Aide à La Française: Macron pousse au néo-expansionnisme
Article originel : Help à La Française: Macron Pushes Neo-Expansionism
South Front
La position géopolitique actuelle de la France est façonnée par divers facteurs. En tant que l'un des acteurs clés de la région méditerranéenne, Paris est aujourd'hui avant tout un leader européen dans la lutte contre la politique expansionniste de la Turquie. Les relations entre les deux pays sont compliquées par la nécessité de tenir compte de l'activation de processus mondiaux importants, de la destruction du système de droit international, du rôle décroissant de l'establishment de Washington en particulier dans la région méditerranéenne et dans une plus large mesure au Moyen-Orient, tandis que l'influence de la Turquie et de la Russie augmente dans la région.
L'évolution des rapports de force dans l'ensemble de la région méditerranéenne encourage les acteurs régionaux à s'intégrer activement dans l'agenda géopolitique actuel. Macron a donc décidé, à son tour, de gagner le moment et de passer à l'offensive géostratégique. Tout d'abord, un tel virage vers une politique étrangère indépendante active, visant largement à dissuader la Turquie, s'observe dans le cadre du conflit libyen, où Paris tend à soutenir le gouvernement de Tobrouk dans le cadre d'une coalition internationale qui inclut l'Égypte et les Émirats arabes unis (et la Russie, NdT). Par ailleurs, la France dispose d'un accord de coopération en matière de sécurité avec Chypre, entré en vigueur le 1er août. L'Egypte et la Grèce ont également signé jeudi au Caire un accord pour délimiter leurs frontières maritimes et établir une zone économique exclusive. Compte tenu de l'étroite coopération entre les membres du partenariat méditerranéen trilatéral Égypte-Grèce-France qui se dessine, on peut supposer que la Turquie risque de rester isolée dans les prochaines années. Il s'ensuit qu'Ankara renforcera l'opposition et fera un effort important pour déstabiliser une alliance potentielle.
Le nouveau second vecteur de la politique étrangère française dans la région est largement déterminé par la politique opportuniste de Macron et représente une augmentation sans précédent de l'influence au Liban.
Historiquement, le Liban a toujours entretenu des liens étroits avec la France. Après la Première Guerre mondiale et l'effondrement de l'Empire ottoman, la Société des Nations a approuvé en 1923 le mandat français en Syrie et au Liban. Malgré le fait que le mandat n'était valable que jusqu'en 1943, les militaires français n'ont quitté le territoire de la Syrie et du Liban qu'en 1946. Bien sûr, la France conserve une grande influence au Liban, ce qui inquiète les acteurs régionaux tels que l'Égypte.
Les grandes explosions qui ont eu lieu dans le port de la capitale libanaise, Beyrouth, le 4 août dernier, ont eu des conséquences terribles dans le pays, notamment une nouvelle détérioration de la situation économique, déjà fortement affaiblie, entre autres par la pandémie au COVID-19. Même avant le déclenchement de la pandémie et les explosions à Beyrouth, environ 50 % de la population du pays vivait en dessous du seuil de pauvreté et le taux de chômage atteignait 35 %. Ce terrible accident a été une sorte de déclencheur qui a marqué non seulement la nécessité de changer de cap politique, mais aussi un nouveau cycle de confrontation géopolitique entre les acteurs régionaux.
Le 7 août, Macron s'est envolé pour visiter Beyrouth, qui a été détruite par l'explosion. Après une visite de démonstration dans les zones les plus touchées, le président français a rencontré le président libanais Michel Aoun.
Dans sa déclaration, Macron a non seulement exprimé ses condoléances à l'ensemble de la population libanaise, en précisant qu'au moins 50 citoyens français ont également été blessés par l'explosion, mais a également annoncé l'aide humanitaire apportée au Liban.
"Comme toujours, la France sera là pour aider car nous avons les relations de solidarité et d'amitié que nous entretenons avec le peuple libanais depuis des décennies", a déclaré le Premier ministre Jean Castex. Cette "tragédie d'une ampleur exceptionnelle" touche "un pays ami, un pays qui est aussi en difficulté".
L'aide française est acheminée par trois avions militaires qui acheminent de la nourriture et de l'aide médicale dans la capitale libanaise. Ces avions transportent un détachement de sécurité civile (55 personnes, 15 tonnes de matériel) et un poste de santé mobile comprenant 6 tonnes de matériel et permettant de soigner 500 blessés, selon l'Elysée.
