Tout le monde sait que le combat a été truqué (Off Guardian)

Tout le monde sait que le combat a été truqué
Article originel : Everybody Knows the Fight was Fixed
Par Edward Curtin
Off Guardian

"Ouais, comme dans une église. L'église du bon arnaqueur."
Fast Eddie Felson (Paul Newman) dans L'Arnaqueur.

À la fin de la pièce classique d'Henrik Ibsen, "La maison de poupée", Nora, la femme lésée, quitte la maison de son mari et toutes les illusions qui ont soutenu son mariage de mensonges. Elle choisit la liberté plutôt que la fantaisie.  Elle ne sera plus jouée comme une poupée mais essaiera de devenir une femme libre - une femme singulière.

"Il y a une autre tâche que je dois d'abord entreprendre. Je dois essayer de m'éduquer", dit-elle à son mari Torvald, un homme totalement incapable de comprendre la programmation sociale qui a fait de lui l'esclave de la société.

Lorsque Nora ferme la porte de la maison de poupée derrière elle, le bruit est comme un coup de marteau de la liberté. Pour tous ceux qui ont vu la pièce, même en connaissant le résultat à l'avance, ce son est profond. Il ne cesse de résonner. Il interroge la conscience de chacun.

L'écho demande : Vivez-vous dans la maison de poupée étatsunienne où une vaste tapisserie de mensonges, de mauvaise foi et de grâce bon marché vous maintient enfermé dans le confort, alors que vous répétez les habitudes qui vous ont été inculquées ?

Dans cette maison de poupée de la propagande dans laquelle les Etats-Unis ont été convertis, un grand nombre de nos hypothèses de base sont totalement illusoires.

Les Etatsuniens qui ont voté pour Trump ou Biden lors des élections de 2020 sont comme des clones de Torvald.  Ils refusent d'ouvrir cette porte pour pouvoir la refermer derrière eux.

Ils vivent dans la maison de poupée - ils sont plus de 146 millions. Comme Torvald, ils sont réconfortés. Ils sont programmés et propagandés, embrassant l'illusion que le système électoral n'est pas structuré et contrôlé pour s'assurer qu'aucun changement significatif ne puisse se produire, quel que soit le président. C'est une triste réalité que l'on présente comme une démocratie.

Ils vont jacasser et donner toutes sortes de raisons pour lesquelles ils ont voté, et pour qui, et comment si vous ne votez pas vous n'avez pas le droit de râler, et comment c'est ce droit sacré de voter qui rend la démocratie grande, bla bla bla. C'est une pure absurdité. Car les États-Unis ne sont pas une démocratie ; c'est une oligarchie dirigée par les riches pour les riches.

Ce n'est pas un grand secret.  Tout le monde sait que c'est vrai, que le système électoral est un pur show business avec l'extravagance présidentielle qui attire les gros capitaux des lobbyistes d'entreprise, des banquiers d'investissement, des sociétés de cartes de crédit, des avocats, des dirigeants d'entreprises et de fonds spéculatifs, des honchos de la Silicon Valley, des think tanks, des joueurs de Wall Street, des millionnaires, des milliardaires, etc. Biden et Trump ont dépensé plus de 3 milliards de dollars pour les élections. Ils sont la propriété des gens de l'argent.

Ce sont tous deux des hommes âgés qui ont une longue et honteuse histoire. Une enquête rapide montrera comment les riches ont profité énormément de leur mandat.  Il n'y a pas un seul indice qu'ils pourraient changer et avoir une conversion miraculeuse pendant leur futur mandat, comme JFK.  Ils n'ont ni le courage ni l'intelligence.  Ce ne sont des hommes de nulle part qui craignent le sort que John Kennedy a connu lorsqu'il s'est retourné contre la CIA et la machine de guerre.  Ils rejoignent la compagnie lâche de Johnson, Ford, Carter, Reagan G.H.W. Bush, Clinton, George W. Bush et Obama.  Ils ont tous reçu le message qui a été envoyé depuis les rues de Dallas en 1963 : Tu ne veux pas mourir, n'est-ce pas ?

