Logo du département du Trésor visible à l'intérieur de l'ambassade des Etats-Unis près de la Tamise à Londres, photographié le 13 décembre 2017 alors que le bâtiment est encore en travaux (photo d'illustration).
Depuis janvier 2017, le volume de dette souveraine des Etats-Unis détenu par des opérateurs français a doublé. Une progression unique au monde. RT France a cherché à comprendre ce phénomène.
Un phénomène spéculatif surprenant s’est produit en France au cours des deux dernières années : le volume des obligations étasuniennes détenu par des résidents français a presque doublé en une vingtaine de mois, de janvier 2017 à août 2018 (dernière période de statistiques disponibles sur le site du Trésor étasunien). Cette progression est unique au monde, même si, en volume, la France demeure le 15e investisseur en titres obligataires du Trésor des Etats-Unis, loin derrière des pays comme la Chine, le Japon, le Brésil, le Royaume-Uni et même l’Irlande.
Les progressions comparées, au cours de cette période, montrent que la France arrive devant l’Arabie saoudite, la Belgique et le Royaume-Uni (voir tableau) au point qu’on serait tenté d’y voir une explication géopolitique. En effet, en dépit de ses difficultés avec Donald Trump, le président de la République, Emmanuel Macron est connu pour son tropisme pro-américain. Tout comme l’ex-président de la République François Hollande, un tiers des ministres du premier gouvernement Jean-Marc Ayrault (mai-juin 2012), mais aussi l'ex-Premier ministre Alain Juppé, il est passé par la French American Foundation, puissant lobby au service de la relation transatlantique.
Derrière la France, l’Arabie saoudite, en dépit des dégâts causés par l’affaire Khashoggi, reste avec Israël le principal allié des Etats-Unis au Proche-Orient. La Belgique, quant à elle, a préféré acheter des avions de combats américains F-35, plutôt que des Eurofighter ou Rafale – officiellement pour des raisons économiques, mais qui cachent mal un choix géopolitique. Enfin, le Royaume-Uni est connu pour sa «relation spéciale» avec les Etats-Unis. De plus, il apparaît que la situation française est unique au sein de la zone euro dont les principales économies comme l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie ont maintenu, à plus ou moins 3% près, des expositions stables à la dette américaine, voire en net repli comme aux Pays-Bas.
La Banque de France hors du coup
Fausse piste ! Le seul institut public français capable d’acheter un tel volume de titres obligataires est la Banque de France, organisme en théorie indépendant du pouvoir politique. Et surtout, les derniers rapports annuels de la banque centrale française montrent que ses réserves en devises sont restées stables autour d’une valeur équivalent à une cinquantaine de milliards d’euros. Réputée pour son opacité, la Banque de France ne communique pas la ventilation par monnaie de ses réserves en devises, mais on peut sans grand risque avancer que la part en dollars, détenues sous forme d’obligations, se situe aux environs de 70% (la moyenne mondiale), soit près de 35 milliards d’euros sur les 118 détenus aujourd’hui par des opérateurs français.
Interrogé par RT France, l’économiste Olivier Delamarche écarte catégoriquement la possibilité que les grandes banques ou assureurs français soient les acquéreurs des quelque 60 milliards de dollars de titres obligataires supplémentaires apparus récemment, à la ligne «France» dans les statistiques du département du Trésor des Etats-Unis.
Restent les sociétés françaises de gestions d’actifs dont la mission consiste à faire fructifier des patrimoines financiers pour compte de tiers. Elles sont plus de 600, dont 200 créées pendant les cinq dernières années et 37 en 2017. Ensemble elles gèrent près de 4 000 milliards d’euros d’actifs.
Un placement rentable mais potentiellement toxique
60 milliards de dollars (53 milliards d’euros) représentent un montant considérable en comparaison avec les réserves en devises de la Banque de France. Mais cette somme est modeste rapportée à la valeur cumulée des actifs gérés par les sociétés de gestion financières françaises.
Pour Jean-Luc Baslé, ancien directeur au siège newyorkais de la banque américaine Citi Group, ces opérations sont pertinentes à court terme. Dans une tribune publiée le 12 novembre sur le site du quotidien Les Echos. Il souligne que «le rendement des obligations américaines à 10 ans n’a cessé d’augmenter passant de 1,50% en juillet 2016 à 3,25% aujourd’hui».
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