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Massacres au Mali : comment la « guerre contre le terrorisme » alimente les violences tribales au Sahel (Middle East Eye)

par MEE 11 Juin 2019, 20:31 Massacre Dogon Violences Terrorisme Sahel

Massacres au Mali : comment la « guerre contre le terrorisme » alimente les violences tribales au Sahel (Middle East Eye)
Dans la nuit du 8 au 9 juin, une nouvelle attaque a fait une centaine de morts dans un village dogon au centre du Mali, mettant en lumière la grave crise qui persiste dans la région.

 

Un bilan estimé à une centaine de morts, des maisons incendiées, des animaux abattus : dans la nuit de dimanche à lundi, une attaque a ravagé un village dogon du centre du Mali où le cycle d’atrocités entre communautés désormais antagonistes menace l’existence même du pays, a affirmé lundi le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). 

Cette attaque contre un village de la zone de Bandiagara, à l’est de Mopti, fait suite à un autre massacre, le 23 mars à Ogassogou, de quelque 160 Peuls attribuée à des chasseurs dogons dans cette région, proche de la frontière avec le Burkina Faso, devenue la plus violente du pays.

Un bébé de dix jours tué avec sa mère. Des gens jetés dans un fossé d’huile en feu avant d’être abattus. Un chef de village capturé et exécuté sommairement devant sa propre mère. Après le massacre d’Ogassogou, Hamadoun Dicko, un dirigeant peul du Mali, avait raconté à Middle East Eye la dernière attaque dévastatrice sur des membres de son groupe ethnique, qui compte près de trois millions de personnes dans cet État africain.  

« Un génocide est en cours contre la communauté peule au Mali »

- Hamadoun Dicko, dirigeant peul du Mali

Après avoir perdu neuf membres de sa famille aux mains de la milice Dan Na Ambassagou, il avait confié ne plus pouvoir retourner dans son village par crainte de mourir.

À l’époque, Ravina Shamdasani, porte-parole du bureau des droits de l’homme des Nations unies, avait qualifié les attaques d’« horribles ». 

Depuis l’apparition en 2015 dans la région du groupe islamiste armé du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs « groupes d’autodéfense ».

« Les Peuls pourraient être massacrés partout au Mali », assure Dicko, porte-parole de la section malienne de Tabital Pulaaku, qui représente les Peuls dans le monde entier. « Un génocide est en cours contre la communauté peule au Mali. La nation malienne est en danger et il est fort probable que les Peuls soient massacrés partout. Ils ne sont plus en sécurité. »

Cette violence intervient alors que la campagne militaire du Mali contre les groupes islamistes armés, soutenue par la communauté internationale, se transforme progressivement en guerre contre les Peuls, selon certains analystes.

La gravité de la situation est mise en évidence par une multitude de groupes liés à al-Qaïda en quête d’influence, des milices soutenues par l’armée avec des comptes à régler avec les tribus, et par une lutte désespérée pour l’eau et les terres dans un climat de catastrophe climatique imminente.

 

Tribus du Sahel

Environ 40 millions de Peuls vivent dans toute l’Afrique, principalement dans le Sahel, un paysage semi-aride qui s’étend de l’est à l’ouest de l’Afrique – de la mer Rouge à l’Atlantique – et qui s’étend à l’extrémité sud du désert du Sahara.

Tandis que certains occupent des postes de pouvoir et bénéficient de privilèges, beaucoup sont pauvres et entretiennent une tradition pastorale ancestrale, errant avec des troupeaux de bêtes à cornes à la recherche de pâturages frais et d’eau potable.

Les Dogon, un groupe beaucoup plus petit, sont concentrés dans le centre du Mali, où leurs maisons de boue sont perchées sur un paysage de falaises et de plateaux sablonneux.

Les Peuls sont en majorité musulmans, tandis que les Dogons adhèrent pour la plupart aux systèmes de croyances traditionnels, une minorité significative pratiquant également l’islam.

Ces dernières années, les Dogons ont constitué des milices armées, composées de bandes de chasseurs traditionnels appelés Dozo, pour se protéger des attaques de combattants liés à al-Qaïda, qui ont attiré un grand nombre de Peuls.

Selon Ibrahim Yahaya, de l’International Crisis Group (ICG), les Dogons perçoivent désormais les Peuls comme « complices des djihadistes » et ont attaqué leurs villages sans distinction....


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