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Biden ment depuis des années sur son passé concernant l’Irak (Consortium News)

par Sam Husseini 6 Mars 2020, 13:00 Biden Irak Impérialisme Elections USA

Dans le débat de mardi soir, Sam Husseini aimerait que le candidat démocrate à la présidence soit enfin confronté à une critique sérieuse pour son soutien à la guerre en Irak.

 

Joe Biden lors du débat des primaires de décembre. (Capture d’écran)

 

 

Le candidat démocrate à la présidence Joe Biden et ses collaborateurs comme l’ancien secrétaire d’État John Kerry continuent de prétendre à tort qu’il n’était pas favorable à l’invasion de l’Irak.

Mais le camp du sénateur Bernie Sanders vient de mettre en lumière une vidéo de Biden s’exprimant à la Brookings Institution en juillet 2003, après l’invasion, dans laquelle il exprime son soutien pour « finir ce travail » en Irak et déclare : « Le président des États-Unis est un dirigeant audacieux et il est populaire ».

[DERNIÈRE HEURE : Une vidéo ressort, dans laquelle @JoeBiden critique les démocrates anti-guerre, loue Bush pour avoir mené l’Amérique dans la guerre en Irak et promet qu’il soutiendra la poursuite de la guerre par Bush

« Le président des États-Unis est un dirigeant audacieux et il est populaire… Je le soutiendrai et beaucoup d’autres le soutiendront. »]

Pour ce qui est de montrer le soutien de Biden à la guerre, cette vidéo n’est que la partie émergée de l’iceberg.

Dans ce discours devant la Brookings Insitution (vidéo), Biden profère des mensonges effrontément favorables à la guerre, affirmant que Saddam Hussein « a violé tous les engagements qu’il a pris. Il a joué au chat et à la souris avec les inspecteurs en désarmement. Il n’a pas tenu compte des énormes lacunes dans les déclarations d’armes qui ont été documentées par les inspecteurs en désarmement des Nations unies et soumises par eux au Conseil de sécurité des Nations unies en 1998, et chaque nation de ce Conseil pensait qu’il possédait ces armes à l’époque. Il a refusé de se plier à toutes les conditions ».

 

 

Un tissu de mensonges

C’est un tissu de mensonges. Le gouvernement irakien a communiqué une quantité massive d’informations en 2002. Il a accepté de laisser entrer les inspecteurs en désarmement de l’ONU bien avant le vote du Congrès qui a autorisé la guerre – un vote qui, selon Biden, était justifié pour donner à Bush un plus grand pouvoir pour faire entrer les inspecteurs en Irak.

En outre, le précédent régime d’inspection des armements, l’UNSCOM, a pris fin en 1998, non pas parce que Saddam Hussein les a mis dehors, mais parce que le président Bill Clinton a ordonné leur retrait, à la veille de son vote de destitution prévu, pour permettre la campagne de bombardements Desert Fox.

Opportunément le camp de Biden a mis Kerry sur cette affaire puisque les falsifications de Kerry concernant l’Irak sont remarquablement similaires à celles de Biden. Kerry est peut-être le sénateur démocrate dont le travail a autant contribué à la guerre en Irak que celui de Biden. Cela a notamment conduit à ses contorsions lors de l’élection de 2004 où il était le candidat du Parti démocrate et a perdu contre George W. Bush.

Lorsque j’ai interrogé Kerry en 2011 sur son vote en faveur de l’invasion de l’Irak, il a déclaré : « Je n’ai pas voté pour la guerre en Irak. J’ai voté pour donner au président une autorité dont il a abusé et qu’il a détournée. Et à partir du moment où il l’a utilisée, je m’y suis opposé. »

Un autre mensonge. Kerry a en fait attaqué l’idée d’un retrait d’Irak à ce moment-là, disant même en décembre 2003 : « Je crains qu’à l’approche des élections de 2004, l’administration n’envisage ce qui équivaut à une stratégie de fuite », adoptant en fait une position encore plus militariste que celle de Bush. Voir aussi à partir d’août 2004 sur CNN : « Kerry soutient le « oui » sur la guerre en Irak ».

 

Il est remarquable de constater le peu d’attention que Biden a reçu pour son rôle dans l’invasion de l’Irak. Sanders a surtout critiqué le vote de Biden, mais à part cela, Biden a été président de la commission des relations étrangères du Sénat. Il a été critiqué par des analystes et des inspecteurs en désarmement de premier plan pour les auditions qu’il a présidées et qui ont conduit à la guerre.

La députée Tulsi Gabbard, considérée par beaucoup comme une candidate anti-guerre, a carrément épargné Biden. Lors d’un débat l’année dernière, Gabbard a déclaré à propos de Biden : « Il avait tort – il a dit qu’il avait tort ».

Ainsi, Biden pourrait être en mesure de devenir le candidat démocrate – et affronter Trump lors des élections générales – avec un examen minimal de son rôle majeur dans la pire décision politique de notre vie. Il est également dans une position pire que celle d’Hillary Clinton en 2016 pour affronter le pseudo-isolationnisme « America First » de Trump .

