Facebook et la censure: le soutien aux sans-papiers
Le Blog de Philippe Wannesson
Le parlement débat d’une loi pour confier aux plateformes le soin et l’obligation de censurer sous 24h certains contenus. Ce matin je poste sur facebook une pétition de soutien aux Gilets noirs, sans-papiers en lutte. Récit d’une censure brève, mais immédiate, par facebook.
Ce matin, je signe la pétition de pétition aux Gilets noirs et la poste sur facebook avec le commentaire pour éclairer le propos, "en soutien aux sans-papiers en lutte", et comme souvent je commence à partager dans quelques groupes concernés.
(l'adresse de la pétition, si vous voulez la signer : https://www.change.org/p/edouard-philippe-gilets-noirs-cherchent-1er-ministre )
Au bout de quelques minutes, un message s'affiche disant que je suis déconnecté de mon compte. Pour me reconnecter, je dois soit fournir un scan d'une pièce d'identité (qui sera conservé plus de 30 jours mais moins d'un an), soit reconnaître des "ami-e-s" à leur photo (j'utilise facebook à des fins presque exclusivement militantes, j'ai plus de 2000 contacts, dont beaucoup d'associations). La première option me pose beaucoup de questions, je choisis la deuxième. Par chance je réussis le test. Je suis obligé de changer mon mot de passe. J'accède enfin à mon compte.
J'y trouve une notification : "Cette publication ne respecte pas nos standards de la communauté en matière de contenu indésirable".

Je regarde ce que j'ai posté, et je ne vois pas, selon les standards de facebook, ce qui a pu provoquer l'ire de l'algorithme. Autre hypothèse, dans les minutes qui ont suivi la publication quelqu'un a signalé le contenu comme non respectueux des standards et facebook a censuré dans la foulée.
Il est possible de demander l'examen de la publication par un-e humain-e ("nous demanderons à quelqu'un de revoir la publication"). Je clique pour demander.

Je constate par contre que les partages que j'ai fait dans des groupes sont toujours visibles. Je m'en sers pour continuer à partager dans d'autres groupes.
Sept heures plus tard, la publication semble redevenue visible sur mon journal.

Mais l'espace assistance me dit qu'elle est toujours en examen.

Aucune explication n'est donnée. Est-ce l'algorithme qui est programmé pour ne pas aimer le soutien aux sans-papiers en lutte ? Quelqu'un-e a-t-il ou elle (qui ?) signalé ma publication à facebook, qui a censuré dans l'instant (en vertu de quoi ? toute dénonciation entraîne-t-elle une censure immédiate ? d'expérience, pas pour tous les contenus en tout cas). Opacité la plus totale.
Dans la perspective de la proposition de loi "visant à lutter contre les contenus haineux sur internet" qui vient d'être adoptée par l'Assemblée nationale, on peut essayer d'extrapoler comment facebook risquerait de gérer les contraintes pensant sur les plateformes (retirer tout contenu contrevenant à la loi en 24h) : signalement - censure automatique immédiate pour ne pas prendre de risque, des contenus et commentaires haineux il y en a potentiellement des milliers par jour - si la personne dont le contenu a été censuré proteste, "quelqu'un" (une personne humaine) s'occupe de son cas, et ça peut s'arranger en cas de signalement injustifié (vu l'activisme des trolls, il peut y en avoir aussi des milliers par jour). Potentiellement, les réseaux sociaux comme champ de lutte pour faire censurer versus faire décensurer.
En tout cas, un contenu en solidarité avec les sans-papiers a été censuré aujourd'hui pendant quelques heures.
La proposition de loi prévoit des sanctions lourdes contre les faux signalements intentionnels (un an de prison, 15 000 euros d'amende). Si la loi était en vigueur aujourd'hui, j'irais à la gendarmerie avec mes captures d'écran pour porter plainte ? Il faudrait que la loi permette de dissiper l'opacité actuelle, parce qu'en l'état, bonne chance pour le contentieux - bonne chance dès le dépôt de plainte.
Vous pouvez télécharger la proposition de loi telle qu'adoptée par l'Assemblée nationale ici (pdf, 69.5 kB).
Les articles du blog subissent encore les fourches caudines de la censure cachée via leur déréférencement par des moteurs de recherche tels que Yahoo, Qwant, Bing, Duckduckgo. Si vous appréciez notre blog, soutenez-le, faites le connaître ! Merci.
- Les articles de SLT toujours déréférencés sur Yahoo, Bing, Duckdukgo, Qwant.
- Contrairement à Google, Yahoo & Co boycottent et censurent les articles de SLT en les déréférençant complètement !
- Censure sur SLT : Les moteurs de recherche Yahoo, Bing et Duckduckgo déréférencent la quasi-totalité des articles du blog SLT !