Depuis l'offensive franco-saoudienne sur Hodeida en date du 2.11.18, black out dans le P.A.F sur la situation au Yémen

Depuis l'offensive de la coalition saoudienne pour reprendre le port d'Hodeida en date du 2.11.18 c'est le black out sur la situation dans le PAF. Aucune information dans les JTs de France 2, quasiment pas sur ceux de France 3 et service minimum sur les radios d'Etat France info & Co. Le silence médiatique tranche avec le déferlement de propagande pour sensibiliser l'opinion publique française au sort des djihadistes à La Ghouta, Alep et Idlib en Syrie.

Pourtant, les bombardements ininterrompus depuis 3 ans de la coalition saoudo-émiratie soutenue par la France, les USA, la Grande-Bretagne et Israël se font dans une ambiance pré-génocidaire où le peuple yéménite subi un blocus aérien, maritime et terrestre qui le plonge dans une situation de famine inextricable et d'épidémie de choléra. Des millions d'enfants sont en danger et la grande majorité des médias du PAF (mais aussi traditionnels) se taisent obstinément.

Yemen famine Amal Hussain (c) Tyler Hick New York Times

- L'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis affament les Yéménites à mort (Foreign Policy)

Ce black out semblerait donner raison à Nicolas Hervé qui déclarait au sujet du traitement de l'information dans les médias français lors de la guerre en Libye : "Quand on est sur un théâtre de guerre comme la Libye où en gros c'est l'armée et donc l'Etat qui contrôle l'information qui est diffusée, etc. La manière dont les informations vont être remontées à la population française alors que le pays est en guerre, etc, le gouvernement va naturellement déformer l'information, la faire paraître sous un beau jour, etc. Après la question est de savoir dans quelle mesure est-ce que les journalistes sont conscients ou pas du fait qu'ils relayent une parole officielle sans chercher à en savoir plus ou même à masquer un certain nombre de choses, ça c'est un autre débat. Et on arrive, si l'on parle des médias traditionnels, sur les questions du pouvoir des médias, de qui sont les actionnaires des médias, quelles sont les velléités qu'il y a derrière et ces questions là. Mais ça c'est des questions qui sont différentes de la notion de fake news mais qui ne sont pas complètement décorrélées parce que effectivement la confiance dans la manière dont les médias traitent l'information cela va avoir aussi une influence sur ce que l'on va pouvoir percevoir à côté...". ( Nicolas Hervé, ingénieur de recherche à l'INA sur Europe 1).

Selon de nombreux indices concourants, les forces spéciales françaises sont sur le terrain depuis le début de la guerre en état de cobelligérance auprès des forces saoudiennes et émiratis. Ce qui expliquerait le black out et le fait que les médias français dans leur immense majorité se soient mis à marcher aux pas.

"Comme le journaliste Régis Soubrouillard l’a souligné en avril 2015, le Pentagone américain, la direction du Renseignement militaire (DRM) et la DGSE françaises ont aidé l’Arabie saoudite à planifier ses bombardements et à sélectionner ses cibles au Yémen, notamment au moyen de renseignements satellitaires.

« La [DRM] et la DGSE ont reçu l’ordre express de l’Élysée de soutenir par tous les moyens l’offensive de Riyad contre les rebelles houthis », notamment dans le but de vendre des satellites aux Saoud.

Reprenant une analyse d’IntelligenceOnline.fr, il a également ajouté que « les services […] français ont ouvert en grand les vannes des transferts de renseignement pour soutenir l’opération “Tempête décisive” au Yémen. La [DRM] et la DGSE ont ainsi reçu l’ordre express de l’Élysée de soutenir par tous les moyens l’offensive de Riyad contre les rebelles houthis », notamment dans le but de vendre des satellites aux Saoud et de relancer les activités gazières de Yemen LNG, que Total et ses partenaires avaient dû stopper en avril 2015." (MEE Au Yémen, la cobelligérance oubliée de l’Occident).

Des informations déjà évoqué par Mondafrique début mai 2015, faisant état de la présence des forces spéciales françaises au Yémen :

"La France vient d’engager son armée sur un nouveau front : la guerre du Yémen. En tant que membre de la « coalition », il était donc logique qu’hier François Hollande participe au Conseil militaire des Etats du Golfe. Depuis quelques jours, venus de Djibouti et d’Abu Dhabi, où ils ont des bases permanentes, des soldats des Forces Spéciales tricolores appuient leurs collègues saoudiens à la frontière avec le Yémen. On trouve donc, dans cet engagement, des membres de la 13ème Demi-brigade de Légion étrangère implantée à Zayed Military City, à 65 km d’Abou Dhabi. Quant aux militaires venus de Djibouti ils appartiennent au 5e Régiment interarmes outre-mer (5e RIAOM)". (Mondafrique, 6.05.15 Les Forces spéciales françaises interviennent au Yémen).

Selon le journaliste, Maxime Chaix, dans un article publié dans MEE : "Washington, Paris et Londres leur apportent un soutien militaire direct depuis le printemps 2015, mais sans que leurs opinions publiques respectives n’en aient conscience. Une guerre invisible, en somme."

Une guerre invisible grâce au black out médiatique français.

Selon CNN, en date du 13.11.18, "la France a envoyé des conseillers spécialisés de guerre navale au côté de la coalition saoudienne pour aider à prévenir les attaques maritimes et les opérations de minage des Houthis". 

Une information déjà évoquée par  Le Figaro et  Ouest-France, en juin 2018 et reprise à l'époque par Reuters : "des forces spéciales  françaises sont bien présentes aux côtés des Emiratis au Yémen, où l'armée française envisage une action de déminage des accès au port de Hodeida, selon deux sources militaires qui se sont confiées au Figaro dans son édition du samedi".

Plus récemment, en octobre 2018, le Canard enchaîné en général bien informé, dénonçait le rôle de l'Etat français et des services secrets dans la guerre au Yémen et la présence des forces spéciales françaises au sol. La coalition saoudienne recevrait, selon le volatile à plumes, de la part des services français "des renseignements sur les positions tenues par les rebelles chiites houthis, obtenues souvent par satellite" tandis que des "commandos des forces spéciales (françaises) arpentent clandestinement le pays pour guider les bombardements saoudiens et émiratis, que des appareils de l'US Air Forces ravitaillent en vol... ". (SLT 31.10.18 Le Canard enchaîné dénonce la cobillégérance de la France dans la guerre saoudienne au Yémen).

Certains médias sont-ils une arme de propagande au service de l'Elysée en temps de guerre, comme à l'époque de l'ORTF ? On comprendra que les médias d'Etat, les pravdas françaises, soient plus entravés que les autres à cet égard.

Lire aussi :
- Ce que l'essentiel des médias occulte à propos de l'implication française au Yémen
- Du vendredi 2.11.18 au vendredi 9.11.18, la rédaction du JT de France 2 a fait le black out total sur la situation catastrophique au Yémen
- Le Pentagone a lancé une nouvelle opération classifiée pour soutenir la coalition saoudienne au Yémen (Yahoo News)

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