Covid-19: bilan préliminaire de la mortalité en 2020
Bon pour la tête
Les résultats de cette analyse du taux de mortalité en Suisse, selon les différentes classes d’âge de la population, surprennent, tant ils s’écartent des courbes et comparaisons qui ont usuellement fait la une des médias au long de l’année écoulée.
A l’heure des bilans, Bon Pour la Tête vous propose un nouveau compte rendu sur la mortalité observée en 2020.
L’année 2020 aura été marquée par une hausse du taux brut de mortalité, par rapport aux années précédentes. Selon une dernière estimation, il s’élève à près de 8.54 décès pour mille habitants, durant l’année passée. Comparé à 2019, il exprime une augmentation du nombre de décès de l’ordre de 640 décès par million d’habitants.
Il faut remonter approximativement à l’année 2003 pour atteindre un tel taux de mortalité. Depuis, les progrès de la technique médicale et les diagnostiques précoces, ont sans aucun doute favorisé la réduction du taux de mortalité.
Incontestablement, les deux vagues épidémiques du Sars-Cov2 auront contribuées à l’augmentation du taux de mortalité en 2020. Mais est-ce que cette épidémie en est la seule raison?
Le calcul du taux de mortalité par classe d’âge requiert le nombre de décès par classe d’âge (tableau 1) et la population par classe d’âge (tableau 2). Le rapport de ces données permet d’exprimer le taux de mortalité par classe d’âge, en nombre de décès pour 1000 individus; il figure dans le tableau 3 et en Fig. 2.
Tableau 1: Nombre de décès relevé en Suisse par classe d’âge pour les années 2010-2020 et proportion du nombre de décès en 2020.
Tableau 2: Population en Suisse par classe d’âge entre 2010 et 2020 et taux de variation total.
Tableau 3: Taux de mortalité en Suisse par classe d’âge pour les années 2010-2020 et rang du taux de mortalité de 2020.
Source: calculé selon les données des Tableaux 1 et 2, à partir des chiffres de l’OFS au 7.01.2021.
Fig. 2: Taux de mortalité observé en Suisse par classe d’âge pour les années 2010 à 2020.
Source: données du Tableau 3, à partir des chiffres de l’OFS au 7.01.2021
La classe d’âge de 90 ans et plus est de loin la plus touchée par la mortalité
En 2020, la classe d’âge présentant le taux de mortalité le plus élevé est la classe 90 ans et plus. Il s’élève à 254 décès pour mille individus, exprimant qu’environ un quart des personnes âgées de 90 ans et plus sont décédées au cours de l’année. Un tel taux n’a été surpassé qu’une fois au cours des 10 dernières années, en 2012.
2012: Une année record d’un point de vue mortalité, mais passée médiatiquement inaperçue
L’année 2012 aura été plus fatale que l’année 2020 dans toutes les classes d’âge, car les taux de mortalité respectifs y sont sans exception plus élevés. Cependant, cette année à forte mortalité est restée médiatiquement inaperçue. Pourquoi? Les capacités hospitalières n’auraient-elles pas été mises à l’épreuve en ce temps et auraient depuis été franchies?
Accroissement de la population âgée
La classe d’âge de 90 ans et plus a présenté le taux d’accroissement du nombre d’individus le plus élevé au cours des 10 dernières années, s’élevant à 37%, suivie de la classe 70-79 ans (30%). La population âgée croit indéniablement et cette croissance marque un nouveau tournant, mettant à l’épreuve les capacités de nos structures hospitalières et gériatriques.
Dilemme ou conséquences du vieillissement de la population?
A partir des données de mortalité actuellement disponibles, aucune des classes d’âge décennales n’a présenté en 2020 un taux de mortalité surpassant ceux observés au cours des 10 dernières années, quand bien même le taux brut de mortalité de 2020 surpasse ceux des 10 années précédentes. Pourquoi?
Ce qui pourrait sembler être un dilemme n’en n’est point un. La raison est que la population la plus âgée s’accroît comme encore jamais auparavant et que les groupes d’âge avancé qui sont les plus touchés par la mort prennent ainsi un poids de plus en plus considérable sur la tendance du taux brut de mortalité dans le pays.
Ainsi, indirectement, la crise sanitaire a été un révélateur du fort accroissement que connaît notre population âgée et de ses conséquences à moyen terme sur notre système de santé, tant au niveau des capacités que des coûts. Le risque d’une surcharge du système hospitalier reste un problème récurrent, mentionné à plusieurs reprises par nos médias, en particuliers ces dernières années lors des saisons de grippe et de ski.
Au sortir de la crise, nos autorités auront un travail important à fournir pour éviter un risque quasi-permanent de surcharge du système hospitalier. Sinon, un autre risque serait de voir le régime d’exception dans lequel nous vivons depuis près d’une année se transformer en un régime quasi-permanent.
Remarque: Notre analyse focalisée sur la situation de la Suisse est inspirée d’une récente étude systématique réalisée par une équipe de scientifiques allemands, autrichiens et suisses. Cette étude a porté sur le calcul du taux de mortalité observé dans différents pays européens, au cours de l’année 2020. Les résultats sont intéressants, car des pays comme l’Italie ou la Belgique, décrits comme étant touchés par une surmortalité hors norme en 2020, présenteraient à l’instar de la Suisse, des taux de mortalité par classe d’âge inférieurs à ceux des années précédentes. La Suède ferait un parcours sans faute. Bon pour la tête et l’auteur du présent article ne prennent aucune position sur ces chiffres, car nous ne les avons personnellement pas vérifiés.
Addendum du 16.01.2021: il s’agit ici d’un bilan fait à partir des données de l’OFS, dans l’état des données au 5.01.2021. Les chiffres vont quelque peu évoluer du fait du temps nécessaire au transfert des données de mortalité à l’OFS. Le bilan sera mis à jour dans les prochaines semaines (1ère semaine de févier), une fois que les données de l’OFS seront stables.
A partir des données actuellement disponibles à l’OFS, une mise à jour des tableaux n’est pas possible.
Dernière mise à jour 5.01.2020.
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