La guerre aérienne en Afghanistan s'étend des deux côtés (Moon of Alabama)

La guerre aérienne en Afghanistan s'étend des deux côtés
Article originel : The Air War In Afghanistan Expands On Both Sides
Moon of Alabama

Sous l'administration Trump, les attaques aériennes étatsuniennes en Afghanistan ont fortement augmenté. Mais il semble maintenant que les Talibans aient acquis des moyens pour les contrer.

L'année dernière, les États-Unis ont largué un nombre record de bombes sur l'Afghanistan, ce qui a entraîné une augmentation constante du nombre de victimes parmi les civils :

    Selon les statistiques sur la puissance aérienne 2013-2019 publiées fin janvier par le commandant de la composante aérienne des forces combinées (CFACC), 7 423 missions effectuées en Afghanistan en 2019 ont entraîné la diffusion d'armes. Il y a eu plus de sorties d'armes pendant la plupart des mois de l'année que pendant les mois correspondants depuis que les registres ont été publiés pour la première fois en 2009, le mois de septembre enregistrant le plus grand nombre de sorties d'armes pour l'année, soit 948.

    Le record annuel précédent était de 7 362 en 2018, et les deux dernières années ont vu plus de sorties d'armes en Afghanistan que le nombre combiné de 2012 à 2017.

Vingt bombardements par jour, c'est un chiffre assez étonnant. De nombreux civils sont tués lors de cette campagne de bombardement étatsunienne. Les États-Unis semblent souvent ne pas savoir qui ils frappent. Ce rapport de la semaine dernière est typique :

    Une attaque de drone menée par les forces étatsuniennes au début du mois dans l'ouest de l'Afghanistan qui visait apparemment un groupe de Talibans dissidents a également tué au moins 10 civils, dont trois femmes et trois enfants, a déclaré mercredi un responsable des droits de l'homme afghan et un membre du conseil.
    ...
    Il n'y a eu aucun commentaire immédiat de la part de l'armée afghane ou des forces étatsuniennes. Mais Wakil Ahmad Karokhi, un membre du conseil provincial de Herat, a déclaré que l'attaque du 8 janvier a également tué le commandant d'un groupe dissident taliban, connu sous le nom de Mullah Nangyalia, ainsi que 15 autres militants.
    ...
    Les funérailles du commandant ont eu lieu le lendemain dans le quartier de Guzargah, dans la capitale provinciale de Herat, et des dizaines de militants y ont assisté.

    Karokhi a critiqué la frappe comme une "énorme erreur", affirmant que le commandant avait été un tampon utile contre les Talibans dans le district de Shindand, prenant les armes avec ses combattants contre les insurgés "quand personne d'autre ne le faisait" et laissant les civils de la région en paix.

L'armée étatsunienne, ses alliés et les représentants afghans ne sont pas les seuls à se battre. Les Talibans peuvent riposter par des hélicoptères et des avions et, à en juger par le nombre d'incidents aériens récents, ils ont maintenant trouvé des moyens efficaces pour le faire. Il y a deux jours, ils ont détruit un autre hélicoptère :

    Drexluddin Spiveyzai @RisboLensky - 9:44 UTC - Jan 25, 2020

    Hélicoptère touché par un missile dans la région de Kajaki du #Helmand 4 soldats blessés via @TOLOnews #Afghanistan

    Son drapeau #Moldova. L'hélicoptère a été gravement touché. Un vrai miracle qu'il n'y ait pas eu de morts

    #Les Talibans ont pris la responsabilité d'abattre un hélicoptère militaire à Helmand en Afghanistan

    C'est le 4ème hélicoptère qui s'est écrasé en janvier

    Vidéo de Kajaki

Quatre pertes d'hélicoptères en un mois, c'est assez significatif.

