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Le patron du musée du Quai Branly remonté contre la restitution complète des oeuvres d'art spoliées aux pays africains durant la période coloniale [Vidéos]

par SLT 25 Novembre 2018, 15:00 Benin Art Spoliation Colonialisme France Néocolonialisme Quai Branly Restitution Macron Articles de Sam La Touch

MAJ 25.11.18 18h20.

Art africain (c) photo Gautier Deblonde

Art africain (c) photo Gautier Deblonde

Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, ont constitué un rapport commandé par le président Emmanuel Macron prônant le retour en Afrique des oeuvres d'art africaines spoliées pendant la colonialisation française. Ce rapport a été suivi, vendredi, par un premier geste d'Emmanuel Macron : la restitution immédiate de 26 oeuvres d'art béninoises. Celui-ci a ouvert la voie à la restitution des oeuvres réclamées par les pays africains. Soit une manne d'or pour ces pays qui échappent au musée du Quai Branly qui détient une grande partie de ces oeuvres d'art pillées lors de la colonisation. Inutile de dire que la direction du musée n'apprécie guère. Son directeur, Stéphane Martin, a déclaré selon l'AFP : "Les musées ne doivent pas être "otages de l'histoire douloureuse du colonialisme", Il a estimé que ce rapport "n'aim(ait) pas beaucoup les musées". "Je veux qu'on parle d'art, de partage et pas que l'on ne ressasse éternellement un ressenti qui est tout à fait réel mais qui n'a rien à voir à mon avis avec une politique patrimoniale", a-t-il déclaré sur la radio Europe 1. Il a aussi ajouté : "L'idée que toute la peinture italienne devrait rentrer en Italie et que toute la peinture bretonne devrait rentrer en Bretagne, je ne trouve pas que ça fasse un monde meilleur", plaidant pour une construction d'une "communauté mondiale de l'art, du musée, du partage".
Le patron du Quai Branly avait déjà, de sa propre initiative semble-t-il, accéder à la restitution au musée national de Nouvelle-Zélande Te Papa Tongarewa, de 7 têtes de guerriers Maoris (toi moko) conservées au musée du quai Branly, qui provenaient du Laboratoire d’anthropologie physique du Musée de l’Homme et étaient issues de dons effectués entre 1885 et 1999. Mais voir la majeure partie de la collection du musée du Quai Branly retourner en Afrique n'est sans doute pas une perspective des plus enthousiasmantes.

Certains "experts" et collectionneurs d'art africain déclarent que les conditions de conservation dans les musées africains ne sont pas requises pour accueillir ces ouvres d'art. Des arguments réfutés par le ministre de la culture béninois. Les collectionneurs privés craignent de devoir restituer certaines oeuvres spoliées même si Macron n'a considéré que ce rapport ne pourrait s'appliquer qu'aux collections publiques.

Dans une tribune au Figaro, l'ancien ministre de la culture française de l'ancien président Chirac à l'origine de la construction du musée du Quai Branly, Aillagon, a volé au secours du patron du musée du Quai Branly, déclarant que "la mise en oeuvre des recommandations aurait pour effet de vider les collections africaines des musées français". Et donc de les vider d'une masse financière substantielle indûment acquise entre 1850 et 1960.

Selon l'AFP, Mme Savoy, du Collège de France, considère quant à elle "qu'on ne peut pas jouir de ces musées en ignorant complètement cette face cachée qui est cette appropriation souvent violente". "Les publics veulent savoir", assure-t-elle. Selon elle, on doit leur expliquer que "ce très bel objet, il a été pris avec un couteau dans la main par quelqu'un en 1932 qui avait été envoyé par la France, qu'il l'a déchiré de son lieu d'origine pour le rapporter ou qui a payé trois francs", poursuit-elle.

Selon Le Figaro, "entre 85 à 90% du patrimoine africain serait hors du continent, principalement dans les musées européens. Il y a environ 90.000 objets africains dans les musées français, dont 70.000 au seul Quai Branly, et des milliers au musée de l'Armée. Environ 46.000 sont entrés entre 1885 et 1960, temps des colonies françaises, mais aussi des grandes expéditions scientifiques et de l'émergence d'un marché".

Lire à cet égard pour avoir un exemple du pillage réalisé par les expéditions (ou dans de nombreux cas de razzias) "scientifiques" prônées par l'Etat français pour remplir les musées sous la coloniale, L'Afrique fantôme de Michel Leiris. Un livre qui fut interdit sous le régime de Vichy du Maréchal Pétain durant la seconde guerre mondiale. A l'époque des lois racistes de Vichy, il ne faisait pas bon raconter la vérité sur la spoliation des biens des Africains durant la coloniale tout comme il n'était pas de bon ton, pour utiliser une euphémisme, d'évoquer les biens de la communauté juive soumise aux persécutions et spoliations sous les nazis et les régimes collaborationnistes en Europe.

Les auteurs du rapport quant à eux, Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, ont défendu leur travail sur TV5 monde : "Il faut un droit au patrimoine pour toute l'humanité, pas juste pour les Européens qui ont le privilège de la mobilité, le privilège d'avoir hérité de situations de guerre qui leur ont permis d'avoir tous ces objets...Il faut rééquilibrer ça, c'est l'objectif de notre travail". (Source : AFP)

Si Macron a ordonné la restitution illico presto de 26 oeuvres d'art béninoises, à présent face aux contestations qui grondent dans la France néocoloniale et ailleurs (notamment les musées des pays détenant de riches collections d'art africain), il a décidé de temporiser pour discuter des restitutions de ces oeuvres d'art considérés comme des biens mal acquis par les Africains. Selon Le Figaro : " S'il a décidé d'ores et déjà de restituer 26 pièces au Bénin, il entend construire «une politique d'échanges» en 2019. Partenaires africains et européens sont attendus à Paris au premier semestre." Autant dire que le rapport de force économico-politique ne sera probablement pas dans le camps des Africains. Une mesurette sans lendemain ?

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