Les médecins canadiens sont censurés (AIER)

Les médecins canadiens sont censurés
Article originel : Canadian Doctors Are Being Censored
Par Ethan Yang
American Institute for Economic Research, 12.05.21

Le 30 avril 2021, l'Ordre des médecins et chirurgiens de l'Ontario a publié une déclaration très controversée concernant ce qu'il considère comme de la désinformation sur la Covid. L'Ordre des médecins et chirurgiens de l'Ontario est un organisme de réglementation régional habilité par la loi à exercer une autorité en matière de licence et de discipline sur la pratique de la médecine en Ontario. Il s'agit de l'équivalent d'un State Bar Association pour les avocats étatsuniens, sauf pour les médecins canadiens. La déclaration du CPSO est la suivante,

L'Ordre est conscient et préoccupé par l'augmentation de la désinformation qui circule sur les médias sociaux et d'autres plateformes concernant les médecins qui contredisent publiquement les ordres et les recommandations de santé publique. Les médecins occupent une position de confiance unique auprès du public et ont la responsabilité professionnelle de ne pas communiquer de déclarations anti-vaccins, anti-masquage, anti-distorsion et anti-blocage et/ou de promouvoir des traitements non soutenus et non prouvés pour le COVID-19. Les médecins ne doivent pas faire de commentaires ou donner des conseils qui encouragent le public à agir contrairement aux ordres et recommandations de santé publique. Les médecins qui mettent le public en danger peuvent faire l'objet d'une enquête du CPSO et de mesures disciplinaires, le cas échéant. Lorsqu'ils donnent leur avis, les médecins doivent être guidés par la loi, les normes réglementaires et le code d'éthique et de conduite professionnelle. Les informations partagées ne doivent pas être trompeuses ou mensongères et doivent être soutenues par les preuves et la science disponibles.

Le CPSO justifie sa déclaration par le raisonnement suivant,

    "Il y a eu des incidents isolés de médecins utilisant les médias sociaux pour diffuser des informations erronées flagrantes et miner les mesures de santé publique destinées à nous protéger tous."

Ce développement n'est rien de moins qu'horrifiant. Bien qu'il y ait certainement des préoccupations concernant la propagation de faussetés et de théories du complot à l'ère de la Covid-19, ce genre de large censure du discours des professionnels de la santé en exercice est non seulement une imposture éthique, mais aussi anti-science. La pratique de la science est fondée sur l'application rigoureuse de la méthode scientifique qui, entre autres, exige la vérifiabilité et le débat. La volonté de réduire les médecins au silence va également à l'encontre de la démocratie libérale, qui s'est détériorée dans le monde entier, les secteurs public et privé cherchant à faire taire les dissidents.

Le fait que le CPSO, un organisme de délivrance de permis qui exerce le pouvoir de l'État, ait pris une mesure aussi agressive pour faire taire la dissidence, même en ce qui concerne les politiques de confinement, est particulièrement troublant étant donné qu'il empêche les médecins d'exprimer leur expertise sur des questions aussi importantes. Le Toronto Sun commente l'incident en écrivant,

    "Actuellement, les restrictions sont sévères au Canada. Les ordonnances de santé publique concernant, par exemple, la fermeture des terrains de basket et de golf en Ontario ont été largement condamnées par de nombreux médecins."

    Pourquoi les médecins ne s'exprimeraient-ils pas contre des restrictions qu'ils estiment néfastes pour la santé de leurs patients ?

    "Malgré les souffrances indéniables causées par les confinements, le CPSO veut que les médecins de l'Ontario se taisent", a écrit le Dr Shawn Whatley, ancien président de l'Ontario Medical Association, dans une chronique du Sun."

Ça ne s'arrête pas en Ontario

On pourrait penser que la politique adoptée par le CPSO est une aberration extrême propre à l'Ontario. Selon le Toronto Star, cette pratique est de plus en plus adoptée, et non moins. Il écrit ,

"Les médecins de la Colombie-Britannique sont avertis qu'ils pourraient faire l'objet d'une enquête ou de sanctions de la part de leur organisme de réglementation s'ils contredisent les ordonnances ou les directives de santé publique concernant le COVID-19."

Cet avertissement est contenu dans une déclaration conjointe du College of Physicians and Surgeons of B.C. et de la First Nations Health Authority."

Il n'est même pas nécessaire d'avoir une opinion tranchée sur la question pour comprendre que le fait de censurer les médecins et de les obliger à se conformer à la politique de l'État est non seulement immoral, mais constitue une attaque directe contre la liberté scientifique.

La déclaration des médecins canadiens pour la science et la vérité

En réponse à l'ordonnance du CPSO, la communauté médicale canadienne a réagi, à juste titre, en publiant la Déclaration des médecins canadiens pour la science et la vérité. Le site Web de la déclaration présente une pétition qui a été signée par plus de 4 700 médecins et citoyens concernés au moment de la rédaction du présent document.

La déclaration présente trois plaintes fondamentales concernant l'ordonnance du CPSO.

    1. La négation de la méthode scientifique elle-même :
    2. Violation de notre promesse d'utiliser la médecine fondée sur les preuves pour nos patients :
    3. Violation du devoir de consentement éclairé.
 

Vous trouverez plus de détails et d'informations sur le site Web de la déclaration.

Réflexions finales

Pour paraphraser le grand militant des droits de l'homme et dissident soviétique Natan Sharansky, ce que signifie être un citoyen soviétique loyal, c'est de dire ce que l'on est censé dire, de lire ce que l'on est autorisé à lire, de voter comme on est censé voter, et de savoir que tout cela n'est qu'un mensonge.

Il n'est pas nécessaire d'avoir une formation en médecine pour savoir que la censure des professionnels de la santé pendant une pandémie est la dernière chose qui devrait se produire. Il n'y a pas de meilleur moment pour un débat rigoureux sur l'efficacité des mesures de santé publique que maintenant, alors que des politiques de confinement sans précédent et non prouvées sont imposées aux populations du monde entier.

Certains diront que nous pouvons croire que la liberté d'expression sera restaurée et que la censure est nécessaire pour accélérer la fin de la pandémie. Cette affirmation est tout à fait erronée pour deux raisons. La première étant l'idée que les médecins canadiens doivent se conformer à la vision de l'État et ne pas la remettre en question. Il s'agit là non seulement d'une violation de leur devoir en tant que médecins et scientifiques, mais aussi d'un obstacle majeur à une réponse saine en matière de santé publique. Enfin, cette démarche est fondamentalement opposée aux valeurs de la démocratie libérale qui sont désormais mises en péril à l'échelle mondiale. Alors que les lumières d'une civilisation éclairée et moderne s'éteignent dans le monde, on peut se demander si elles seront rallumées de notre vivant.

*Ethan Yang

Ethan a rejoint l'AIER en 2020 en tant qu'assistant de rédaction et est diplômé du Trinity College. Il a obtenu une licence en sciences politiques parallèlement à une licence en études juridiques et en organisations formelles.

Il est actuellement coordinateur local de Students for Liberty et directeur du Mark Twain Center for the Study of Human Freedom au Trinity College.

Avant de rejoindre l'AIER, il a fait des stages dans des organisations telles que l'American Legislative Exchange Council, le Sénat de l'État du Connecticut et l'Institut Cause of Action.

Ethan est actuellement basé à Washington D.C.

Traduction SLT

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