Pour éviter de devenir une colonie numérique des États-Unis ou de la Chine, la France a décidé de cesser d’utiliser Google au profit de Qwant, moteur de recherche français qui se targue de ne pas suivre ses utilisateurs. Deux spécialistes internationaux de la cybersécurité ont commenté pour Sputnik cette décision de Paris.
L'abandon de Google par la France n'était pas inattendu, a indiqué dans son commentaire pour Sputnik Kevin Curran, professeur de cybersécurité à l'université d'Ulster.
«Les services de Google gardent une immense quantité d'informations sur des personnes physiques, et il suffit à tout adversaire étranger de la France de se servir de ce moteur de recherche pour obtenir des renseignements sur les soldats ou les agents des services secrets français», a expliqué l'expert.
Et de souligner qu'aucune autre entreprise ne gardait autant d'informations confidentielles.
«Même si la direction de Google réussit à prouver l'impossibilité de toute fuite, le fait que Google garde des informations sur les militaires et les agents des services secrets affaiblit manifestement n'importe quelle initiative en matière de défense. Je pense que d'autres pays imiterons l'exemple de la France», a résumé M. Curran.
Quoi qu'il en soit, Lars Hilse, consultant allemand en stratégie numérique et expert en cyberterrorisme, ne partage pas la préoccupation française, relevant qu'il faut payer pour l'usage de moteurs de recherche sophistiqués.
«Je ne suis pas fan de Google, certaines de ses actions méritant effectivement des critiques et devant être surveillées de près. Néanmoins, je m'inquiète beaucoup en entendant toutes ces conversations sur la possibilité de recevoir un service compliqué et hautement efficace tout à fait gratuitement, ainsi que sur des plaintes qu'en échange de ce service on prend des données et non de l'argent», a indiqué M. Hilse.
Et de souligner une fois de plus que l'usage de ce moteur de recherche était «absolument gratuit».
«Quant à la sécurité, à la différence de beaucoup d'autres entreprises, Google n'a permis aucune grave fuite d'information», a rappelé l'expert.
Il a par ailleurs prévenu qu'il faudrait encore voir à quel point le moteur de recherche français Qwant est efficace et a douté que les entreprises technologiques européennes puissent rivaliser avec les géants américains et chinois dans ce domaine.
On apprend que d'ici à fin décembre, les députés français utiliseront le moteur de recherche français Qwant au lieu de Google pour une meilleure protection des données personnelles et une sensibilisation à la sécurité numérique.
«Nous devons donner l'exemple», a notamment déclaré Florian Bachelier, l'un des députés présidant le groupe de travail de l'Assemblée nationale française sur la cybersécurité et la souveraineté numérique, créé en avril 2018 pour aider à protéger les entreprises françaises et les agences de l'État des cyberattaques et de la dépendance croissante à l'égard des entreprises étrangères.
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