Covid-19. Après l'annonce tonitruante de l'efficacité probable du Tocilizumab par Hirsch et Veran, démission collective du comité de surveillance de l'AP-HP qui dénonce les dysfonctionnements majeurs de l'étude

Souvenez-vous, le 27 avril, Martin Hisrch directeur de l'AP-HP et Olivier Veran, ministre de la santé, faisaient part de l'efficacité potentielle d'un médicament dans le traitement du Covid-19 alors que l'essai n'était pas encore terminé : le Tolicizumab. Les chercheurs de l'essai français, avant même la fin de l'essai, avaient évoqué son efficacité. L'info était repris par la chaîne d'état, France 2, au journal de 20h du jour puis le surlendemain au Jt de 13h et 20h. Le médecin de service s'écriait : "Les résultats sont tellement prometteurs que les chercheurs français de l'AP-HP ont déjà déclaré que le traitement avait l'air d'être efficace, même s'ils n'ont pas encore publié les résultats".

#OnVousRépond : le tocilizumab, remède très prometteur contre le coronavirus

Comme chaque soir, le médecin Damien Mascret répond aux interrogations des internautes. Lundi 27 avril, il est notamment question d'un nouveau remède présenté comme miracle, le tocilizumab.

C'est une piste qui, à l'image de la chloroquine il y a un peu plus d'un mois, présente un véritable espoir dans la lutte contre le coronavirus Covid-19. Que penser du tocilizumab ? "Ce sont des traitements de pointe, parce que ce sont des anticorps monoclonaux que l'on donne en principe dans des polyarthrites rhumatoïdes, des maladies imuno-inflamatoires, donc c'est très spécifique", explique le médecin Damien Mascret, sur le plateau du 20 Heures.

Des résultats très prometteurs

"Déjà, les Chinois, au mois de mars, avaient donné des résultats intéressants. On nous avait dit que sur une vingtaine de patients en situation très difficile, tous s'en étaient sortis grâce au tocilizumab. Cette fois, c'est une étude française. Les résultats sont tellement prometteurs que les chercheurs français de l'AP-HP ont déjà déclaré que le traitement avait l'air d'être efficace, même s'ils n'ont pas encore publié les résultats", poursuit le médecin.

Le lendemain à 20h, le Jt de la chaîne d'Etat, France 2, en remettait une couche :
- Médicament : un espoir pour les malades gravement touchés par le coronavirus: Le tocilizumab, est un médicament déjà sur le marché qui fait baisser la mortalité. Ce traitement se révèle particulièrement prometteur.

A 13h ce 28 avril sur la chaîne d'Etat, France 2, c'était le strike. A la Une du journal on annonçait un "traitement particulièrement prometteur".

JT de France 2, 13h, 28.04.20
Coronavirus : un traitement prometteur
Le tocilizumab, est une lueur d’espoir dans cette crise sanitaire liée au Covid-19. Ce traitement, se révèle particulièrement prometteur. Il a été testé par plusieurs équipes, dont les hôpitaux de Paris.

 

Le tocilizumab est un médicament qui est déjà sur le marché et utilisé en cas de polyarthrite rhumatoïde, une maladie chronique. Plusieurs équipes en France et dans le monde, l’ont testé dans des cas graves de Covid-19, quand le virus provoque l’emballement du système immunitaire : on parle d’orage de cytokine. Ces molécules activent trop le système immunitaire.

Il y a moins de passage en réanimation et moins de décès

L’hyper inflammation empêche notamment les poumons d’oxygéner normalement le sang et conduit à l'insuffisance respiratoire aiguë. Le traitement bloquerait cet emballement. Les hôpitaux de Paris ont lancé un essai avec des patients Covid-19 victimes de pneumonie. Les résultats semblent encourageants : il y a moins de passage en réanimation et moins de décès chez les patients qui ont reçu le tocilizumab. Mais il faudra d’autres essais avant d’intégrer ce traitement dans les protocoles de soin des patients Covid.

Sauf que l'essai clinique était bancal et que le comité de surveillance a noté des dysfonctionnements à tous les niveaux de cette étude. Du coup, le comité de surveillance de l'AP-HP a démissionné collectivement mais il semble que l'information n'ait pas été reprise dans le P.A.F. Après l'échec du Lopinavir, de la chloroquine, du Remdesevir, le Tocilizumab ne s'annonce pas plus prometteur comme traitement du Covid19 comme le souligne le Canard enchaîné et l'AFP.

Un essai clinique bancal
Le Canard enchaîné, 6.05.20

Encore un esai clinique qui vire à la foire ! Le 27 avril un communiqué de l'Assistane publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) le claironne : un médoc, le tocilizumab, "améliore significativement le pronostic des patients" sévèrement touchés par le Covid. Le même jour, "Le Parisien" évoque l'"enthousiasme dans la voix" de Martin Hirsch, le patron de l'Ap-HP, selon lequel l'essai constitue "probablement" la première démonstration scientifique "encourageante".

Même flamme chez Olivier Veran (France Info, 29/4), qui, tout en précisant que l'étude n'est pas encore "suffisamment étayée", salue "un signe d'espoir". Las ! Les cocoricos ont fait tomber de l'armoire les membres du comité de suivi indépendant qui surveillait l'essai. "Nous souhaitons partager notre profonde réserve sur les résultats communiqués, ainsi que notre inquiétude quant au fonctionnement de la recherche sur cet essai., ont-ils dénoncé dans un mail adressé au soir du 27 avril à Martin Hirsch et consulté par le "Canard". ...

Démission collective
Or, pour ces experts, non seulement, il était trop tôt pour tirer des conclusions et annoncer des résultats positifs, mais "la conduite de cette étude" est entachée de "nombreux dysfonctionnements", tels que des changements de critères  en cours de route...

Lire l'article entier dans le Canard enchaîné du 6.05.20

Après un « vif désaccord » sur l'annonce des résultats du tocilizumab, le comité de surveillance des essais Covid-19 de l'AP-HP démissionne
Le Quotidien du médecin / AFP

Le comité de surveillance des essais Covid-19 menés à l'AP-HP a démissionné en raison d'un « vif désaccord » lié à la communication de résultats préliminaires de l'essai CORIMUNO-TOCI. Le 27 avril, l'AP-HP avait en effet annoncé que le tocilizumab avait permis une amélioration clinique chez des patients hospitalisés pour une pneumonie moyenne ou sévère liée au Covid-19 avant publication des résultats et de leur évaluation scientifique par les pairs.

« Dans ce contexte pandémique et dans un intérêt thérapeutique, nous avons considéré qu'il était éthique de partager ces informations », avait alors justifié Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP.

Le comité de surveillance (Data Safety Monitoring Board) est composé d'experts externes à un essai, chargés d'étudier régulièrement ses données et de conseiller les scientifiques qui le mènent. La démission collective du comité de l'AP-HP a été révélée le 5 mai au soir par le « Canard enchaîné » et confirmée par l'AP-HP. « Pour ces experts, non seulement il était trop tôt pour tirer des conclusions et annoncer des résultats positifs, mais la conduite de cette étude est entachée de nombreux dysfonctionnements tels que des changements de critères en cours de route », écrit l'hebdomadaire, citant un mail adressé le 27 avril par ces experts indépendants à Martin Hirsch...

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