Le veto de Trump va entraîner la livraison de plus d'armes étatsuniennes pour tuer des civils au Yémen (IPS)

Le veto de Trump va entraîner la livraison de plus d'armes étatsuniennes pour tuer des civils au Yémen
Article originel : Trump’s Veto Will Trigger More US Arms to Kill Civilians in Yemen
Par Thalif Deen
Inter Press Service

Salman Trump (c) Reuters

NATIONS UNIES, 18 avril 2019 (IPS) - La décision du Président Donald Trump d'opposer son veto à une résolution bipartisane du Congrès visant à mettre fin à la participation militaire étatsunienne à un conflit dévastateur de quatre ans mené par les Saoudiens au Yémen - devrait aggraver la guerre en cours dans cette région en proie à des troubles.

Les armes utilisées par les Saoudiens dans le bombardement imprudent de cibles essentiellement civiles, y compris des écoles et des hôpitaux, proviennent en grande partie des États-Unis : F-15, hélicoptères Bell, drones, missiles air-sol, chars de combat M60, bombes guidées par laser et artillerie lourde.

Le veto de Trump, le 16 avril, devrait assurer le flux ininterrompu d'armes étatsuniennes dans une zone de guerre décrite par les Nations Unies comme "la pire catastrophe humanitaire au monde".

Dans son dernier rapport publié le mois dernier, le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) a indiqué que les importations d'armes par les pays du Moyen-Orient ont augmenté de 87 % entre 2009-2013 et 2014-2018 et représentaient 35 % des importations mondiales d'armes en 2014-2018.

L'Arabie saoudite est devenue le premier importateur mondial d'armes en 2014-18, avec une augmentation de 192 % par rapport à 2009-13.

Actuellement, les États-Unis sont l'un des plus grands fournisseurs d'armes de l'Arabie saoudite.

Citant des estimations conservatrices de l'ONU, Ole Solvang, directeur politique du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), a déclaré à IPS que quelque 17 700 civils avaient été tués dans les combats depuis 2015.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 2 310 personnes sont mortes du choléra et 85 000 enfants de moins de cinq ans sont morts de faim.

Solvang a déclaré que l'augmentation du nombre de bombes et d'armes au Yémen ne fera qu'accroître les souffrances et la mort.

"En apportant un soutien militaire et diplomatique aussi important à l'une des parties au conflit, les États-Unis approfondissent et prolongent une crise qui a des conséquences immédiates et graves pour le Yémen, et les civils en paient le prix ", a-t-il souligné.

David Miliband, président de l'International Rescue Committee, a qualifié le veto de Trump de "moralement et stratégiquement malavisé".

Il s'agissait du deuxième veto de Trump, le premier étant le rejet d'une résolution bipartite du Congrès visant à renverser sa déclaration d'"urgence nationale" à la frontière sud-ouest pour retenir les immigrants et les réfugiés des États-Unis.

Justifiant les ventes d'armes étatsuniennes à l'Arabie Saoudite, Trump a déclaré à plusieurs reprises que si les États-Unis ne vendent pas d'armes, les Chinois et les Russes les vendront.

Lorsqu'on lui a demandé si cet argument était valable, Solvang du NRC a répondu à IPS : " Je n'ai aucune idée si les Chinois ou les Russes allaient intervenir pour remplacer les ventes d'armes étatsuniennes. Comme nous le savons maintenant, il ne manque pas de pays disposés à vendre des armes à la coalition (saoudienne)" - à en juger par les dernières révélations en provenance de France et par les informations précédentes en provenance du Royaume-Uni.

"L'argument est fondamentalement hors de propos et évite la question de savoir si les Etats-Unis veulent être complices de l'assassinat de civils au Yémen. Le Congrès pense que les États-Unis ne devraient pas l'être et c'est ce qui est important ici ", a-t-il déclaré.

Dans le même temps, les livraisons d'armes étatsuniennes à la coalition dirigée par les Saoudiens sont également considérées comme un mouvement dirigé contre l'Iran, qui est allié aux Yéménites pris au milieu d'un affrontement plus vaste entre l'Iran d'un côté et les États-Unis et les Saoudiens de l'autre.

Solvang a déclaré que c'était aussi la justification de Trump pour son veto.

Il a souligné que les Etats-Unis considèrent Ansar Allah, également connu sous le nom de Houthis, comme une force iranienne de substitution, et que l'aide étatusnienne à la Coalition fait partie de la lutte plus large menée dans la région contre l'Iran.

"Ce point n'est pas contesté et l'analyse est accueillie avec enthousiasme par les principaux responsables de l'administration, tels que le secrétaire d'État Mike Pompeo, qui a accusé Ansar Allah d'être la cause première de la catastrophe humanitaire au Yémen.

Cela ne dispense toutefois pas les États-Unis de leurs obligations de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger les civils. Cela implique notamment d'exercer autant de pression que possible - en privé et en public - sur la coalition pour qu'elle respecte les lois de la guerre, a déclaré M. Solvang.

Et, en fin de compte, si les Etats-Unis constatent qu'ils ne sont pas en mesure de modifier suffisamment le comportement de la coalition, de mettre fin à la coopération ou de risquer de devenir complices des abus, ces obligations sont les mêmes pour toutes les parties en guerre au Yémen.

Interrogé sur l'augmentation du nombre de victimes, il a souligné qu'au cours des trois premiers mois de cette année seulement, l'analyse du NRC sur les attaques contre les civils révèle que le nombre de victimes civiles à Hajjah et Taiz a plus que doublé depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu de Hodeida et de l'Accord de Stockholm, avec respectivement 164 et 184 morts.

On estime à 788 le nombre de victimes civiles dans tout le pays depuis le 18 décembre de l'année dernière. La majorité d'entre elles, soit 318 personnes, ont été tués par des bombardements. Dans tout le Yémen, 1 631 maisons, 385 fermes, 47 entreprises locales et 13 écoles ont été attaquées pendant la même période.

Entre-temps, dans une déclaration publiée le 17 avril, les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont réitéré leur appel aux parties (belligérantes) pour qu'elles remplissent leurs obligations en vertu du droit international des droits humains et du droit international humanitaire, notamment en assurant la protection des civils.

Ils se sont déclarés profondément préoccupés par l'impact dévastateur que ce conflit a eu sur les civils, en particulier les enfants yéménites.

Ils ont rappelé à toutes les parties leurs obligations à l'égard des enfants touchés par les conflits armés et les ont invitées à collaborer de manière constructive avec la Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés pour mettre en œuvre leurs engagements et obligations.

L'auteur peut être contacté à l'adresse suivante : thalifdeen@ips.org

Traduction SLT avec DeepL.com

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