Le secours humanitaire au Yémen menacé après des attaques contre des ONGs assurant l'aide (MEE)

Le secours humanitaire au Yémen menacé après des attaques contre les groupes d'aide
Article originel : Yemen's lifeline threatened by attacks on aid groups
Middle East Eye

Les ONG internationales ont suspendu leurs activités dans le sud-ouest du Yémen après des attaques ce week-end par des combattants inconnus.

Après presque cinq ans de guerre, des millions de Yéménites sont devenus dépendants de l'aide pour leur survie, mais ils craignent maintenant d'être coupés de cette bouée de sauvetage cruciale après les attaques contre les groupes d'aide internationale opérant dans leur pays.

Un certain nombre d'organisations non gouvernementales internationales (ONGI) ont suspendu leur travail dans la région d'Al-Dhale'e après que leurs bureaux aient été attaqués à la roquette au cours du week-end.

Les attaques dans le sud-ouest du Yémen font suite à une campagne menée contre les groupes d'aide, les accusant d'être des "ennemis de l'Islam" et d'utiliser leur travail comme façade pour leurs activités missionnaires.

Fahd, un enseignant qui a préféré ne pas utiliser son vrai nom, a déclaré à Middle East Eye qu'ils ont entendu des explosions samedi et dimanche et ont découvert plus tard que les bureaux de plusieurs organisations d'aide ont été touchés.

Les hommes armés inconnus ont attaqué les bureaux d'Oxfam, de Mercy Corps, de l'International Rescue Committee (IRC), d'ACTED et du Centre Haya, forçant toutes les ONGI d'Al-Dhale'e à suspendre leurs activités.

" Ces organisations sont venues pour réduire nos souffrances, mais des gens stupides les ont attaquées et maintenant les personnes dans le besoin ne trouveront personne pour les aider ", a déclaré Fahd.

"J'espère que les autorités d'Al-Dhale'e arrêteront les attaquants et sauveront la province pour aider les ONGI à reprendre leurs activités."

On estime que 80 pour cent de la population du Yémen - 24 millions de personnes - ont besoin d'une forme d'aide humanitaire ou de protection, et beaucoup d'entre eux en dépendent.

Selon les Nations Unies, au moins 12 organisations ont suspendu leurs opérations et ont dit à leur personnel de rester chez eux, une mesure qui touche plus de 200 000 résidents locaux.

"Nous sommes extrêmement préoccupés par la sécurité de notre personnel qui vit et travaille dans cette zone ", a déclaré Salma Ben Aissa, directrice adjointe des programmes du Yémen à l'IRC.

"Ceux qui souffriront le plus sont des Yéménites innocents qui bénéficient du travail essentiel de l'IRC en matière de santé, de protection et d'éducation dans cette région ", a-t-il ajouté.

Agitation contre les groupes d'aide
Bien que l'identité des attaquants ne soit pas connue, Fahd a déclaré qu'il pensait que les attaques étaient le résultat d'une récente campagne contre les groupes d'aide, les accusant d'être anti-islamiques.

Il a déclaré que les sermons prononcés par les partisans de la ligne dure pendant les prières du vendredi avaient commencé à accuser les groupes d'essayer de convertir les musulmans au christianisme et de subvertir les valeurs culturelles et morales yéménites.

" C'était la première fois que des prédicateurs parlaient de cette question, mais après la prière, j'ai senti que certaines personnes croyaient en l'opinion du prédicateur ", a dit Fahd. "Cependant, beaucoup d'autres ne l'ont pas fait, car nous avons ressenti les effets de ces organisations au cours des quatre dernières années".

Personne n'a encore revendiqué la responsabilité des attaques du week-end et les forces de sécurité n'ont arrêté personne pour enquête.

Les employés de l'une des organisations internationales, qui ne voulaient pas être nommés pour leur sécurité, ont dit au MEE qu'ils avaient également été confrontés à des défis de la part de tribus soucieuses de préserver les traditions conservatrices.

" Certaines tribus à Al-Dhale'e accusent les travailleurs humanitaires d'être des missionnaires et ils pensent que nous brisons les tabous yéménites dans nos rapports avec les femmes et dans d'autres domaines ", ont-ils dit.

"Les autorités ne peuvent pas faire face à ces tribus pour sauver les travailleurs humanitaires, alors nous avons dû fuir vers Aden et seuls quelques uns qui sont originaires d'Al-Dhale'e sont restés là-bas".

Ils ont déclaré que leur organisation ne retournerait pas à Al-Dhale'e tant que les autorités ne pourraient pas garantir la sécurité des travailleurs humanitaires.

Le Conseil de Transition du Sud (CTS), soutenu par les Émirats, contrôle la majeure partie de la province d'Al-Dhale'e et les attaques ont eu lieu dans les zones sous son contrôle.

Ahmed Muthana, officier du CTS, a déclaré au MEE qu'il était contre ces attaques et qu'il avait mené une enquête à ce sujet.

" Nous ne pouvons pas nier le rôle de ces organisations et la majorité des habitants d'Al-Dhale'e soutiennent leur travail, mais il y avait des gens qui essayaient de créer le chaos dans la province ", a déclaré Muthana.

Le Yémen est tombé dans la tourmente en 2015 lorsque l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont lancé une campagne de bombardement contre les rebelles houthis du pays, qui avaient envahi la capitale Sanaa et évincé le président Abd Rabbuh Mansour Hadi, qui est soutenu par Riyad.

Le conflit a tué des dizaines de milliers de personnes, provoqué des épidémies de maladies évitables et amené le pays au bord de la famine.

Les Nations Unies ont déclaré que la crise humanitaire au Yémen est " la pire du monde ".

Traduction SLT

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