Quelques receveurs de vaccins contre la Covid ont développé une maladie du sang rare
Article originel : A Few Covid Vaccine Recipients Developed a Rare Blood Disorder
Par Denise Grady
New York Times, 8.02.21
Un lien avec les vaccins n'est pas certain et des enquêtes sont en cours dans certains cas signalés.
Un jour après avoir reçu sa première dose du vaccin contre la Covid de Moderna, Luz Legaspi, 72 ans, s'est réveillée avec des bleus sur les bras et les jambes, et des ampoules qui saignaient à l'intérieur de sa bouche.
Elle a été hospitalisée à New York ce jour-là, le 19 janvier, avec un cas sévère de thrombocytopénie immunitaire - un manque de plaquettes, un composant sanguin essentiel pour la coagulation.
La même condition a conduit au décès en janvier du Dr Gregory Michael, 56 ans, un obstétricien de Miami Beach dont les symptômes sont apparus trois jours après qu'il ait reçu le vaccin Pfizer-BioNTech. Les traitements n'ont pas réussi à restaurer ses plaquettes, et après deux semaines à l'hôpital, il est mort d'une hémorragie cérébrale.
On ne sait pas si cette maladie du sang est liée aux vaccins contre la Covid. Plus de 31 millions de personnes aux États-Unis ont reçu au moins une dose, et 36 cas similaires avaient été signalés au système gouvernemental de déclaration des effets indésirables des vaccins (VAERS) à la fin du mois de janvier. Les cas concernaient soit le vaccin Pfizer-BioNTech, soit le vaccin Moderna, les deux seuls autorisés à ce jour pour un usage d'urgence aux États-Unis.
Mais le système de déclaration ne montre que les problèmes décrits par les prestataires de soins ou les patients après la vaccination, et n'indique pas si les vaccins ont réellement causé les problèmes.
Des responsables de la Food and Drug Administration et des Centers for Disease Control and Prevention ont déclaré qu'ils examinaient les rapports, mais que jusqu'à présent, les taux de cette maladie chez les personnes vaccinées ne semblaient pas plus élevés que les taux normalement constatés dans la population étatsunienne, de sorte que les cas pourraient être fortuits. Dans l'ensemble, les vaccins sont considérés comme sûrs. Un petit nombre de réactions allergiques graves ont été signalées, mais elles sont traitables, et les taux sont conformes à ceux signalés pour d'autres vaccins, selon les autorités réglementaires.
Dans une déclaration, Pfizer a déclaré "Nous prenons très au sérieux les rapports d'effets indésirables", et a ajouté qu'elle avait connaissance de cas de thrombocytopénie chez les personnes ayant reçu le vaccin.
La déclaration disait aussi "Nous recueillons des informations pertinentes à partager avec la F.D.A. Cependant, pour le moment, nous n'avons pas été en mesure d'établir une association causale avec notre vaccin".
Moderna a également fait une déclaration, qui n'aborde pas la question des troubles plaquettaires, mais a déclaré que la société "surveille en permanence la sécurité du vaccin Moderna Covid-19 en utilisant toutes les sources de données" et partage systématiquement les informations de sécurité avec les autorités de réglementation.
Des hématologues spécialisés dans le traitement de la thrombocytopénie immunitaire ont déclaré qu'ils soupçonnaient que le vaccin avait joué un rôle. Mais ils ont déclaré que les cas après vaccination étaient susceptibles d'être extrêmement rares, peut-être le résultat d'une prédisposition inconnue chez certaines personnes à réagir au vaccin en développant une réponse immunitaire qui détruit leurs plaquettes. Ce trouble s'est rarement produit chez des personnes ayant reçu d'autres inoculations, en particulier celle de la rougeole, des oreillons et de la rubéole.
"Je pense qu'il est possible qu'il y ait une association", a déclaré dans une interview le Dr James Bussel, hématologue et professeur émérite de Weill Cornell Medicine, qui a écrit plus de 300 articles scientifiques sur le trouble plaquettaire. "Je suppose qu'il y a quelque chose qui rend les personnes qui ont développé une thrombocytopénie susceptibles, étant donné le faible pourcentage de receveurs qu'elles sont".
Il a ajouté : "Le fait que cela se produise après un vaccin est bien connu et a été observé avec de nombreux autres vaccins. Nous ne savons pas pourquoi cela se produit".
Le Dr Bussel a déclaré qu'il était important de partager les informations sur ces cas, car une thrombocytopénie grave peut être grave, et les médecins doivent savoir comment la traiter. Parfois, l'affection résiste aux thérapies standard, et si un nombre très faible de plaquettes persiste, le patient est confronté à un risque croissant d'hémorragie grave et même d'hémorragie cérébrale.
Avec une collègue, le Dr Eun-Ju Lee, il a soumis un article à une revue médicale sur 15 cas de personnes ayant reçu le vaccin Covid qu'ils ont identifiés en consultant la base de données du gouvernement ou en consultant d'autres médecins traitant des patients. Le rapport fournit des informations sur les traitements et invite les médecins à signaler les cas. Il note également qu'il est trop tôt pour dire si les patients touchés auront des guérisons durables ou des récidives du problème des plaquettes...
Traduction SLT
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