Lors du débat du Parti démocrate de septembre, sur ABC News, Biden a menti sur son bilan en Irak, tout comme il l’avait fait lors des deux premiers débats.

Regardez :

[Joe Biden : « En ce qui concerne l’Irak, le fait est que, vous savez, je n’aurais jamais dû voter pour donner à Bush l’autorité d’y aller et de faire ce qu’il a dit qu’il allait faire ». #DemocraticDebate]

 

Lors du débat de juillet, Biden a affirmé : « Dès le moment où la campagne ‘choc et effroi’ a commencé, j’ai été opposé à cet engagement, et j’ai été aussi direct que n’importe qui au Congrès. »

Quand il fait cette déclaration pour la première fois, elle n’a suscité pratiquement aucune critique, à l’exception de Stephen Zunes, un universitaire spécialiste du Moyen-Orient, qui a écrit « Biden Is Doubling Down on Iraq War Lies » [Biden double la mise sur les mensonges de la guerre en Irak, NdT]. Dans cet article, Zunes décrit une grande partie du bilan de Biden, y compris son insistance en mai 2003 – quelques mois après l’invasion de l’Irak – sur le fait qu’« il y avait suffisamment de preuves pour aller en Irak ».

Lors du débat de septembre, il a voté en faveur de l’autorisation de l’invasion de l’Irak pour « permettre aux inspecteurs d’entrer pour déterminer si oui ou non quelque chose se faisait avec des armes chimiques ou des armes nucléaires ».

 

Mais le vote du Congrès a eu lieu le 11 octobre 2002 (voir le discours de Biden à l’époque).

Et à ce moment-là, l’Irak avait accepté de laisser revenir les inspecteurs en désarmement. Le 16 septembre 2002, le New York Times rapportait « Les inspecteurs de l’ONU peuvent revenir sans condition, dit l’Irak ». (C’était immédiatement après qu’une délégation organisée par l’Institute for Public Accuracy – où je travaille – se s’était rendue en Irak).

Le journaliste indépendant Michael Tracey, qui a interviewé Biden dans le New Hampshire l’automne dernier, a rapporté que Biden avait affirmé de façon ridicule qu’il s’était opposé à l’invasion de l’Irak avant même qu’elle ne commence. Biden a déclaré : « Oui, je me suis opposé à la guerre avant qu’elle ne commence ». Voir l’article de Tracey : « Joe Biden’s Jumbled Iraq War Revisionism » et la vidéo.

And by that time Iraq had agreed to allow weapons inspectors back in. On Sept. 16, 2002, The New York Times reported: “U.N. Inspectors Can Return Unconditionally, Iraq Says.” (This was immediately after a delegation organized by the Institute for Public Accuracy — where I work — had gone to Iraq.)

Independent journalist Michael Tracey, who interviewed Biden in New Hampshire last fall, reported that Biden made the ridiculous claim that he opposed the invasion of Iraq even before it started. Said Biden: “Yes, I did oppose the war before it began.” See Tracey’s piece: “Joe Biden’s Jumbled Iraq War Revisionism“ and video.

Biden a d’abord soutenu, avec le sénateur républicain Richard Lugar, un projet de loi qui aurait quelque peu limité la capacité de Bush à lancer une invasion de l’Irak entièrement à sa guise. Mais l’administration Bush s’est opposée à cette mesure. On aurait pu penser qu’une telle opposition amènerait Biden à conclure que le fait que Bush insiste pour ne pas avoir de contrainte serait une raison de ne pas lui donner un chèque en blanc. Mais Biden a finalement voté pour la législation donnant à Bush la liberté complète que le président souhaitait.

Résolution soutenant Bush

Bush a fini par lancer la guerre en disant aux Nations unies de faire sortir les inspecteurs en désarmement – mettant ainsi un terme à leur travail – avant de lancer une campagne de bombardements. Immédiatement, Biden a co-parrainé une résolution soutenant Bush.

Tracey écrit : « Il n’est pas certain que le sénateur du Delaware croit vraiment à l’histoire qu’il raconte actuellement, ou si c’est le produit de son apparent déclin cognitif ». Mais, Biden a menti sur l’Irak pendant des années et des années et des années et des années. Il a été président de la commission sénatoriale des relations étrangères en 2002 et a présidé des auditions qui ont été qualifiées de truquées à l’époque par de véritables critiques de l’invasion de l’Irak.

Pourtant, les innombrables mensonges de Biden sur l’Irak – qu’il ne cesse de multiplier jour après jour – n’ont pas encore été suffisamment examinés. Biden a parlé à Tim Russert sur « Meet the Press » en 2007 des prétendues armes de destruction massive de Saddam Hussein : « Le vrai mystère, c’est que s’il n’en avait plus, pourquoi ne l’a-t-il pas dit ? »

Bien sûr, le gouvernement irakien, en 2002 et avant, avait clamé qu’il avait procédé au désarmement. Et le gouvernement américain et les médias se sont largement moqués de ces affirmations.

