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Coronavirus: l’agent pathogène aurait pu se propager parmi les humains pendant des années, révèle une étude (SCMP)

par Stephen Chen 7 Avril 2020, 07:00 Origine Coronavirus Wuhan Monde Articles de Sam La Touch

Le virus a pu sauter d’un animal aux hommes bien avant que le premier cas ne soit détecté à Wuhan, selon les recherches d’une équipe internationale de scientifiques.

Une équipe internationale de scientifiques révèle que le coronavirus a pu sauter d’un animal aux hommes bien avant que le premier cas ne soit détecté en Chine. Photo: AP

Une équipe internationale de scientifiques révèle que le coronavirus a pu sauter d’un animal aux hommes bien avant que le premier cas ne soit détecté en Chine. Photo: AP

Les résultats réduisent considérablement la possiblité que le virus ait été créé en laboratoire, indique le directeur de l’Institut national de la santé américain.

Le coronavirus à l’origine de la Covid -19 s’est peut-être propagé silencieusement parmi les humains pendant des années, voire des décennies, avant la soudaine apparition de la maladie qui a déclenché une crise sanitaire mondiale, selon les recherches effectuées par certains des chasseurs de virus les plus renommés à l’échelle mondiale.

Des chercheurs américains, britanniques et australiens ont examiné des tas de données mises à disposition par des scientifiques du monde entier à la recherche de preuves sur le passé évolutif du virus et ont découvert qu’il a pu être transmis aux humains par les animaux bien avant que le premier cas ne soit détecté dans la ville de Wuhan, en Chine centrale.

Bien qu’il puisse y avoir d’autres possibilités, les scientifiques estiment que le coronavirus contient une mutation unique qui n’a pas été trouvée dans les hôtes animaux suspectés mais qui est probablement apparue au cours d’infections répétées dans des petits groupes chez les humains.

’étude, menée par Kristian Andersen de l’institut de recherche Scripps en Californie, Andrew Rambaut de l’université d’Edimbourg en Ecosse, Ian Lipkin de l’université de Columbia à New York, Edward Holmes de l’université de Sydney et Robert Garry de l’université Tulane à la Nouvelle-Orléans, a été publiée dans la revue scientifique Nature Medicine le 17 mars.

Dr Francis Collins, directeur de l’Institut national de la santé américain, qui n’était pas impliqué dans la recherche, a précisé que l’étude suggérait un scénario possible au cours duquel le coronavirus est passé des animaux aux humains avant qu’il soit capable de rendre les gens malade.

« Ainsi, à la suite de changements évolutifs graduels sur des années ou peut-être des décennies, le virus a finalement acquis la capacité de se propager d’humain à humain provoquant une maladie grave, qui met souvent la vie en danger », a-t-il indiqué dans un article publié sur le site internet de l’institut jeudi.

En décembre, des médecins de Wuhan ont commencé à remarquer une forte hausse du nombre de personne souffrant d’une mystérieuse pneumonie. Les tests pour la grippe et d’autres agents pathogènes revenaient négatifs. Une souche inconnue a été isolée et une équipe de l’Institut de virologie de Wuhan, dirigée par Shi Zhengli, a retracé ses origines jusqu’à un virus de chauve-souris trouvé dans une grotte en montagne, près de la frontière entre la Chine et la Birmanie.

Les deux virus partageaient 96% de leurs gènes mais le virus de la chauve-souris ne pouvait pas infecter les humains. Il lui manquait des protéines en forme de pics, les spicules pour se fixer sur les récepteurs des cellules humaines.

Des coronavirus avec des spicules similaires ont ensuite été découvert sur des pangolins malais par différentes équipes de Guangzhou et de Hong Kong, ce qui a poussé certains chercheurs à croire qu’une recombinaison génétique avait eu lieu entre les virus de la chauve-souris et celui du pangolin.