Plus tôt dans la journée, on a appris qu'un avion de ligne civil afghan s'était écrasé. Ces informations se sont avérées fausses. Mais un avion s'était en effet écrasé dans la province de Ghazni, au sud de Kaboul. Il s'agissait d'un avion militaire :

    Harry Boone @towersight - 12:37 UTC - Jan 27, 2020

    L'épave de l'avion qui s'est écrasé aujourd'hui en Afghanistan semble être un Bombardier Global 6000 / E-11A "BACN" de l'USAF (Battlefield Airborne Communications Node)

    Quatre E-11A étatsuniens sont affectés au 430e Escadron expéditionnaire de combat électronique et opèrent généralement depuis Kandahar AB.

Il y a une vidéo de l'avion brûlé.

Selon des sources afghanes, les Talibans ont allégué avoir abattu l'avion. D'autres démentent cela. Mais ce qui est sûr, c'est que l'avion s'est écrasé sur un territoire tenu par les Talibans. Au moins deux personnes à bord ont été tuées.

Les stations de relais radio volantes "BACN" sont en Afghanistan depuis un certain temps. Selon un rapport militaire de mars 2017 :

    Qualifié d'"aussi essentiel au succès de la mission que les balles", le nœud de communication aéroporté E-11A du champ de bataille a effectué sa 10 000e sortie le 24 février 2017 à l'aérodrome de Kandahar, en Afghanistan, depuis son arrivée dans ce pays il y a huit ans.

    Le 430e Escadron électronique expéditionnaire opérant à partir de Kandahar est la seule unité de l'armée de l'air étatsunienne qui utilise le E-11A avec la charge utile BACN. Il a été créé pour répondre à ce que l'on appelle un besoin opérationnel urgent commun, lorsqu'il a été constaté que le terrain de l'Afghanistan posait de sérieux problèmes de communication.

Il semble qu'il n'existe que quatre de ces avions qui sont des jets d'affaires Bombardier Global 6000 à ultra long rayon d'action fortement modifiés. Ils ne sont utilisés qu'en Afghanistan.

La perte est importante. Les troupes au sol dépendent des communications radio lorsqu'elles dirigent les bombardiers vers leurs cibles. Sans les stations relais volantes, elles n'ont aucune chance de le faire dans les montagnes afghanes.

On ne sait pas quels sont les nouveaux moyens dont disposent les Talibans pour abattre les avions et les hélicoptères. En 2018, quelques missiles antiaériens Stinger ont été trouvés lors d'un raid sur des Talibans. Mais ils semblent avoir été vieux et ne fonctionnaient probablement plus. Les hélicoptères peuvent être abattus avec des mitrailleuses ou même avec des missiles antichars (RPG).

Mais les E-11A volent généralement à une altitude importante et l'avion écrasé n'était pas près d'un aéroport. Les missiles portables de défense aérienne (MANPAD) habituels, comme ceux que les États-Unis ont fait tels que le Stinger, n'atteignent qu'une altitude maximale de 3 500 mètres.

Cela ouvre la possibilité que les Talibans aient acquis de nouvelles réserves de missiles plus grands. On peut se demander d'où ils viendraient.

Le 5 janvier, le leader du Hezbollah Hassan Nazrallah a annoncé comment l'"axe de la résistance" allait réagir au meurtre par les Etats-Unis du général iranien Soleimani et du leader irakien du PMU Al-Muhandis.

    La réponse au sang de Soleimani et d'Al-Muhandis doit être l'expulsion de toutes les forces étatsuniennes de la région.

L'utilisation de moyens efficaces pour abattre même les avions étatsuniens volant à haute altitude serait un moyen possible d'atteindre cet objectif.

Mais l'Iran n'est pas la seule source possible de tels missiles. La Chine et la Russie produisent également des missiles anti-aériens efficaces et les militaires du Pakistan et du Tadjikistan les ont achetés en grand nombre. Tous ces pays s'abstiennent généralement de fournir des missiles anti-aériens aux militants car ils pourraient également mettre en danger leurs propres avions (civils).

Mais la perte de cinq avions en un mois en Afghanistan pourrait bien signifier que la situation a changé.

Traduction SLT

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