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Rapport de situation en Syrie - Un officier français critique la façon des USA de faire la guerre - Assad offre une certaine autonomie aux Kurdes (Moon of Alabama)

par Moon of Alabama 19 Février 2019, 13:44 Rapport de guerre Syrie Idlib HTS Kurdes Armée française polémique USA Impérialisme Articles de Sam La Touch

Rapport de situation en Syrie - Un officier français critique la façon de faire la guerre des États-Unis - Assad offre une certaine autonomie aux Kurdes
Article originel : Syria Sitrep - French Officer Criticizes U.S. Way Of War - Assad Offers Kurds Some Autonomy
Moon of Alabama

Un attentat à la voiture piégée (vid) a frappé aujourd'hui la ville d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. Entre 20 et 30 personnes ont été tuées et d'autres blessées. Le gouvernorat de Idlib est contrôlé par Hayat Tahrir al-Sham (HTS), aligné sur Al-Qaida, mais de nombreux autres groupes terroristes continuent à exister dans la région. Tous se disputent les ressources disponibles.

En septembre, l'accord d'Astana entre la Turquie, la Russie et l'Iran a servi de base à un cessez-le-feu dans le gouvernorat de Idlib. La Turquie était censée nettoyer la zone du groupe HTS et d'autres groupes terroristes. Elle a déployé des soldats dans des postes d'observation fortifiés dans toute la région, mais n'a guère fait plus pour respecter l'accord.


Non seulement la Turquie traîne les pieds sur Idlib, mais elle permet à de nouveaux combattants étrangers d'y aller :

    Selon des sources locales dans la province citée par Sputnik, environ 1500 terroristes ont franchi la frontière turque pour entrer à Idlib sous le couvert des autorités turques soutenues par des agents turcs et directement supervisées par la gendarmerie turque (Jandarma) qui est affiliée à l'armée turque.
    ...
    Les sources ont indiqué que les terroristes sont de nationalités occidentales, ainsi que d'autres de nationalités est-asiatiques et arabes, qui ont été transportés vers la zone de Jisr al-Shughour, qui est sous le contrôle de terroristes chinois et turcs, tandis que les autres terroristes étrangers ont été transférés vers les camps de Jabhat al-Nosra et Hurras Eddin dans la campagne du sud et sud-est de Idlib.

 

Il est probable que nombre de ces nouveaux arrivants sont des terroristes de l'EI qui ont fui la Syrie de l'Est vers la Turquie et ont ensuite été dirigés vers Idlib. Les terroristes du gouvernorat d'Idlib continuent d'attaquer les troupes syriennes autour d'eux. Ils utilisent beaucoup de munitions et doivent avoir des lignes de ravitaillement en provenance de Turquie pour soutenir les combats.

Une autre réunion tenue récemment à Astana avec la Russie, l'Iran et la Turquie a confirmé l'accord de base, mais n'a pas abouti à une position commune sur la manière de procéder.


Le journal turc Hurriyet vient de publier une interview du porte-parole de Poutine, Dmitry Peskov. Sur Idlib, il a déclaré :

    Q : Faut-il s'attendre à une opération à court terme sur Idlib ?

    R : Nous devrions laisser cela à nos experts militaires. Nous avons besoin d'une opération, mais nous devons décider si ce sera l'opération de la Turquie ou d'autres pays. Nous ne devrions pas espérer conclure un marché avec les enfants d'Ahrar al-Sham. C'est un faux espoir, ce sont des terroristes, ce sont Al-Nosra, ce sont les enfants d'Al-Qaïda.

 

Lors de la récente conférence sur la sécurité à Munich, le ministre russe des Affaires étrangères Sergej Lavrov a également mentionné (vid @~15:00min) la situation à Idlib. Il a indiqué qu'il y aurait des patrouilles russes et turques communes dans certaines zones du gouvernorat d'Idlib, mais n'a fourni aucun détail.

Pour l'instant, tout le monde attend que les États-Unis se retirent du nord-est de la Syrie, comme l'a ordonné Trump. Idlib ne sera attaqué que lorsque cela se produira.

L'État islamique en tant qu'entité détentrice d'un territoire est fini. Il continuera d'exister pendant un certain temps en tant que mouvement terroriste clandestin en Syrie et en Irak et en tant que marque que les groupes locaux d'ailleurs utiliseront pour leurs méfaits.


