Une manifestation devant le tribunal de Westminster exige la libération de Julian Assange, gravement malade
Par nos journalistes
WSWS, 1 juin 2019
Une centaine de personnes ont manifesté devant le tribunal de première instance de Westminster jeudi matin pour s’opposer à la procédure d’extradition américaine qui vise Julian Assange, fondateur de WikiLeaks.
L’audience d’hier aurait été la première depuis que le ministère américain de la Justice a porté 17 accusations supplémentaires contre Assange en vertu de la loi sur l’espionnage. Ils étaient assortis d’une peine d’emprisonnement de 175 ans. Mais on a reporté l’audience, l’avocat d’Assange, Gareth Peirce, ayant confirmé que son client était trop malade pour y assister.
Les autorités pénitentiaires ont transféré Assange à l’hôpital de la prison de Sa Majesté à Belmarsh et il n’a pu se présenter même par liaison vidéo. Depuis que la police a arrêté Assange illégalement à l’ambassade de l’Équateur à Londres, il a été détenu pratiquement au secret dans la prison de haute sécurité. Il purge une peine sadique de 50 semaines de prison imposée par les tribunaux pour une infraction mineure à la liberté sous caution dans des installations normalement réservées aux terroristes et aux figures du crime organisé.
Au tribunal, Gareth Peirce a dit à la juge, Emma Arbuthnot, qu’Assange n’était pas «très bien». Mais rien ne doit faire obstacle à l’establishment judiciaire britannique, qui s’acharne à faciliter l’extradition d’Assange. Arbuthnot a annoncé que la prochaine audience aurait lieu le 12 juin ou le 11 ou bien le 13 au tribunal de première instance de Belmarsh, voire à la prison de Belmarsh.
En dehors du tribunal, les partisans de Julian Assange ont fait sentir leur présence avec une protestation déterminée organisée par le Julian Assange Defence Committee (JADC) et soutenue par le Parti de l’égalité socialiste (SEP). Ils ont chanté des slogans comme «Les États-Unis, le Royaume-Uni — bas les pattes d’Assange!». «Il n’y a qu’une seule décision: pas d’extradition!» et «Dire la vérité n’est pas un crime — libérez Julian Assange».
Les pancartes faites maison comprenaient «Libérez Assange, Criminels de guerre en prison», «Libérez Julian Assange, nominé au prix Nobel de la paix» et «Libérez la Presse, Libérez Assange». Des banderoles et des pancartes du SEP exigeaient la liberté d'Assange et la lanceuse d’alerte Chelsea Manning a été emprisonné.
Lors de l’ouverture du rassemblement, Emmy Butlin du JADC a déclaré aux personnes présentes: «Le juge a reconnu que Julian Assange ne se portait pas bien. Évidemment, les informations parues dans la presse sur son état de santé et par le fait qu’il se trouve actuellement à l’hôpital de la prison de Belmarsh nous rendent extrêmement préoccupés. Nos pensées et nos prières l’accompagnent.»
Butlin a lancé un appel en faveur d’une participation maximale à l’audience du mois suivant et a présenté chacun des autres conférenciers.
Le vidéo-blogueur indépendant Gordon Dimmack a lu à haute voix la lettre qu'il avait reçue de Julian Assange la semaine précédente et a été applaudi en citant les mots d'Assange, «jusqu'à ce que je sois libre, chacun doit prendre ma place».
Chris Marsden, secrétaire national du Parti socialiste pour l’égalité, a déclaré: «Une abomination juridique a eu lieu dans cette cour aujourd’hui. Un homme innocent est en train de se faire trainer aux États-Unis par extradition… Julian Assange est désespérément malade et se trouve dans un service médical de la prison de Belmarsh. Rien n’arrêtera la brutalité de l’État britannique dans ses efforts de complicité avec les États-Unis pour faire taire Julian Assange. On doit qu’on arrête ça. Le moyen de l’arrêter est de mobiliser le pouvoir massif de la classe ouvrière, de mettre fin à cette parodie, à ce crime contre le journalisme, contre la vérité, dans la lutte contre la guerre.»
Marsden conclut: «Nous parlons au nom de millions de personnes dans le monde qui sont défenseurs de Julian Assange, défenseurs de WikiLeaks et défenseurs de la vérité… Tout dépend de la mobilisation des travailleurs, des jeunes contre l’establishment, contre les grands médias, contre les partis du grand capital et pour un véritable mouvement de masse contre la guerre, le colonialisme et l’oppression.»
Maxine Walker, du JADC, a déclaré aux manifestants: «Nous sommes ici aujourd’hui pour soutenir Julian Assange. En nous tenant à ses côtés, qu’est-ce que nous défendons? Nous défendons la vérité, nous défendons la liberté et nous défendons la démocratie. Et contre quoi nous battons-nous? Nous nous dressons contre la machine de guerre impérialiste qui a fait tout ce qui était en son pouvoir pour diaboliser et détruire Julian Assange et WikiLeaks. Le secret, les mensonges de la machine de guerre des pays impérialistes. Leur meurtre, leur torture, leurs restitutions, leurs coups d’État et leurs guerres. C’est ce que WikiLeaks nous a révélé.
«Nous avons choisi un camp. Nous avons choisi le côté de la justice. Et les tyrans et les psychopathes qui gouvernent le monde font tout ce qui est en leur pouvoir pour détruire Julian Assange, physiquement et mentalement. Ils veulent l’enfermer pour toujours, de l’enterrer et le rend un exemple aux autres si vous prenez position pour la vérité, voilà ce qui va vous arriver. C’est pourquoi cette lutte est si vitale».
À la fin du rassemblement, les manifestants se sont alignés sur le sentier en face de Marylebone Road, tenant leurs pancartes et banderoles bien en hauteur. La circulation était très dense dans les deux sens. Des dizaines de chauffeurs d’autobus, de camionneurs, de chauffeurs de taxi et de commerçants londoniens ont fait retentir leurs klaxons bruyamment. Ils ont salué les manifestants dans un geste de soutien soutenu. C’était la voix de la classe ouvrière, la puissante force sociale qui gagnera la liberté d’Assange.
Après s’être rassemblé devant le tribunal, un groupe de manifestants a décidé de piqueter les bureaux d’Amnesty International et du Guardian. Ils ont dénoncé le refus d’Amnesty d’inscrire Assange et Manning sur la liste des prisonniers de conscience et ont protesté contre la diffamation, la calomnie et l’assassinat du fondateur et journaliste de WikiLeaks par le Guardian.
(Article paru d’abord en anglais le 31 mai 2019)
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