Le nouveau gouvernement de droite bolivien cible les étrangers avec des escadrons de la mort "anti-terroristes".
Article originel : Bolivia’s New Right-Wing Gov’t Targets Foreigners With “Anti-Terror” Death Squads
Par Alan Macleod*
MintPress News
Des policiers armés près du palais présidentiel à La Paz, en Bolivie, le dimanche 10 novembre 2019. Juan Karita | AP
Le nouveau ministre bolivien de l'Intérieur, Arturo Murillo, a dévoilé un nouveau bataillon de policiers "anti-terroristes", fortement militarisés et vêtus de noir, visant à neutraliser ce que le gouvernement prétend être des groupes étrangers qui "menacent" le pays sud-américain.
"Ce groupe antiterroriste a pour mission de démanteler absolument toutes les cellules terroristes qui menacent notre pays, a déclaré Murillo lors d'une cérémonie officielle de lancement de cette force. Le ministre de l'Intérieur a posé pour des photos devant la force masquée et lourdement armée.
Murillo a justifié cette nouvelle création par une "grande conspiration contre toutes les Amériques " qu'il prétendait avoir découverte, affirmant que le gouvernement vénézuélien s'était allié au vice-président évincé Alvaro Garcia Linera pour inonder le continent de narco-terroristes et de trafiquants de drogue.
Il a ajouté que les politiciens vénézuéliens Nicolas Maduro et Diosdado Cabello " ont financé toute la terreur que nous avons vue ces derniers temps " en Bolivie, en faisant référence aux massacres qui ont fait plus de trente morts depuis le coup d'Etat du 10 novembre. Le chef de la police, Rodolfo Montero, a affirmé que l'unité est conçue pour "démanteler les groupes étrangers qui ont été formés et guidés pour semer la terreur parmi les citoyens".
Le président destitué Evo Morales a riposté au nouveau ministre de l'Intérieur en déclarant que " les conspirateurs qui se sont emparés du pouvoir en Bolivie inventent maintenant des histoires incroyables afin de blâmer les autres pour la terreur qu'ils imposent aux autres ", notant que le seul terrorisme dans le pays est leur attaque de "sang et de feu " sur le peuple bolivien.
Murillo a porté plainte contre Morales devant la Cour pénale internationale à La Haye, aux Pays-Bas, pour tenter de le faire condamner pour crimes contre l'humanité. Morales risque jusqu'à 30 ans de prison s'il est reconnu coupable.
Bien que le nouveau gouvernement ait présenté le bataillon comme une unité de lutte contre le terrorisme, il y a de bonnes raisons de craindre que la force ne cible des journalistes étrangers et des militants des droits humains qui pourraient présenter au monde extérieur une image du pays différente de celle que le gouvernement souhaite. Murillo a récemment menacé directement une délégation des droits de l'homme nouvellement arrivée d'Argentine. "Nous recommandons à ces étrangers qui arrivent... d'être prudents, a-t-il dit, nous vous regardons. Nous vous suivons ", les avertissant qu'il y aura une " tolérance zéro " pour tout " terrorisme " ou " sédition " de leur part. Il a ajouté qu'au premier faux pas qu'ils font, en essayant de commettre des actes de terrorisme et de sédition, ils devront traiter avec la police.
Le groupe de défense des droits de l'homme a répondu : "Alors que le gouvernement de facto nous accuse d'être des terroristes, nous avons commencé ce que nous sommes venus faire, à savoir recueillir des témoignages sur les différentes violations des droits de l'homme que le peuple bolivien subit". Murillo a tenu parole : la police a par la suite arrêté 14 membres de la délégation.
L'ironie, c'est que c'est précisément le nouveau gouvernement bolivien et les escadrons de la mort contrôlés par Murillo qui sont responsables de graves violations des droits humains dans tout le pays, dont deux massacres près des villes de Cochabamba et La Paz. Le mois dernier, l'armée a exigé que le président nouvellement élu Evo Morales démissionne, choisissant la sénatrice Jeanine Añez comme présidente, dans une action que la plupart des médias traditionnels ont refusé de qualifier de "coup". Cette décision a été saluée par l'administration Trump, mais condamnée par de nombreux membres de la gauche du Parti démocrate, dont le sénateur Bernie Sanders. Añez a immédiatement exonéré toutes les forces de sécurité des crimes passés et futurs au cours de ce qu'elle a appelé le " rétablissement de l'ordre ", largement compris comme leur accordant un permis de tuer en toute impunité. Morales a été contraint à l'exil et Murillo a commencé à "traquer" les élus pro-Morales comme les "animaux" qu'ils étaient, selon ses propres termes.
Le nouveau gouvernement a également attaqué la presse, forçant les médias internationaux critiques, comme TeleSUR et RT en Español, à cesser de diffuser. Pendant ce temps, un membre des forces de sécurité a lancé du gaz lacrymogène en direct sur les ondes d'une annexe d'Al-Jazeera. D'autres journalistes ont tout simplement été arrêtés et ont disparu.
Tout au long de ce processus, l'Organisation des États américains et les médias ont blanchi les événements, affirmant que l'élection de Morales était frauduleuse et soutenant le nouveau "gouvernement intérimaire de transition". Plus de 100 économistes, statisticiens et universitaires ont signé lundi une lettre confirmant qu'après une analyse minutieuse, les résultats de l'élection d'octobre que Morales a remportée étaient tout à fait légitimes. Ils affirment que l'OEA doit répondre de son rôle en soutenant le coup d'État, en contribuant aux violations des droits de l'homme et à la terreur d'État qui sévit dans le pays.
La nouvelle mesure créant une force de sécurité armée irresponsable visant directement le terrorisme étranger ne contribuera guère à dissiper les craintes que la Bolivie ne s'engage sur la voie d'une dictature totalitaire, sans liberté d'expression.
MintPress News a largement couvert la situation en Bolivie. Pour en savoir plus, cliquez ici.
* Alan MacLeod est rédacteur à MintPress ainsi qu'universitaire et rédacteur pour la revue Fairness and Accuracy in Reporting. Son livre, Bad News From Venezuela : Twenty Years of Fake News and Misreporting a été publié en avril.
Contact : samlatouch@protonmail.com
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