Depuis la fin de la semaine dernière, les derniers territoires aux mains de l'EI sont tombés à quelques milliers de mètres carrés. Les États-Unis négocient de nouveau avec les terroristes au lieu de les éliminer :

    Plus de 300 militants de l'Etat islamique entourés dans une toute petite région de l'est de la Syrie refusent de se rendre aux forces syriennes soutenues par les Etats-Unis et tentent de négocier une sortie, ont déclaré lundi des militants syriens et une personne proche des négociations.
    ...
 DeirEzzor 24, un collectif d'activistes dans l'est de la Syrie, a déclaré que plusieurs camions chargés de denrées alimentaires sont entrés dans des zones contrôlées par l'EI à Baghouz, à Deir Ezzor, le lundi matin. Le groupe a également rapporté que l'EI a relâché 10 combattants des FDS dimanche sans dire si les provisions de la nourriture étaient en échange de la libération.

    Deir Ezzor 24 a déclaré que la trêve conclue entre l'EI et les FDS la semaine dernière a été prolongée de cinq jours à compter de dimanche.

 


Un colonel français à la tête d'un groupe d'artillerie dans la lutte contre l'EI a critiqué la manière étatsunienne de mener cette guerre :

    Le colonel François-Regis Legrier, qui est chargé de diriger l'artillerie française de soutien aux groupes dirigés par les Kurdes en Syrie depuis octobre, a déclaré que la coalition s'était concentrée sur la limitation de ses propres risques, ce qui avait considérablement augmenté le nombre de morts parmi les civils et les niveaux de destruction.

    "Oui, la bataille de Hajin a été gagnée, du moins sur le terrain, mais en refusant l'engagement sur le terrain, nous avons inutilement prolongé le conflit et ainsi contribué à augmenter le nombre de victimes dans la population", a écrit Legrier dans un article de la Revue de défense nationale.

    "Nous avons massivement détruit l'infrastructure et donné à la population une image dégoûtante de ce qui pourrait être une libération à l'occidentale, laissant derrière elle les germes d'une résurgence imminente d'un nouvel adversaire", a-t-il déclaré, dans de rares critiques publiques d'un officier en service.

 


Artillerie française au nord-est de la Syrie (source)

  Photo prise le 9 février 2019 près de la ville irakienne d'Al-Qaïm, à la frontière avec la Syrie, montrant des canons Caesar et des obus utilisés dans le cadre de l'opération Chammal (volet français de l'opération menée par la coalition internationale contre le groupe jihadiste Etat islamique)  afp.com/Daphné BENOIT

Photo prise le 9 février 2019 près de la ville irakienne d'Al-Qaïm, à la frontière avec la Syrie, montrant des canons Caesar et des obus utilisés dans le cadre de l'opération Chammal (volet français de l'opération menée par la coalition internationale contre le groupe jihadiste Etat islamique) afp.com/Daphné BENOIT

A noter le mélange de grenades LU107 à haut explosif et LU214 au phosphore blanc (catalogue Nexter)
qui, ensemble, peuvent être utilisés pour "secouer et cuire" les forces ennemies. La tactique est très controversée.

Plusieurs fois au cours des derniers mois, le mauvais temps a empêché l'utilisation de bombardements aériens et de tirs d'artillerie contre l'EI. Les terroristes utilisaient toujours ces pauses pour contre-attaquer. Les FDS kurdes/arabes, mal armés et dirigés, ont subi de nombreuses pertes à cause de ces attaques. Le colonel estime qu'une force terrestre professionnelle bien armée aurait raccourci le conflit avec moins de pertes et beaucoup moins de dégâts.

L'essai original du futur colonel a été retiré de la toile. Il est disponible en anglais à la page 65 de ce pdf.

On ne sait toujours pas si et quand les forces étatsuniennes quitteront le nord-est de la Syrie. Le président Trump avait demandé à la Turquie de prendre le contrôle de la région, mais la Syrie, la Russie, l'Iran et les forces kurdes utilisées par les Etats-Unis comme supplétifs contre l'EI sont contre. Une tentative étatsunienne de recruter des forces britanniques, allemandes ou françaises pour occuper la région échoue.

Le terrain syrien doit évidemment être retourné au gouvernement syrien. Les forces kurdes, contrôlées par le PKK/YPG anarcho-marxiste que la Turquie et d'autres désignent comme terroristes, utilisent leur position actuelle pour exiger l'autonomie politique dans la zone qu'elles contrôlent actuellement. Le gouvernement syrien s'y oppose fermement. Toute fédéralisation de la Syrie serait le début de sa fin.