Des médecins de Wuhan ont commencé à remarquer une forte hausse du nombre de personnes souffrant d’une mystérieuse pneumonie en décembre. Photo: Handout

Mais la nouvelle souche, ou SARS-Cov-2, présente une mutation dans ses gènes connue comme un site de clivage polybasique qui n’a été vu dans aucun des coronavirus trouvés chez les chauves-souris ou les pangolins, selon Kristian Andersen et ses collègues
 
Cette mutation, selon différentes études menées par des chercheurs chinois, français et américains, pourrait avoir permis l’apparition d’une protéine spécifique au niveau des spicules du virus permettant une interaction avec la furine, une enzyme largement présente dans le corps humain. Ceci pourrait alors déclencher une fusion entre l’enveloppe virale et la membrane cellulaire humaine quand elles rentrent en contact.
 
Certains virus humains, comme le VIH et Ebola, ont le même site de clivage permettant une interaction avec les furines, ce qui les rend contagieux.
Il est possible que la mutation du virus ait eu lieu naturellement chez des hôtes animaux. Le Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère) et le Mers (Syndrome respiratoire du Moyen-Orient) semblaient être des descendants directs de virus trouvés chez les civettes masquées et les chameaux, et qui avaient 99% de similarité génétique.
 
Cependant, il n’y a pas de telles preuves directes en ce qui concerne le nouveau coronavirus, selon l’équipe internationale. Ils ont précisé que la différence entre le virus de l’humain et celui de l’animal est trop grande, ils proposent donc une autre solution.
 
« Il est possible qu’un virus ancêtre du SARS-CoV-2 se soit transmis aux humains et ait acquis la caractéristique génétique décrite plus haut en s’adaptant lors d’une transmission non détectée d’humain à humain », expliquent-ils dans leur article.
 
« Une fois acquises, ces adaptations auraient permis à la pandémie de décoller et de produire un nombre suffisant de cas pour déclencher le système de surveillance qui l’a détecté ».
 
Ils ont aussi précisé que le plus puissant modèle informatique basé sur la connaissance actuelle que nous avons du coronavirus ne pourrait pas générer une si étrange, mais très efficace, structure de protéine de spicule capable de se fixer sur les cellules hôtes.
 
L’étude a fortement réduit, pour ne pas dire exclut, la possibilité que le virus ait été créé en laboratoire », affirme Collins.
 
« En fait, un biologiste essayant de créer un coronavirus qui menacerait la santé humaine n‘aurait sans doute jamais choisie cette structure particulière pour une protéine de spicule » a-t-il précisé.
Les découvertes des scientifiques occidentaux font écho à l’opinion générale partagée par les chercheurs chinois.
 
Zhang Nanshan, le pneumologue qui à conseillé Pékin sur les politiques d’endiguement de cette épidémie, a répété à plusieurs occasions qu’il y avait des preuves scientifiques grandissantes suggérant que l’origine du virus pourrait ne pas être en Chine.
 
« L’apparition du Covid-19 à Wuhan ne signifie pas qu’il est originaire de Wuhan », a-t-il indiqué la semaine dernière.
 
Un médecin travaillant dans un hôpital public de Pékin prenant en charge des patients atteints de Covid-19 a précisé que de nombreux cas d’apparitions soudaines d’une mystérieuse pneumonie ont été rapportés par des professionnels de santé l’année dernière dans plusieurs régions .
 
Réexaminer les dossiers et les prélévements de ces patients pourrait fournir plus d’indices sur l’histoire de cette pandémie de plus en plus grave, a expliqué le médecin, qui a demandé à ne pas être nommé en raison de la sensibilité politique autour de ce problème.
 
« Il y aura un jour où toute la lumière sera faite sur cette pandémie ».
 
Cet article est paru dans le journal South China Morning Post sous le nom: Le virus a pu se propager parmi les humains pendant des décennies, selon une étude
 
Stephen Chen enquête sur les grands projets de recherche en Chine, une nouvelle puissance en matière d’innovation scientifique et technologique. Il travaille pour le South China Morning Post depuis 2006. C’est un ancien élève de l’université de Shantou, l’université de science et de technologie de Hong Kong et du programme Semester at Sea auquel il a participé grâce à une bourse de la Seawise Foundation.
 
Source : SCMP, Stephen Chen

Lu sur Les Crises

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