EXCLUSIF : La véritable ampleur des contrats d’armement des États-Unis avec l’Arabie saoudite et les EAU
Middle East Eye
Les transactions commerciales suivies par un organisme de surveillance des armes prouvent que les États-Unis sont bien plus impliqués dans la guerre au Yémen qu’on ne le croyait.
Les États-Unis ont conclu pour au moins 68,2 milliards de dollars d’accords portant sur des armes à feu, des bombes, des systèmes d’armes et des entraînements militaires avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU) depuis le début de leur guerre au Yémen – des milliards de plus que ce qui avait été rapporté auparavant – selon les données recueillies par un think tank américain.
Cette somme colossale inclut, pour la première fois, les accords d’armement tant commerciaux que gouvernementaux et montre que l’implication des États-Unis dans cette guerre désastreuse pourrait être plus importante que ce que l’on croyait. En fait, les dépenses en armement auraient pu financer dix-sept fois l’appel humanitaire lancé par l’ONU pour le Yémen en 2019 – qui s’élevait à 4 milliards de dollars.
Selon les données recueillies par le Security Assistance Monitor (SAM) qui surveille le commerce des armes et dévoilées ici, les entreprises américaines ont conclu des accords d’au moins 14 milliards de dollars avec les Émiratis et les Saoudiens depuis mars 2015, date à laquelle ils ont créé une coalition de pays arabes pour intervenir dans le conflit yéménite et réprimer le soulèvement des Houthis. Les Saoudiens accusent les Houthis d’être un intermédiaire de l’Iran, alors que des analystes affirment que les EAU cherchent à écraser les groupes d’opposition et à gagner des territoires au Yémen, en particulier le long de la mer Rouge.
Les ventes du gouvernement américain ont tendance à concerner des systèmes importants, tels que des avions de combat, des chars, des bombes et des navires, dont certains sont plus susceptibles que d’autres d’être utilisés au Yémen – en partie parce que la conclusion de tels accords, qui font souvent la une des journaux, peut prendre des années.
Toutefois, ce sont les armes plus petites comme les armes à feu et les bombes vendues dans le commerce qui, selon les experts, risquent d’être utilisées de manière disproportionnée dans le conflit et d’infliger des dégâts considérables.
William Hartung, directeur du projet sur les armes et la sécurité au Center for International Policy, un think tank progressiste basé à Washington, qui héberge SAM, souligne que les données commerciales montrent que l’empreinte américaine au Yémen est « considérablement sous-estimée », car les ventes commerciales sont « si rarement évoquées par rapport aux gros contrats fastueux comme ceux concernant les avions de combat ».
L’estimation de SAM a été confirmée par un responsable du département d’État américain, qui a déclaré que la valeur globale des contrats d’armement conclus par les États-Unis avec la coalition dirigée par les Saoudiens au Yémen depuis mars 2015 s’élevait à environ 67,4 millions de dollars.
De nouveaux renseignements sur les contrats d’armement ont été publiés alors que le Congrès américain tente obstinément de mettre fin à l’engagement de Washington dans la guerre au Yémen, laquelle a déplacé des millions de personnes et entraîné des épidémies et une malnutrition généralisées.
En février, le Sénat a adopté un projet de loi visant à mettre fin au soutien de l’armée américaine à la coalition. La Chambre des représentants, désormais contrôlée par les démocrates, a voté 247-175 en faveur de la résolution ce jeudi. Le président américain Donald Trump a toutefois menacé d’y opposer son veto.
« Le président Trump devra décider si nous allons continuer à aider l’armée saoudienne à tuer des milliers de civils et à bloquer l’aide humanitaire au Yémen », a déclaré le sénateur Chris Murphy, l’un des trois législateurs derrière le projet de loi bipartite, à Middle East Eye.
Certains de ces contrats ont été conclus quelques jours à peine après que des armes fabriquées par les États-Unis ont été utilisées par la coalition menée par les Saoudiens dans le cadre de frappes aériennes qui ont tué des civils, y compris des écoliers en excursion, des personnes assistant à un mariage et une famille entière, à l’exception d’une fillette de 5 ans, chez eux à Sanaa.
« Il est difficile d’imaginer un exemple plus dramatique des conséquences négatives des ventes d’armes américaines », observe Hartung.