Hier, le président syrien Bachar al-Assad a offert un compromis aux Kurdes. Dans un discours devant les chefs des conseils locaux, il a annoncé les élections locales et la décentralisation de certaines décisions politiques. La loi 107 requise est déjà en place mais sa mise en œuvre a été retardée par la guerre :

    [Assad] a déclaré que l'essence de la loi sur l'administration locale est de parvenir à un équilibre en matière de développement dans tous les domaines en donnant aux unités administratives locales le pouvoir de développer leurs domaines en termes d'économie, de développement urbain, de culture et de services, améliorant ainsi les conditions de vie des citoyens en lançant des projets, en créant des emplois et en fournissant des services localement, notamment dans les régions isolées.

    Le président al-Assad a déclaré qu'il n'est plus pratique de gérer les affaires de la société et de l'État et de parvenir à un développement équilibré de la même manière centralisée que celle utilisée depuis des décennies, notant que la population de la Syrie en 1971 lorsque la loi précédente a été adoptée était d'environ 7 millions, alors que la population en 2011 lorsque la loi 107 fut adoptée avait atteint environ 22 millions.

 

Le fait que la mise en place d'administrations locales élues soit proposée maintenant est un signe clair pour les Kurdes qu'ils peuvent obtenir une certaine autonomie mais pas celle qu'ils demandent. S'ils peuvent organiser des élections locales, des conseils et des administrations comme tous les autres domaines, il n'y aura pas de force armée, de police ou de police judiciaire séparée dans les zones à majorité kurde.


À plusieurs reprises au cours de la guerre, les Kurdes ont dépassé les bornes, ont fait des demandes trop importantes et ont perdu à cause de cela. La Turquie a pris la région d'Afrin et la population kurde a dû fuir parce que les dirigeants kurdes ne voulaient pas que l'armée syrienne prenne le contrôle. Dans une partie ultérieure du discours, Assad s'adressa de nouveau aux Kurdes sans les nommer spécifiquement. Il a prévenu :

    "Les Etatsuniens ne vous protégeront pas... vous serez une monnaie d'échange dans leur poche avec l'argent qu'ils ont, et ils ont déjà commencé à négocier. Si vous ne vous préparez pas à défendre votre pays, vous serez de simples esclaves pour les Ottomans. Seul votre Etat vous protégera et seule l'armée arabe syrienne vous défendra lorsque vous la rejoindrez et combattrez sous sa bannière".

    "Lorsque nous nous trouvons dans une même position et dans la même tranchée, que nous faisons face à un seul ennemi et que nous visons dans la même direction au lieu de nous viser les uns les autres, nous ne craignons aucune menace, quelle qu'en soit l'ampleur, a déclaré Son Excellence".


    Le président al-Assad a déclaré que le temps est venu pour ces groupes de décider comment l'histoire les jugera, et qu'ils ont le choix : être maîtres sur leur propre terre, ou esclaves et pions aux mains des occupants.

L'offre est très claire et les conséquences d'un refus seraient sévères. Les Kurdes et la région qu'ils détiennent doivent revenir sous le contrôle du gouvernement syrien ou la Turquie s'en emparera et mettra les Kurdes sous sa botte. L'entêtement de leurs dirigeants pourrait facilement mener à cela. Dans son discours, Assad prédit déjà qu'ils rejetteront son offre avant - peut-être - de l'accepter.

    "Comme vous l'avez remarqué, je ne nommerai pas ces groupes, mais comme d'habitude, pendant quelques heures ou peut-être quelques jours, ils feront des déclarations attaquant ce discours, alors vous saurez de qui je parle," a-t-il ajouté.

Quelques heures après le discours d'Assad, le commandant kurde des FDS suppliait à nouveau les Etats-Unis d'y maintenir 1 500 hommes.

    Mazloum Kobani, commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis, a appelé les alliés de la coalition internationale à maintenir 1 000 à 1 500 soldats en Syrie.
    ...
    "Nous aimerions avoir une couverture aérienne, un soutien aérien et une force au sol pour assurer la coordination avec nous ", a déclaré Kobani aux journalistes d'une base aérienne non divulguée dans le nord-est de la Syrie, rapporte Reuters.

Il est très peu probable que Trump change de position. Les troupes étatsuniennes vont partir. Seul le gouvernement syrien peut donner aux Kurdes la protection dont ils ont besoin.

Combien d'autres Kurdes devront mourir avant que leurs dirigeants l'acceptent enfin ?

Traduction SLT avec DeepL.com

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