Biden, Trump & les escadrons de la mort de la CIA en Afghanistan (Sputniknews)

Biden & les escadrons de la mort de la CIA
Article originel : Biden & CIA Death Squads
Par Finian Cunningham*
Sputniknews

© REUTERS / MOHAMMAD ISMAIL

Les escadrons de la mort soutenus par la CIA se déchaînent en Afghanistan, tuant des civils et terrorisant la population. Lorsque Joe Biden deviendra président dans trois semaines, il devrait s'attacher en priorité à mettre fin à cette "Meurtre Inc".

Un rapport d'enquête récemment publié a mis au jour un programme d'assassinat systématique mené par la CIA dans plusieurs provinces d'Afghanistan.

En une seule période de six mois en 2019, il a été constaté que plus de 50 civils, dont des femmes et des enfants, ont été assassinés dans 10 massacres distincts qui ont été analysés, selon l'auteur Andrew Quilty. Il ne s'agissait là que d'un échantillon des meurtres commis dans une seule province, celle de Wardak.

L'escadron de la mort, connu sous le nom d'"Unité 01", est composé d'Afghans recrutés localement, mais ils sont formés, équipés et dirigés par des agents étatsuniens.

Il ne fait aucun doute que l'opération clandestine de la CIA aurait une autorisation de haut niveau de la Maison Blanche. Elle est menée en vertu du code militaire dit "Titre 50" qui protège les agents des poursuites pour crimes de guerre. Seul le président peut approuver ce niveau d'autorisation.

Joe Biden, le nouveau président démocrate élu, s'est plaint que l'administration Trump en place lui a refusé l'accès à des briefings classifiés sur la sécurité nationale. Eh bien, Biden aura bientôt un accès complet après son investiture le 20 janvier. Dans ce cas, le nouveau président sera inévitablement informé des "opérations anti-terroristes" afghanes et de ses escadrons de la mort. Il devra choisir s'il veut mettre un terme à ce programme.

Les preuves des opérations de meurtre de la CIA sont accablantes. Les chefs des communautés afghanes et les responsables de la sécurité ont témoigné que l'"Unité 01" et ses homologues dans d'autres provinces sont dirigés par des officiers étatsuniens obscurs qui accompagnent les escadrons de la mort lors de leurs raids sur les villages et les fermes.

Des dizaines de résidents afghans et de survivants des attaques décrivent également les opérations menées par les États-Unis.

En outre, les escadrons de la mort sont soutenus par des hélicoptères de transport Chinook, des avions de chasse, des navires de guerre et des drones étatsuniens.

La position officielle des États-Unis est que leurs forces militaires sont chargées de vaincre les militants talibans qui s'opposent au régime soutenu par les États-Unis à Kaboul. Mais les assassinats perpétrés par les escouades dirigées par la CIA visent des civils dans le cadre de ce qui semble être une politique de matraquage du terrorisme et d'intimidation. Dans la plupart des atrocités étudiées, il n'y avait aucun lien entre les victimes et les talibans.

Sous la direction de Donald Trump, puis de Mike Pompeo, chef de la CIA, devenu par la suite secrétaire d'État, les opérations militaires étatsuniennes en Afghanistan ont connu un changement à la fin de 2017. L'accent a été mis davantage sur les opérations clandestines et sur un assouplissement des règles d'engagement.

Pendant le mandat de Trump, il y a eu une énorme augmentation des décès de civils en Afghanistan, en partie à cause de l'augmentation des frappes aériennes, mais aussi à cause des escadrons de la mort de la CIA qui se sont déchaînés. Dans le même temps, cependant, Trump s'est vanté du retrait des troupes conventionnelles d'Afghanistan dans le cadre d'un prétendu accord de paix avec les talibans. Cela a permis au président républicain de prétendre qu'il tient ses promesses électorales de mettre fin aux guerres à l'étranger comme en Afghanistan - qui, avec une durée de deux décennies, est la plus longue guerre étrangère jamais menée par les États-Unis.

Ce que fait Joe Biden à ce sujet reste à voir, mais les signaux ne sont pas bons. Pour commencer, presque tous les présidents étatsuniens ont approuvé les programmes d'assassinat de la CIA, du Guatemala et de l'Iran dans les années 50, à Cuba et au Vietnam dans les années 60, au Salvador et au Nicaragua dans les années 70 et 80, et bien d'autres encore. C'est un aspect routinier de la sale besogne d'un président étatsunien.

C'est pourquoi il est si méprisable et absurde pour Biden et d'autres d'avoir critiqué Trump pour des informations non fondées diffusées par les médias étatsuniens, selon lesquelles la Russie aurait mis en place un système de chasseurs de primes en Afghanistan pour tuer les troupes étatsuniennes. Il n'y a jamais eu de preuve d'une telle fable, que même le Pentagone a été obligé de rejeter comme non fondée. Et comme d'habitude, le scandale médiatique s'est évaporé aussi vite qu'il a éclaté, démentant sa crédibilité.

Entre-temps, il apparaît que sous la surveillance de Trump, les Etatsuniens ont procédé à des assassinats systématiques de civils afghans avec les escadrons de la mort de la CIA. Où sont les condamnations de Biden ?

Biden est associé au fait d'avoir exhorté l'ancien président Barack Obama à adopter une ligne militaire plus agressive en Afghanistan lorsqu'il était vice-président (2008-2016). Biden était favorable à des raids nocturnes "à coups de pied dans la porte" par les forces spéciales. Il est donc très peu probable qu'il répudiera l'initiative de meurtre que Trump a lancée en Afghanistan.

Ce que Biden apporte au nouveau régime de la Maison Blanche, c'est une couche supplémentaire de corruption morale et d'hypocrisie sous le couvert d'un "démocrate libéral".

*Finian Cunningham a beaucoup écrit sur les affaires internationales, avec des articles publiés en plusieurs langues. Il est titulaire d'une maîtrise en chimie agricole et a travaillé comme rédacteur scientifique pour la Royal Society of Chemistry, à Cambridge, en Angleterre, avant de poursuivre une carrière dans le journalisme de presse. Il est également musicien et auteur de chansons. Pendant près de 20 ans, il a travaillé comme rédacteur et écrivain dans de grands médias d'information, dont The Mirror, Irish Times et Independent.

Traduction SLT

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