Saddam Hussein a dit à Dan Rather dans « 60 Minutes » en février 2003 :

« Je crois que [les préparatifs militaires américains dans le Golfe] ont en fait été menés en partie pour couvrir l’énorme mensonge qui a été diffusé contre l’Irak au sujet des armes chimiques, biologiques et nucléaires. Et c’est sur cette base que l’Irak a effectivement accepté la résolution [des Nations unies] – il l’a acceptée, même si l’Irak était absolument certain que ce qu’il avait dit – ce que les responsables irakiens … n’avaient cessé de dire, que … l’Irak était dépourvu de telles armes – était vrai. Mais l’Irak a accepté cette résolution … afin de ne pas permettre une mauvaise interprétation de sa position … afin de montrer clairement que l’Irak n’était plus en possession de telles … armes. [Voir dans FAIR : « Le « secret » de Saddam. »] »

Mais de telles remarques en provenance d’Irak ont été tournées en dérision. Le 13 novembre 2002, le New York Times a rapporté « Les États-Unis se gaussent de l’Irak qui prétend ne pas avoir d’armes de destruction massive ». L’administration Bush, rapporte le journal, « a rejeté aujourd’hui l’affirmation de Saddam Hussein selon laquelle il ne possède pas d’armes de destruction massive comme étant une invention. Mais les conseillers du président Bush ont déclaré qu’ils ne céderaient pas aux provocations en révélant les renseignements qu’ils avaient recueillis pour le contredire avant que l’Irak ne fournisse un inventaire complet des stocks d’armes au début du mois de décembre. »

De même, le 9 décembre 2002, l’International Herald Tribune titrait : « Les sénateurs rejettent la déclaration d’armes irakiennes à l’ONU » : « Des copies d’une déclaration irakienne de 12.000 pages sur les armes interdites sont parvenues aux bureaux de l’ONU à Vienne dimanche et étaient en route pour les Nations Unies à New York pour analyse, mais les sénateurs américains des deux partis ont rejeté son contenu comme étant des mensonges. Et ils ont parlé d’une guerre probable qui, selon eux, bénéficierait d’un soutien étonnamment large. »

 

Ces sénateurs ont agi ainsi sans même avoir pris connaissance des documents.

L’article continuait : « Le sénateur Richard Lugar, républicain de l’Indiana, futur président de la commission des relations étrangères, a déclaré qu’il supposait que le rapport irakien serait « une pure manœuvre d’obstruction ». Le candidat démocrate à la vice-présidence en 2000, le sénateur Joseph Lieberman du Connecticut, a qualifié cette déclaration de « 12 000 pages et de 50 kilos de mensonges » ». L’article citait également Biden qui disait que Bush allait probablement « avoir tout ce dont il a besoin, toute l’aide, toutes les bases au Moyen-Orient » et une coalition « plus grande que ce que quiconque avait prévu ».

Ce que Biden a fait, c’est aider à assurer que la guerre se produise tout en essayant de se décharger de ses responsabilités. Il a aidé à fabriquer la voiture de Bush, l’a remplie d’essence, a vu que Bush était ivre, lui a donné le permis de faire ce qu’il voulait – et lui a ensuite demandé de faire preuve de responsabilité pendant qu’il lui remettait les clés. Finalement, Biden fait semblant d’être choqué que les rues soient jonchées de corps mutilés.

Biden est l’exact opposé du sénateur Wayne Morse, l’un des deux seuls sénateurs à avoir voté contre la résolution sur le Golfe du Tonkin – un faux prétexte utilisé par Lyndon Johnson pour aggraver la guerre du Vietnam en 1964. À ceux – comme Biden en 2002 – qui soutenaient qu’il fallait soutenir le président, Morse a répondu qu’ils ne comprenaient pas la Constitution ni leurs responsabilités en tant que sénateurs :

« Pourquoi ne pas donner au président un vote de confiance ? C’était le jargon des loyalistes : Nous devons soutenir notre président. Depuis quand devons-nous soutenir notre président, ou devrions-nous le faire, lorsque le président propose un acte anticonstitutionnel ? Et donc, ces loyalistes ont dit que même si je vais soutenir mon président, je veux lui montrer que j’ai confiance en lui. Je veux l’avertir que je ne lui donnerai pas un chèque en blanc. Cela ne veut pas dire que je ne m’attends pas à ce qu’il me consulte à l’avenir. Cela ne veut pas dire que le président peut envoyer des troupes supplémentaires sans me consulter, moi, un sénateur des États-Unis. Et vous savez, j’ai respectueusement, mais en utilisant un langage qu’ils comprenaient, dit que c’est juste une absurdité. Je veux dire à mes collègues du Sénat, vous êtes consultés en ce moment même. »

 

Si seulement Biden comprenait aussi ses responsabilités.

Sam Husseini est un écrivain et un militant politique. Il est directeur de la communication de l’Institute for Public Accuracy, une organisation à but non lucratif basée à Washington qui promeut les experts progressistes comme sources alternatives pour les journalistes des médias grand public. Il tweete @samhusseini.

 

Source : Consortium News, Sam Husseini, 14-01-2020

 

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr.

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