« Il est difficile d’imaginer un exemple plus dramatique des conséquences négatives des ventes d’armes américaines »
- William Hartung, Center for International Policy
« Ils soutiennent des régimes qui assassinent des civils et provoquent une catastrophe humanitaire… Cela entache l’image des États-Unis. »
Les armes concernées par les contrats vont des systèmes de défense antimissile aux lance-grenades en passant par les armes à feu, mais la plupart ont été proposées aux gouvernements saoudien et émirati par des fabricants d’armes américains.
Et c’est pourquoi, jusqu’à présent, les chiffres totaux utilisés par les journalistes et les chercheurs concernant les accords avec les États-Unis étaient trompeusement bas : contrairement aux contrats passés par le gouvernement, il est difficile d’obtenir des données sur les accords commerciaux, les détails concrets n’étant rendus publics que longtemps après la notification au Congrès, parfois même dix-huit mois plus tard, explique Christina Arabia, directrice de SAM, qui a collecté les données utilisées dans cet article et est la seule organisation à suivre les deux types de vente.
Sans armes américaines, les experts affirment que la coalition au Yémen serait largement incapable de mener sa guerre. En 2017, trois armes sur cinq utilisées par la coalition étaient fabriquées aux États-Unis, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI).
Certaines de ces armes ont été utilisées dans plus d’une centaine de frappes aériennes et attaques par bombes à fragmentation de la coalition depuis mars 2015, lesquelles ont tué des civils ou ciblé des hôpitaux et des villages, ont rapporté des ONG et des médias.
La coalition dirigée par l’Arabie saoudite est responsable de 4 764 décès de civils signalés depuis 2016, selon l’Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED).
Pourtant, les transactions des quatre dernières années se sont poursuivies sans faiblir. « La plupart des contrats conclus avec l’Arabie saoudite, les EAU ou tout autre pays passent essentiellement par le Congrès sans un mot pour les décourager, encore moins un vote », déplore William Hartung.
La principale raison pour laquelle la valeur totale des contrats d’armement conclus par les États-Unis avec la coalition dirigée par les Saoudiens a été publiquement sous-évaluée, explique Christina Arabia, est la complexité et l’opacité avec lesquelles les transactions commerciales sont suivies et rapportées.
Le gouvernement des États-Unis publie des informations sur les contrats d’armement conclus avec d’autres gouvernements – par le biais du programme « Foreign Military Sales » – chaque fois que l’administration donne son approbation. Cependant, le suivi des transactions entre les fabricants d’armes américains et les gouvernements étrangers – les « ventes commerciales directes » – est délicat.
« Le rapport d’une commission contient des informations sur le type d’arme. Ensuite, un autre rapport d’une autre commission indiquera le nom du pays, puis je devrai contacter une autre commission pour connaître le montant de la vente »
- Christina Arabia, directrice de SAM
Certaines transactions sont répertoriées comme allant dans plusieurs pays, cachant les véritables destinataires des armes ou tout montant en dollars. D’autres accords ne prévoient pas de types d’armes spécifiques, mais uniquement de vagues catégories comme « armes à feu et munitions ».
Il existe également des seuils, qui signifient que certaines transactions de moindre valeur ne sont pas communiquées au Congrès – toute transaction d’armes à feu de moins de 1 million de dollars, par exemple – et certaines transactions sont répertoriées à un certain seuil alors qu’elles valent beaucoup plus.
Le département d’État américain a récemment indiqué qu’un contrat d’exportation d’armes vers l’Arabie saoudite – pour des travaux liés au système de défense aérienne Patriot – s’élevait à « 50 millions de dollars ou plus ». Les données de SAM montrent qu’il s’élevait en réalité à plus de 195,5 millions de dollars.
Le résultat de ce traçage trouble ? Le public ne sait pas où, combien et à qui les armes américaines sont vendues, résume Christina Arabia.
« Le rapport d’une commission contient des informations sur le type d’arme », explique-t-elle. « Ensuite, un autre rapport d’une autre commission indiquera le nom du pays, puis je devrai contacter une autre commission pour connaître le montant de la vente. »
Parfois, l’experte obtient les chiffres uniquement parce qu’elle a noué des relations avec des membres spécifiques du personnel de la commission. Elle dit que depuis les élections américaines de mi-mandat en novembre, lorsque les démocrates ont pris le contrôle de la Chambre des représentants, elle n’a pas été en mesure d’obtenir son flux habituel d’informations.
