[Vidéos et images choquantes] Il y a quatre ans, des bombes étatsuniennes ont tué des centaines de personnes lors d'un enterrement yéménite. Ces bombes sont toujours utilisées aujourd'hui (MintPress News)

Il y a quatre ans, des bombes étatsuniennes ont tué des centaines de personnes lors d'un enterrement yéménite. Ces bombes sont toujours utilisées aujourd'hui
Article originel :  Four Years Ago, US Bombs Killed Hundreds at a Yemeni Funeral. Those Bombs Are Still Used Today
Par Ahmed Abdulkareem*
MintPress News

Le bombardement de la salle funéraire d'Al Kubra a été l'attaque la plus meurtrière de la guerre de six ans du Yémen, mais ce n'était pas la première attaque saoudienne sur une cible civile utilisant des armes américaines, ni la dernière.

Un expert médico-légal montre les lunettes et autres objets personnels d'une victime alors qu'il inspecte la salle funéraire détruite, deux jours après qu'un raid aérien saoudien l'ait prise pour cible, à Sanaa, au Yémen, le 10 octobre 2016. Hani Mohammed | AP

Ahmed Radwan al-Khazan, dix ans, tient la photo de son père dans une main et une rose fanée dans l'autre. Il est assis sur une chaise entourée de gravats et de cendres dans ce qui reste de la Place du Deuil. Des dizaines d'enfants, accompagnés de leurs jeunes mères veuves, sont perchés sur des dizaines de rangées de chaises sous une très longue tente, dont l'ombre est projetée sur l'épave du bâtiment de la grande salle Al Kubra.

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Là, les familles des 240 personnes tuées se sont rassemblées hier pour marquer le quatrième anniversaire de l'attaque qui a vu des avions de guerre saoudiens larguer une bombe guidée MK82 sur une salle funéraire. Il y avait au moins 1000 personnes en deuil à l'intérieur d'Al Kubra, situé dans la capitale du Yémen, Sanaa, lorsque les bombes ont frappé le 8 octobre 2016.

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Beaucoup d'enfants qui ont survécu à cet horrible événement sont encore trop jeunes pour saisir pleinement la gravité du moment. Certains portaient des roses rouges ou des fleurs blanches, tandis que les autres portaient des affiches sur lesquelles figuraient des images de leurs proches disparus. "Les bombes étatsuniennes ont tué mon père. Nous n'oublierons jamais cela", a déclaré Ahmed avec colère, les yeux pleins de larmes. Sa mère l'a éloigné en le protégeant, en lui tendant la main et en lui disant : "ton père est allé au ciel".

Les images des restes carbonisés et mutilés des personnes qui ont assisté aux funérailles sont encore fraîches dans l'esprit des survivants et des témoins qui ont parlé à MintPress. Sami Abdullah, qui porte maintenant une prothèse nouvellement ajustée pour remplacer sa jambe gauche perdue lors de l'attaque, a déclaré : "Nous sommes arrivés tôt, à midi, et avons serré la main des membres de la famille d'al-Ruwayshan, après un moment, nous avons entendu le bruit strident d'un jet et puis un bombardement avec une forte pression... des éclats d'obus... du feu... et une intense fumée noire.  Tout a basculé, puis, je me suis levé et j'ai couru et j'ai réalisé que j'avais perdu ma jambe. Quand j'étais à quelques pas de la porte, une deuxième bombe a frappé la tente."

Des personnes en deuil tiennent des photos de leurs proches lors d'un événement commémorant l'attaque d'Al Kubra. Photo | Ahmed AbdulKareem

Un groupe d'experts de l'ONU a découvert plus tard que le moment de l'attaque "coïncidait avec un moment où les funérailles devaient recevoir le plus grand nombre de personnes en deuil".
 

Les ventes d'armes étatsuniennes alimentent le carnage

Le bombardement des funérailles a été l'attaque la plus meurtrière de la guerre de six ans du Yémen, mais ce n'était pas la première attaque saoudienne sur une cible civile, ni la dernière. Mais ce qui l'a rendu différent, c'est son ampleur, le fait qu'il s'est produit en plein jour et que l'armée saoudienne a effectué un double tir aérien pour assurer un carnage maximum. Tout comme l'attaque saoudienne contre un bus scolaire qui a eu lieu en août 2019 et qui a tué plus de 40 enfants et a également utilisé une bombe guidée MK82 fabriquée aux États-Unis, la justice pour les victimes de l'attaque d'Al Kubra n'a pas été rendue. Les États-Unis continuent de fournir des armes à l'Arabie saoudite et toutes les tentatives de limiter ces ventes ont été ignorées.

Des fragments de la bombe MK82 trouvés dans les décombres d'Al Kubra sont vus dans un laboratoire de police scientifique à Sanaa, au Yémen, le 8 octobre 2016. Hani Mohammed | AP

Depuis 2015, les enquêteurs de l'ONU n'ont cessé de mettre en garde contre le lourd bilan des victimes civiles des campagnes de bombardement de la coalition dirigée par les Saoudiens, qui utilisent presque exclusivement des munitions fabriquées aux États-Unis. Pourtant, les États-Unis ont continué à vendre des armes au Royaume, ce qui a entraîné de nombreux massacres et la mort de dizaines de milliers de civils, comme ceux qui ont été tués lors de l'attaque d'Al Kubra Hall. L'impact catastrophique que les armes occidentales, en particulier les armes étatsuniennes, ont eu sur le Yémen est évident, non seulement en termes de pertes de vies humaines, mais aussi en termes de création de réfugiés, de troubles mentaux et de destruction d'infrastructures vitales, en particulier du système de santé du pays.

Les États-Unis affirment qu'ils ne prennent pas de décisions de ciblage pour la coalition saoudienne. Mais ils soutiennent les opérations de la coalition par la formation, la vente d'armes, le ravitaillement en carburant des avions de combat saoudiens et le partage de renseignements. Ces ventes d'armes comprennent des missiles à guidage de précision ainsi que des pièces de guidage de précision utilisées sur les mêmes avions de combat responsables des pertes civiles dans la campagne militaire des Émirats arabes unis au Yémen.

Selon les personnes réunies pour commémorer le quatrième anniversaire du bombardement de la salle funéraire, le carnage se poursuivra jusqu'à ce que l'Arabie saoudite et les EAU, qui utilisent toujours des armes étatsuniennes et britanniques, soient tenus responsables. En attendant, disent-ils, ils continueront à se rassembler et à pleurer les victimes des attentats jusqu'à ce que justice soit rendue.

L'anniversaire du massacre d'Al Kubra doit servir à rappeler la nécessité de rendre justice, mais aussi à rappeler que la mort dans la guerre du Yémen revêt de nombreuses formes. Des milliers de personnes meurent sans verser une seule goutte de sang, conséquence directe de la guerre. La faim, la COVID-19 et un cocktail mortel de maladies ont frappé le pays. Dans un message aux Nations Unies jeudi, le Présidium du Parlement du Yémen a averti que des milliers d'enfants dans les hôpitaux yéménites sont maintenant confrontés à la mort, ainsi que des milliers de patients souffrant d'insuffisance rénale, alors que le stock de pétrole du pays se flétrit dans un contexte de blocus saoudien soutenu par les États-Unis.

*Ahmed AbdulKareem est un journaliste yéménite. Il couvre la guerre au Yémen pour MintPress News ainsi que pour les médias locaux yéménites.

Traduction SLT

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