Pendant la Seconde Guerre mondiale, les juifs de France vivent dans la crainte de la déportation. La Grande Mosquée de Paris aide alors certains d’entre eux à y échapper. Retour sur cette histoire de résistance musulmane peu connue.
Des musulmans ont sauvé des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. À l’heure où le dialogue entre les deux communautés semble plus que jamais délicat, cette affirmation sonne comme un rappel salvateur. Pourtant, cette histoire reste encore assez méconnue aujourd’hui.
C’est le film d’Ismaël Ferroukhi, Les Hommes libres, sorti en 2011, qui l’a fait découvrir au grand public, vingt ans après le documentaire du cinéaste et écrivain français d’origine algérienne Derri Berkani. Dans La Mosquée de Paris, une résistance oubliée, ce dernier expliquait le rôle joué par la mosquée de la capitale française ainsi que les Francs-tireurs et partisans (FTP) algériens dans le sauvetage de juifs pendant l’occupation.
On y retrouve, entre autres, le témoignage du docteur Albert Assouline, qui affirmait avoir trouvé refuge dans la mosquée après s’être évadé d’un camp en Allemagne.
Dans une interview accordée au Nouvel Obs en 2011, l’historien Benjamin Stora rappelle qu’en 1939, près de 100 000 Algériens vivent en France dans « des conditions misérables ». La lutte syndicale et politique devient « leur principal moyen d’expression ». Certains s’engagent notamment au sein de l’Étoile nord-africaine, qui milite pour l’indépendance de l’Algérie, tandis que d’autres rejoignent la résistance à l’occupation allemande.
« Hier, à l’aube, les juifs de Paris ont été arrêtés, les vieillards, les femmes comme les enfants, en exil comme nous, ouvriers comme nous, ce sont nos frères et leurs enfants sont nos enfants »
- Lettre des « FTP Kabyle » pendant l'occupation
Les FTP algériens, qui aident dans un premier temps les parachutistes anglais dans la capitale, portent secours à des enfants juifs en les amenant à la Grande Mosquée de Paris pour les mettre à l’abri des rafles.
Un acte « sans motivation religieuse », précise à MEE Derri Berkani, qui utilise le terme de « FTP Kabyle » pour désigner ce groupe de militants, majoritairement kabyle, qui utilisaient la langue kabyle pour éviter les infiltrations.
À cette époque d’ailleurs, une lettre écrite dans cette langue circule dans les lieux de rencontre nord-africains, comme le rappelle le livre de l’historien Ethan Katz, Juifs et musulmans en France, le poids de la fraternité :
« Hier, à l’aube, les juifs de Paris ont été arrêtés, les vieillards, les femmes comme les enfants, en exil comme nous, ouvriers comme nous, ce sont nos frères et leurs enfants sont nos enfants. Si l’un d’entre vous rencontre un de ces enfants, il doit lui donner asile et protection, le temps que le malheur passe. Enfant de Kabylie, ton cœur est grand ».
Pascal Le Pautremat, qui a été conseiller historique pour le film d’Ismaël Feroukhi, confirme que « l’histoire orale laisse entendre que la mosquée a effectivement protégé des civils juifs ».
Il rappelle à MEE qu’à l’époque, « il existait une belle entente entre juifs et musulmans en Méditerranée », entente que « l’on retrouve dans la démarche de la mosquée de Paris » à travers l’« acte humaniste » de Si Kaddour Benghabrit.
Directeur et fondateur, de 1922 à 1954, de l’Institut musulman de la mosquée de Paris – créé pour concrétiser les liens entre la France et l’islam –, Si Kaddour Benghabrit a joué un rôle essentiel dans la construction de la Grande Mosquée de Paris en 1926...
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