Posez-vous la question : Le pouvoir de l'État de guerre oligarchique et permanent, avec ses réseaux de propagande et d'espionnage, son vaste appareil de renseignement, a-t-il augmenté ou diminué au cours du dernier demi-siècle ? Qui gagne la bataille, le peuple ou les élites dirigeantes ? La réponse est évidente.

Peu importe que le président ait été Trump ou Bill Clinton, Ronald Reagan ou George W. Bush, Barack Obama ou George H. W. Bush, Richard Nixon, Gerald Ford ou Jimmy Carter. Le pouvoir de l'État de sécurité nationale s'est accru sous leur influence et tout le monde doit gémir et se demander pourquoi.

Pendant ce temps, la maison de poupée est devenue de plus en plus sophistiquée et puissante. C'est maintenant essentiellement une prison électronique qui est "reconstruite en mieux". La nouvelle guerre froide qui se déroule actuellement contre la Russie et la Chine est une affaire bipartite, tout comme le jeu de confiance joué par le gouvernement secret qui vise à créer une conscience fracturée dans la population par le biais de ses sténographes de masse. Trump et ses partisans d'un côté, les démocrates libéraux de l'autre.

Seuls ceux qui sont soutenus par les riches courtiers en pouvoir sont élus aux États-Unis.  Les paumes sont graissées.  Tout le monde sait que c'est vrai. Cela s'appelle la corruption.  Alors pourquoi quelqu'un qui s'oppose à une oligarchie politique corrompue voterait-il, à moins qu'il ne s'agisse d'un vote de conscience pour un candidat tiers condamné ?

Leonard Cohen a dit la vérité avec "Everybody Knows" :

    Tout le monde sait que les dés sont pipés
    Tout le monde roule en croisant les doigts
    Tout le monde sait que la guerre est terminée
    Tout le monde sait que les gentils ont perdu
    Tout le monde sait que le combat a été truqué
    Les pauvres restent pauvres, les riches deviennent riches
    C'est comme ça que ça se passe
    Tout le monde sait
    Tout le monde sait que le bateau fuit
    Tout le monde sait que le capitaine a menti
    Tout le monde a ce sentiment de brisement
    Comme si leur père ou leur chien venait de mourir

Et pourtant, tous ceux qui ont voté pour les deux hommes soutenus par les propriétaires super-riches du pays savaient ce qu'ils faisaient, à moins qu'ils ne vivent dans une grotte et ne sortent tous les quatre ans pour voter.  Peut-être étaient-ils en train d'acheter de la farce pour la dinde de Thanksgiving, afin de pouvoir rendre grâce pour la farce (farce : latin : farcire ).

Ils ont leurs raisons.  Maintenant, les partisans de Biden font la fête, tout comme les partisans de Trump l'ont fait en 2016.  J'entends des feux d'artifice au moment où j'écris, dans une ville où plus de 90 % des habitants ont voté pour Biden et détestent Trump avec une passion plus intense que ce qu'ils ont pu faire pour un amant ou un conjoint méprisé.  C'est une psychose de masse. C'est presque drôle.

Au moins, nous nous sommes débarrassés de Trump, disent-ils.  Personne ne peut être pire. Ils pensent que c'est logique. Comme Torvald, ils ne peuvent pas comprendre pourquoi quelqu'un voudrait quitter la maison de poupée, comment quelqu'un pourrait refuser de jouer à un jeu dans lequel les dés sont pipés. Ils nieront être dans la maison de poupée tout en sachant que les dés sont pipés et lanceront quand même le dé, sans se soucier que leur choix - que ce soit Tweedledee ou Tweedledum - entraîne la mort et l'appauvrissement d'un si grand nombre de personnes, ce qui est le résultat final du règne oligarchique dans le pays et de l'impérialisme à l'étranger.

Orwell a appelé cela "Doublethink" (la "double pensée") :

    La double pensée signifie le pouvoir de garder deux croyances contradictoires dans son esprit simultanément, et de les accepter toutes les deux.... Dire des mensonges délibérés tout en y croyant sincèrement, oublier tout fait devenu gênant, puis, lorsqu'il devient à nouveau nécessaire, le sortir de l'oubli le temps qu'il faut, nier l'existence de la réalité objective et tout en tenant compte de la réalité que l'on nie - tout cela est indispensable.

