Tentative de meurtre par des militaires de la DGSE : le commanditaire présumé arrêté
Par Eric Pelletier
France TV info, 30.01.21
Un coach en entreprise, interpellé vendredi, est interrogé à la brigade criminelle. Il est soupçonné d’avoir commandité l’assassinat d’une concurrente, Marie-Hélène Dini, qui avait échappé de peu à la mort, le 24 juillet 2020.
Une affaire digne d’un roman d’espionnage. Plusieurs personnes ont été placées en garde à vue au cours de la semaine écoulée dans le cadre d’une tentative de meurtre imputée l’été dernier à deux militaires de la DGSE, les services de renseignement extérieurs français. Parmi les suspects interpellés après six mois d’enquête de la police judiciaire parisienne figure un homme présenté comme le commanditaire de ce "contrat". Il a été arrêté le vendredi 29 janvier, selon les informations de France Télévision.
L’affaire prend corps le 24 juillet 2020, à Créteil (Val-de-Marne) à l’occasion d’une banale intervention de police. Ce jour-là, deux hommes sont arrêtés dans leur voiture, une Clio volée. Habillés de vêtements sombres, gantés, ils sont soupçonnés de préparer un cambriolage. Au pied du siège passager, dans un sac de sport, un pistolet Browning, une balle engagée dans le canon et un silencieux bricolé. La brigade criminelle de Paris hérite du dossier.
Deux "cambrioleurs" qui appartiennent à la DGSE
Placés en garde à vue, les deux "cambrioleurs" revendiquent aussitôt leur appartenance à la DGSE. Vérification faite, ils disent vrai : ces caporaux, Pierre B. et Carl E., sont bel et bien affectés à la surveillance de la base de Cercottes, dans le Loiret, le centre parachutiste d’entraînement spécialisé du service Action. Ils répondent aux pseudos d’Adelard et Dagomar. La suite est à peine croyable.
Si Adelard et Dagomar étaient en planque à Créteil ce matin-là, c’était de leur propre aveu pour… assassiner une femme, coach en entreprise, en raison des liens qu’elle entretient − selon eux − avec le Mossad, les services secrets israéliens. Une mission "homo" dans le jargon de l'espionnage, une opération en théorie prohibée sur le sol français. Ils ont songé à l’empoisonner, à la jeter d’un pont, à poser une bombe sous sa voiture ou encore à simuler un accident de la circulation. Pour organiser le guet-apens du 24 juillet, à proximité de son domicile, ils avaient pris soin de placer une balise sous la voiture de leur cible.
La cible : une cheffe d'entreprise qui appartiendrait au Mossad
La mystérieuse "espionne" qu’il doive à tout prix éliminer se nomme Marie-Hélène Dini. Elle a 54 ans, mène une vie paisible et ne se cache pas. Lorsque les policiers apprennent à cette cheffe d’entreprise qu’elle vient d’échapper à la mort, cette dernière tombe des nues. En septembre 2020, elle se confie à France Télévisions, évoquant le choc de cette annonce et les "semaines de terreur" qui ont suivi.
En fouillant dans la vie de la victime, les policiers ne découvrent pas la moindre connexion avec le monde de l’espionnage. En revanche, ils notent que cette cheffe d’entreprise a été la cible, le 24 octobre 2019, neuf mois avant la tentative de meurtre, d’une agression violente, un vol de sac à l’arraché d’une grande violence. Un avertissement ?
L’enquête progresse rapidement. Des complices présumés, au contact direct des deux militaires de la DGSE, sont rapidement identifiés. Ces derniers évoluent dans le monde des sociétés de sécurité. L’un des suspects était spécialiste en faux documents, au sein de la DGSI, le renseignement intérieur. Un autre a monté sa propre entreprise de sécurité. Lors d'une perquisition, les enquêteurs découvrent dans son garage une moto et un scooter volés. Malgré les moyens déployés, les investigations ne parviennent pas à dépasser ce premier cercle de barbouzes présumés : celui des opérationnels. Les enquêteurs peinent à remonter jusqu’au commanditaire...
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