Néanmoins, Christina Arabia a peu à peu constitué une base de données sur les accords commerciaux conclus avec l’Arabie saoudite et les EAU.
En combinant les chiffres du gouvernement et des accords commerciaux qu’elle a suivis, les totaux qu’elle a obtenus montrent que les États-Unis ont convenu de plus de 54,1 milliards de dollars d’armes et d’entraînement avec les Saoudiens et de plus de 14 milliards de dollars avec les EAU depuis l’intervention de la coalition dans la guerre.
Leurs chiffres ne remontent que jusqu’en 2015, il est donc impossible de savoir combien d’armes les États-Unis ont vendu à la coalition sur le plan commercial avant la guerre. Les programmes commerciaux et gouvernementaux de vente ont tous deux commencé en 1976.
Bien que le département d’État atteste de l’exactitude de ses chiffres, Christina Arabia pense qu’elle pourrait être encore des milliards de dollars en-deça de la réalité.
Il est désormais clair, au vu des données de SAM, que les États-Unis ont approuvé des accords sur les armes avec l’Arabie saoudite et les EAU quelques semaines à peine après l’utilisation par la coalition de bombes américaines pour tuer des civils au Yémen et après le meurtre brutal de Jamal Khashoggi, éditorialiste du Washington Post et de Middle East Eye.
Le 6 décembre, deux mois après le démembrement de Khashoggi au sein du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, le gouvernement Trump a approuvé un accord commercial portant sur une mise à niveau pour plus de 195,5 millions de dollars du système de défense antimissile Patriot en Arabie saoudite. Les Saoudiens utilisent un système Patriot pour se défendre contre les attaques à la roquette des Houthis.
Exemples d’accords conclus peu de temps après les attaques de la coalition utilisant des armes américaines :
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Le 9 août 2018, une bombe de la coalition a frappé un car scolaire dans le nord du Yémen, transportant des garçons en excursion. Elle a tué 54 personnes, dont 44 enfants. Une semaine plus tard, le Congrès était informé d’un accord commercial d’une valeur de 344,8 millions de dollars avec les EAU pour des pièces de rechange pour un système de défense antimissile Patriot.
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Le 17 août, CNN a annoncé que la bombe utilisée lors de l’attaque contre le car scolaire avait été fabriquée par la société américaine Lockheed Martin, le plus grand fabricant d’armes au monde. Trois jours après la diffusion du reportage de CNN, l’administration Donald Trump a passé un accord avec les EAU pour 10,4 millions de dollars pour des pièces de fusil.
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Des pilotes de la coalition dirigée par les Saoudiens ont bombardé un mariage au nord-ouest de Sanaa, la capitale du Yémen, le 22 avril 2018. Ce bombardement aurait fait au moins 33 morts, dont la mariée. Quelques jours plus tard, le site internet d’investigation Bellingcat a prouvé que la société américaine Raytheon avait fabriqué une partie d’une bombe trouvée sur les lieux de l’attaque. L’administration Trump a approuvé le 21 juin un accord commercial avec les Saoudiens portant sur un montant de 2,1 millions de dollars de fusils et de lance-grenades.
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Le 25 août 2017, une bombe à guidage laser a touché un quartier résidentiel de Sanaa et tué un couple et cinq de leurs six enfants. Une photo de Buthaina, âgée de 5 ans – le seul membre de la famille à avoir survécu – prise peu de temps après l’attaque est devenue virale. Sur celle-ci, tuméfiée et meurtrie, elle écarte les paupières pour voir. Un mois plus tard, Amnesty International a prouvé qu’un morceau de bombe trouvé dans les ruines avait été fabriqué par Raytheon. Quelques semaines plus tard, le 6 octobre, les États-Unis ont autorisé un accord sur l’envoi d’un système de défense antimissile THAAD d’une valeur de 15 milliards de dollars à Riyad.
Des attaques de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et des accords d’armement conclus par les États-Unis ont eu lieu également en 2016 et 2015, alors que l’ancien président des États-Unis, Barack Obama, était encore à la Maison-Blanche.
