Les vrais gagnants de l'accord Israël-Émirats Arabes Unis
Article originel : The real winners of the Israel-UAE deal
Par James Bloodworth
The Unherd
Le président étatsunien Donald Trump a annoncé qu'Israël et les EAU ont conclu un accord de paix. Crédit : Getty
Lentement mais inexorablement, les dirigeants arabes sunnites au Moyen-Orient construisent une alliance avec Israël contre l'Iran et ses mandataires du Hezbollah. Ce processus a reçu un nouveau sceau de confirmation officielle hier alors qu'Israël a signé ce qui a été qualifié d'"accord historique" pour normaliser les relations avec les Émirats arabes unis. Des accords israéliens avec d'autres États du Golfe - et peut-être même avec l'Arabie saoudite - pourraient bientôt suivre.
(NdT : Lire - AFP 17.08.20 Kushner presse Riyad de normaliser ses relations avec Israël)
Il ne s'agit pas tant d'un changement radical de la configuration du pouvoir que d'une reconnaissance formelle des relations de plus en plus cordiales entre Israël et ses voisins arabes sunnites. En échange du traitement d'Israël comme pays normal, Benjamin Netanyahu s'est engagé à mettre en veilleuse les projets d'annexion de grandes parties de la Cisjordanie - donnant ainsi au prince des Émirats arabes unis Mohammed Al Nahyan quelque chose à vendre aux citoyens de son pays.
Jusqu'à présent, Israël n'a pas eu de relations diplomatiques avec les pays arabes du Golfe. L'accord est donc une nouvelle brèche - après les accords précédents avec l'Égypte et la Jordanie - dans la prétention inutile dans certaines parties du Moyen-Orient qu'Israël n'a pas le droit d'exister - ou, en fait, qu'il n'existe pas. Comme le demande à juste titre l'écrivain israélien de gauche Shany Mor : "Le monde arabe a-t-il tiré un quelconque avantage de cette hostilité incessante et de la négation du fait qu'il existe un Israël, sinon (osons-nous le dire ?) de la justice d'un Israël ?
La normalisation des relations s'accompagne également d'une série d'échanges culturels potentiellement fructueux, ainsi que d'accords plus formels tels que l'échange d'ambassades et la reprise des vols directs.
Jusqu'à présent, tout va bien. Et pourtant, il est utile de se demander : cui bono ? ("à qui cela profite ?")
Le président étatsunien Donald Trump - dont l'administration a officiellement négocié l'accord - vantera sans aucun doute l'accord comme un succès historique de la politique étrangère de la Maison Blanche. De plus, si Trump remporte un second mandat, on peut imaginer qu'il donnera son feu vert provisoire à la poursuite de l'annexion de la Cisjordanie par Israël, mais la question de savoir si les Israéliens choisiront de poursuivre dans cette voie est différente.
Les signes ne sont pas particulièrement favorables sur ce front, même si l'on doit tenir compte du penchant de Netanyahu pour le bombardement nationaliste. Dans un discours télévisé diffusé hier en Israël, Netanyahu a déclaré que les plans d'annexion de la Cisjordanie avaient simplement été "retardés" et restaient "sur la table". Cela peut être vrai ou non : de nombreuses personnes en Israël considèrent les plans d'annexion comme dangereux et irréalisables.
Comme Trump, Netanyahu recevra une ovation nationale pour l'accord, que le dirigeant israélien désignera afin de détourner l'attention des imbroglios nationaux (Netanyahu est accusé de corruption et, comme Trump, d'avoir bâclé la gestion de la pandémie de coronavirus dans son pays).
Et pourtant, de tels accords - entre élites autoritaires rivales - sont invariablement conclus au-dessus de la tête de certains de leurs sujets. Ce faisant, ils confèrent une pénombre de légitimité à l'ordre existant - en l'occurrence l'occupation israélienne de la terre palestinienne avec le déni des droits humains fondamentaux qui l'accompagne. Netanyahu n'a rien proposé pour mettre fin à l'occupation actuelle de la Cisjordanie. Ce qui a été offert est une promesse (apparemment flexible) de ne pas annexer encore plus de territoire - une distinction importante. Pas étonnant que le leader de Cisjordanie, Mahmoud Abbas, ait comparé cela à de la "trahison".
Nous entendrons beaucoup parler dans les prochains jours de la nature historique de cet accord - le conseiller à la sécurité nationale de Trump déclare déjà que son patron devrait recevoir le prix Nobel de la paix. Mais il vaut la peine de noter, au milieu de l'auto-agrandissement diplomatique, que, pour les Palestiniens, tout règlement qui semble légitimer les frontières existantes d'Israël - et donc l'occupation - est loin d'être souhaitable.
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