EXCLUSIF. Les mails secrets de l’affaire Lafarge qui impliquent le renseignement français
Par Guillaume Dasquié
JDD
Le groupe industriel Lafarge, mis en examen pour financement du terrorisme, a été encouragé à rester en Syrie par le contre-espionnage français. Tout un système de surveillance avait été élaboré avec l'aide financière d'une figure de l'opposition au régime de Bachar el-Assad. Mails, notes des services de renseignements... Le JDD publie les preuves.
A priori, l'affaire semble entendue. Le groupe cimentier Lafarge, fleuron du CAC 40, a délibérément coopéré en Syrie avec l’organisation État islamique (EI) pour préserver ses investissements industriels dans le pays. La société été mise en examen au mois de juin pour "financement d’une entreprise terroriste" et "complicité de crime contre l’humanité". Ses dirigeants sont soupçonnés d'avoir d'une part autorisé le versement de bakchichs à des membres de l'EI, pour garantir la sécurité des salariés et le transport des marchandises ; et d'autre part autorisé des ventes de ciment aux groupuscules terroristes au moment où son site de production allait tomber entre leurs mains. Des opérations litigieuses enregistrées pour l'essentiel entre 2013 et 2014, en pleine guerre civile syrienne, au plus fort des conquêtes de l'EI. Une gestion qu'a publiquement déplorée le nouveau groupe franco-suisse, LafargeHolcim, créé entre-temps.
Le JDD a eu accès à des documents inédits
Mais les pièces du dossier, les témoignages des rares initiés et les documents auxquels le JDD a eu accès reconstituent une autre histoire, plus incertaine. Plus grise. Celle-ci implique directement l'administration en charge du contre-terrorisme, la DGSI, le Quai d'Orsay, et les services de renseignement extérieurs de la DGSE. Elle raconte une improbable partie d'échecs en zone de guerre, entre industriels, espions et diplomates, où chacun profite de la présence de l'autre pour pousser ses pions, à une période où l'EI n'a pas encore commis d'attentat sur le sol français.
Devant les enquêteurs, le directeur de la sûreté de Lafarge, Jean-Claude Veillard, a assuré que la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) n'ignorait rien des arrangements conclus sur place pour maintenir l'activité de l'usine française. L'homme a servi trente-neuf ans dans l'armée, dont sept au commandement des opérations spéciales, avant de rejoindre le secteur privé. Ces gens-là ont le verbe rare. Question de culture. Jean-Claude Veillard n'a donc pas restitué aux juges le contenu de ses échanges avec la DGSI. Dommage. Car ils éclairent avantageusement les coulisses de cet étrange drame...
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