Ce que les États-Unis ont fait au Yémen
Article originel : What the US has wrought in Yemen
The Christian Century, 22.02.21
Le mois dernier, l'administration Biden a annoncé la fin du soutien étatsunien à la guerre au Yémen. Peu d'Etatsuniens se souviennent probablement de la date à laquelle nous avons commencé à soutenir cette guerre ou de ce que ce soutien a signifié. C'était intentionnel de la part de l'administration Obama (dont Biden faisait partie), qui a souligné ses objectifs de lutte contre le terrorisme au Yémen mais a occulté les faits fondamentaux de la participation étatsunienne. Avec sa clarté et son ouverture, l'annonce de Biden est une sorte de bouffée d'air frais.
Les origines du conflit actuel au Yémen sont anciennes et complexes. Mais la guerre civile a commencé en 2014, lorsque les rebelles chiites ont attaqué le gouvernement sunnite du Yémen et ont pris la capitale. En 2015, une coalition d'États du Golfe dirigée par les Saoudiens a lancé une campagne contre les rebelles. Dès le début, les États-Unis ont fourni un soutien logistique et de renseignement, ainsi que des ventes d'armes. Ils ont également littéralement alimenté le conflit, en livrant des dizaines de millions de livres de carburant pour avions aux Saoudiens.
Le conflit a été dévastateur pour le peuple yéménite. Le Yémen connaît la pire crise humanitaire au monde, avec près de 80 % de sa population au bord de la famine. Il y a 30 fronts militaires actifs. Toutes les parties ont violé les droits de l'homme et le droit humanitaire international, et les civils ont payé une grande partie du prix. Les bombes fabriquées par les États-Unis ont tué ou blessé des milliers de Yéménites. Au Yémen, les États-Unis sont considérés à juste titre comme un instigateur et un perpétuateur du conflit.
image de couverture
L'annonce de Biden met en évidence trois développements importants. Les États-Unis ont suspendu leurs ventes d'armes à l'Arabie saoudite, en particulier en raison de l'examen de son rôle dans le conflit. Ils ont nommé un envoyé diplomatique de haut niveau pour faire de la fin du conflit une priorité visible pour l'administration. Et ils permettent une fois de plus à l'aide humanitaire d'atteindre des Yéménites désespérés.
Cela dit, il est possible que l'annonce de Biden s'avère largement symbolique. Les ventes d'armes à l'Arabie Saoudite pourraient se poursuivre sans entrave, et les frappes de drones étatsuniens sur le Yémen pourraient se poursuivre sous prétexte de lutte contre le terrorisme. Si c'est le cas, cela sapera encore plus la confiance des États-Unis dans la région. La prochaine étape pour le pays reste incertaine. Les divisions ne se sont élargies qu'au cours des six dernières années de conflit civil, et les actions parrainées par les États-Unis ont créé de profondes blessures. Il ne reste qu'une lueur d'espoir réel.
En 2016, le sénateur du Connecticut Chris Murphy a averti que les États-Unis entraient "trop discrètement" une fois de plus dans une nouvelle guerre au Moyen-Orient. La guerre étatsunienne a longtemps été troublée par ce manque de clarté. Les États-Unis ne déclarent plus la guerre. Au lieu de cela, ils mènent des batailles sans fin avec de graves conséquences humaines et disent rarement la vérité à ce sujet. Mais la reconnaissance par Biden du rôle des États-Unis dans la "création d'une catastrophe humanitaire et stratégique" offre l'occasion de tracer une nouvelle voie. Comme l'a écrit James Baldwin, "On ne peut pas changer tout ce à quoi on est confronté, mais on ne peut rien changer tant qu'on n'y est pas confronté".
Une version de cet article apparaît dans l'édition imprimée sous le titre "Un changement au Yémen ?
Traduction SLT
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