Juste avant qu’Obama ne quitte ses fonctions, son administration, qui avait autorisé des ventes d’armes aux Saoudiens pour une valeur de 117 milliards de dollars en huit ans, avait mis fin à la vente de munitions à guidage de précision en raison des craintes en matière de droits de l’homme suscitées par les attaques menées par la coalition saoudienne.
En mai 2017, lorsqu’il était en Arabie saoudite à l’occasion de sa première visite à l’étranger en tant que président, Donald Trump a annoncé qu’il annulerait cette suspension.
En raison du conflit en cours, le Yémen – déjà l’un des pays les plus pauvres du Moyen-Orient – « a quasiment cessé d’exister », selon l’ONU, qui a déclaré que le pays était actuellement confronté à « la pire crise humanitaire provoquée par l’homme à notre époque ».
Mais alors que les contrats d’armement gouvernementaux et commerciaux américains conclus avec des pays de la coalition saoudienne s’élèvent à des dizaines de milliards de dollars, de nombreuses armes de fabrication américaine finissent également entre les mains des camps belligérants au Yémen par le biais de canaux officieux.
« Il est tellement normal de trouver des armes américaines au Yémen »
– Nadwa al-Dawsari, Center for Civilians in Conflict
Dans le nord du Yémen contrôlé par les Houthis, un marchand d’armes a proposé plus tôt cette année à un journaliste d’ARIJ qui se faisait passer pour un acheteur un fusil M4 au prix de 4 500 dollars.
D’après le journaliste – qui a demandé à rester anonyme pour des raisons de sécurité –, il est courant de voir des armes à feu et des grenades américaines sur les marchés d’armement yéménites et l’on peut en trouver dans le nord comme dans le sud. Lorsque les combattants houthis attaquent les positions de la coalition, ils prennent souvent leurs armes, indique-t-il. Il existe également un marché noir, où des commerçants en réseau achètent et vendent des armes.
« Il est tellement normal de trouver des armes américaines au Yémen », commente Nadwa al-Dawsari, directrice pour le Yémen du Center for Civilians in Conflict, une ONG basée à Washington, D.C..
En réalité, la présence d’armes de fabrication américaine à travers le pays « ne surprend aucun Yéménite ».
Cela est en partie dû au fait que les États-Unis ont soutenu l’ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh dans la prétendue guerre contre le terrorisme après le 11 septembre 2001, explique Nadwa al-Dawsari. Un ancien ambassadeur américain au Yémen a déclaré en 2009 que les États-Unis avaient dépensé plus de 115 millions de dollars pour équiper les forces de Saleh.
En 2015, le Pentagone a également perdu la trace de 500 millions de dollars d’armes à feu, d’avions et d’autres types de matériel militaire au Yémen.
Aujourd’hui, la coalition dirigée par l’Arabie saoudite semble détourner des véhicules blindés de fabrication américaine vers des milices locales, en violation des accords d’armement, selon un reportage de l’ARIJ publié l’an dernier.
Le documentaire montrait que les brigades Abou al-Abbas – un groupe salafiste à Ta’izz soutenu par les Émiratis, dont le chef figure maintenant sur la liste américaine des organisations terroristes – avaient reçu trois véhicules blindés Oshkosh M-ATV de fabrication américaine en novembre 2015.
Le drapeau du Yémen du Sud a également été aperçu sur un autre véhicule de ce type, un BAE Caiman MRAP, généralement utilisé par les milices yéménites soutenues par les Émirats arabes unis. Abou Dabi affirme avoir formé environ 25 000 soldats yéménites.
Au-delà des armes, de la formation et de l’assistance technique, il est impossible de mesurer l’ampleur de l’implication américaine au Yémen dans la guerre et dans la lutte contre le terrorisme.
Les États-Unis ont fourni à la coalition un soutien en matière de renseignement et des conseils militaires, selon un rapport du Service de recherche du Congrès. Quant au ravitaillement en vol des avions saoudiens, il a été arrêté en novembre, d’après le département américain de la Défense.
Cependant, alors que les pressions se poursuivent pour faire cesser toute assistance à la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, l’administration Trump a martelé que la situation des Yéménites serait pire – et que le nombre de victimes civiles serait bien plus élevé – sans son implication dans la guerre.
L’administration soutient également que la menace iranienne justifie la poursuite des ventes d’armes américaines à la coalition saoudienne.