Et si en 1984, la double pensée est apprise par tous les membres du Parti "et certainement par tous ceux qui sont intelligents et orthodoxes", aujourd'hui aux États-Unis, elle est maîtrisée même par les soi-disant non-intelligents.

Vivre aux États-Unis, c'est vivre dans l'Église du bon larron.

Les gens se demandent souvent : "Que pouvons-nous faire pour améliorer le pays ?  Quelle est votre alternative ?

Un enfant pourrait répondre à cette question : Ne votez pas si vous savez que les deux candidats sont soutenus par les élites super-riches, ce que certains appellent l'État profond.  Ce qu'ils sont bien sûr. Tout le monde le sait.

La soi-disant gauche et la droite se disputent constamment pour savoir qui soutenir.  C'est un pseudo-débat construit pour permettre aux gens de penser que leur vote compte ; que le jeu n'est pas truqué. Il est martelé dans la tête des enfants dès leur plus jeune âge. Soyez reconnaissants, remerciez le fait que vous vivez dans une démocratie où le vote est autorisé et où votre choix est aussi important que celui d'un milliardaire comme Bill Gates, Jeff Bezos ou Charles Koch. Dans l'isoloir, nous sommes tous égaux.

Les mythes ont la vie dure. Celui-ci ne fonctionne jamais :

    Votre voix, vos espoirs et vos rêves définiront notre destin étatsunien. Et votre courage, votre bonté et votre amour nous guideront toujours sur la voie".
    Donald Trump, 20 janvier 2017

    La campagne étant terminée, il est temps de mettre la colère et la dure rhétorique derrière nous et de se rassembler en tant que nation. Il est temps pour les Etats-Unis de s'unir. Et de guérir."
    Joe Biden, 7 novembre 2020

    Par-dessus tout, le temps est venu pour nous de renouveler notre foi en nous-mêmes et aux Etats-Unis.  Ces dernières années, cette foi a été remise en question".
    Richard Nixon, 20 janvier 1973

Votre voix - notre foi - il est temps de s'unir et de guérir.

Demandez aux Vietnamiens, aux Irakiens, aux Syriens, aux Afghans, aux Libyens, aux Palestiniens, etc. Ils chantent un air différent, que l'on n'entend pas dans l'Église du bon larron.

Après avoir mené une campagne acharnée pour le candidat perdant à la présidence en 1972, j'ai failli m'étouffer en entendant le discours inaugural de Richard Nixon en janvier 1973. Accroché au mythe étatsunien l'année précédente, j'avais fait campagne pour un véritable démocrate anti-guerre, le sénateur George McGovern.

La guerre contre le Vietnam faisait toujours rage et Nixon, qui avait été élu pour la première fois en 1968 comme "candidat de la paix", succédant au précédent "candidat de la paix" Lyndon Baines Johnson, a néanmoins été élu à une écrasante majorité, malgré les allégations du Watergate apparues dans les mois précédant l'élection.  Nixon a remporté quarante-neuf États contre celui de McGovern - le Massachusetts, où je vivais.

Ce fut un véritable raz-de-marée. Je me suis senti malade, je me suis réveillé, je me suis levé et j'ai quitté la maison de poupée.

"La propagande est le véritable remède à la solitude", écrivait le sociologue français Jacques Ellul en 1965 dans Propagande :

    Elle correspond au besoin de partager, d'être membre d'une communauté, de se perdre dans un groupe, d'embrasser une idéologie collective qui mettra fin à la solitude.... Elle correspond également à des besoins profonds et constants, plus développés aujourd'hui, peut-être, que jamais auparavant : le besoin de croire et d'obéir, de créer et d'entendre des fables, de communiquer dans le langage des mythes.

Dans un pays où la solitude est très répandue, la volonté de croire et le pouvoir de la pensée positive sont bien plus puissants que la volonté de vérité.  Contrairement à Nora, qui savait qu'en quittant la maison de poupée, elle choisissait la solitude de l'âme solitaire, les Etatsuniens préfèrent les mythes qui les incitent à agir par habitude afin de se perdre dans le groupe.

Et ce, malgré le fait que dans l'Église du bon larron, quand on joue le jeu, on perd.  Nous sommes tous Etatsuniens et votre vote compte et George Washington n'a jamais menti.

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Traduction SLT

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