outre, plus de 1,1 million de cas de choléra ont été signalés au cours des 18 derniers mois, dont 2 000 se sont révélés mortels, selon l'organisme.

"Toutes les vies perdues dans ce conflit honteux, que ce soit à la suite d'attaques armées, de famine ou de maladie, devraient être un scandale international", a déclaré Muhsin Siddiquey, directeur national d'Oxfam au Yémen, dans un communiqué.

"Les partisans de tous les belligérants doivent se rendre compte qu'ils sont complices de cette crise d'origine humaine."

Traduction SLT avec DeepL.com

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