« Si vous vous souciez vraiment de la vie des Yéménites, vous devez soutenir l’effort mené par l’Arabie saoudite pour empêcher le Yémen de se transformer en un État fantoche de la République islamique corrompue et brutale d’Iran », a déclaré le secrétaire d’État américain Mike Pompeo lors d’un récent point presse.
Les responsables de l’administration Trump ont également insisté sur le fait qu’ils veillaient à ce que les armes ne soient pas utilisées pour commettre des violations des droits de l’homme. « Nous ne fournirons pas d’armes là où nous pensons qu’elles seront utilisées pour commettre une violation flagrante des droits de l’homme », a assuré Tina Kaidanow, chargée des ventes d’armes pour le département d’État américain, lors d’une conférence l’an dernier.
Un responsable du département d’État américain a indiqué que les ventes de matériel de défense américain dans le Golfe s’inscrivaient dans le cadre d’un engagement en faveur de la stabilité régionale et que le nombre de morts civiles augmenterait probablement sans la pression américaine sur les Saoudiens.
Pourtant, le département de la Défense a déclaré qu’il ne surveillait pas les avions de la coalition, ni leurs cibles, ni le succès de leurs missions après le ravitaillement.
Ce point de vue a été contesté : un ancien conseiller du département d’État qui a travaillé avec la coalition jusqu’en 2017 a notamment déclaré au New York Times que les officiers américains avaient accès à une base de données détaillant toutes les frappes aériennes.
« Sur la question des frappes aériennes, le Pentagone a menti sur tout ce qu’il savait », estime William Hartung.
Dans le même temps, une nouvelle politique de transfert d’armes adoptée sous Trump, qui encourage les marchands d’armes à être plus proactifs et assouplit les restrictions sur les produits manufacturés, vise à accroître la compétitivité des États-Unis sur le marché mondial de l’armement et à créer davantage d’emplois.
« Sous cette administration, il n’y aura pas de défenseur plus actif des ventes américaines que le gouvernement américain lui-même », a affirmé Tina Kaidanow.
Il est par ailleurs de plus en plus probable que les futurs contrats d’armement avec la coalition saoudienne soient conclus sur le volet commercial, alors que la pression monte de plus en plus pour que les États-Unis mettent fin à leur rôle dans la guerre, indique Christina Arabia.
Le dernier contrat en date de 195,5 millions de dollars conclu avec l’Arabie saoudite pour des travaux liés au système de défense aérienne Patriot « aurait probablement été bloqué au Congrès » s’il avait été conclu avec le gouvernement, ajoute-t-elle.
Raytheon a refusé de répondre aux questions relatives aux droits de l’homme et à toute responsabilité pouvant lui être imputée pour des morts civiles au Yémen. « Je ne pense pas que nous ayons des choses à vous dire à ce sujet », a indiqué un porte-parole par téléphone.
Lockheed Martin n’a pas répondu à plusieurs demandes de commentaires formulées autour de ces mêmes questions.
Le volume d’armes et de formation que les États-Unis fournissent à la coalition signifie que l’Arabie saoudite comme les Émirats arabes unis leur sont fortement tributaires pour leur effort de guerre au Yémen. Ceci vaut particulièrement pour les Saoudiens.
« Il faudrait des décennies pour que le royaume se libère de sa dépendance vis-à-vis de l’équipement, de la formation et du soutien des États-Unis », a écrit William Hartung dans un récent rapport.
Selon ce même rapport, plus des deux tiers de la flotte saoudienne prête au combat proviennent des États-Unis. En novembre 2015, les États-Unis ont conclu des contrats d’un montant d’1,29 milliard de dollars portant sur des bombes, des ogives et des kits de guidage laser, dans la mesure où les fournitures saoudiennes étaient « épuisées ».
Les États-Unis fournissent également la majeure partie des armes utilisées par les Émirats arabes unis et ont formé des milliers de leurs soldats. Selon Hartung, 78 des 138 avions de chasse émiratis proviennent des États-Unis.
L’expert estime qu’un retrait de tous les canaux de soutien militaire à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis « entraverait leur capacité à mener la guerre au Yémen [et] en particulier leur guerre aérienne sans discrimination ».
Il accuse l’administration de « [donner son aval] à tout ce que font ces pays » au Yémen, où environ 24 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire et plus de 67 000 civils et combattants ont été tués. « C’est fondamentalement une alliance tacite », affirme-t-il.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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