En outre, la France envisage apparemment de prendre le patronage de l'acheminement de l'aide humanitaire internationale dans les zones touchées. Selon le chef de l'Etat français, "une conférence internationale de soutien" sera bientôt organisée pour mobiliser des fonds internationaux en faveur du Liban.
"La France sera également présente pour organiser l'aide internationale aux côtés de l'Union européenne, des Nations unies et avec le soutien de la Banque mondiale. Dans les prochains jours, nous organiserons - et le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères a déjà commencé à prendre les premiers contacts et à mobiliser ses équipes - une conférence internationale de soutien à Beyrouth et à la population libanaise", a déclaré le chef de l'Etat français.
Mais en se rendant à Beyrouth, Macron portait non seulement une aide humanitaire, mais aussi un "nouveau pacte politique". Le président français a déclaré qu'il proposerait un "nouveau pacte politique" aux dirigeants libanais.
"Des initiatives fortes sont nécessaires pour lutter contre la corruption et l'opacité du système bancaire". Il a également appelé à "l'initiation d'un programme du FMI" et à la poursuite du "plan CEDRE". La conférence économique pour le développement du Liban par les réformes et avec les entreprises (CEDRE), qui a eu lieu le 6 avril 2018 à Paris, visait à soutenir le développement et le renforcement de l'économie libanaise, grâce à un plan global de réformes et d'investissements en infrastructures préparé par les autorités libanaises. La conférence a été utilisée pour lever des fonds. Mais très vite, les bailleurs de fonds, dont les promesses ont atteint 11,6 milliards de dollars, ont émis des doutes sur la crédibilité du programme, dont la mise en œuvre a été retardée par l'instabilité politique.
Selon Macron : "J'ai parlé franchement et en toute transparence avec le président concernant la nécessité de lutter contre la corruption, de mettre en œuvre des réformes, de mener une enquête transparente sur ce qui se passe dans le système bancaire et de poursuivre le dialogue avec le FMI".
Continuant à sortir du cadre diplomatique, ce qui lui vaut déjà quelques accusations d'ingérence, il est revenu sur cette "crise politique, morale, économique et financière dans laquelle la classe politique porte une responsabilité historique", souhaitant "des enquêtes qui puissent se dérouler dans un cadre transparent".
Macron a déclaré qu'il demanderait des comptes aux autorités et qu'il reviendrait le 1er septembre et que si le "pacte politique" proposé n'était pas mis en œuvre, il serait obligé de prendre des mesures.
Bien entendu, Macron a bénéficié d'un grand soutien de la part de la population locale. Les Libanais entourant le cortège du président, l'ont accompagné de chansons, de cris, de slogans, comme "Révolution !", l'assistance alternant avec la dénonciation de Michel Aoun. "Michel Aoun, terroriste !" "Tu nous as libérés des Ottomans. Libère-nous des autorités actuelles." Des citoyens libanais désabusés ont créé une pétition en ligne demandant de placer le Liban sous mandat français pour les 10 prochaines années. En moins de 6 heures, elle a déjà atteint plus de 20 000 signatures.
Comme la rencontre elle-même et la "conversation franche" entre Macron et les dirigeants libanais étaient privées, diverses rumeurs ont circulé. Par exemple, que la représentation de Macron a exprimé les impératifs suivants à Michel Aoun :
1. Déclaration de Beyrouth comme zone démilitarisée
2. Désarmement complet des bureaux du Hezbollah dans la capitale et ses environs, ainsi que l'élimination de toutes les forces de roquettes et installations du Hezbollah dans le sud du pays, et soumission de ses postes de commandement à la FINUL
3. Soumission de l'aéroport international de Beyrouth à un contingent international commun dirigé par l'Allemagne
4. Dissolution du Parlement et du gouvernement et tenue d'élections anticipées suivies de l'élection d'un nouveau président.
Ces déclarations, prétendument faites par la partie française, sont clairement de nature pro-israélienne et sont principalement dirigées contre le Hezbollah.
La fiabilité de ces informations, qui sont passées par divers canaux d'information, est très douteuse. Il est probable que cette injection d'informations soit effectuée par l'une des parties au conflit régional.
En analysant les thèses prétendument proposées par la représentation de Macron au Président du Liban, il est difficile de croire à leur authenticité. Macron est un homme politique pleinement mature et il est peu probable que lui et son équipe aient pris des mesures aussi ouvertement provocatrices. Par conséquent, les demandes d'élections anticipées immédiates et de désarmement du mouvement Hezbollah sont très probablement fausses. Cependant, les actions de Macron et la pression qu'il exerce sur le leadership du Liban, qui est dans une situation difficile, peuvent être décrites par le mot français "chantage".
Traduction SLT
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