Voici un extrait d'un article de MintPress News d'Alan Mc Leod traitant de la formation de nombreux journalistes influents par le King's College de Londres, connu aussi pour avoir des instructeurs officiers militaires comme enseignants et pour former des agents des services de renseignement britannique et étatsunien. L'article s'intitule : "The Notorious London Spy School Churning Out Many of the World’s Top Journalists" (Traduction SLT : "La célèbre école d'espionnage londonienne qui forme bon nombre des meilleurs journalistes au monde"). L'auteur précise à la fin de son article : "Le but de cet article n'est pas d'accuser les personnes mentionnées d'être des agents des services de renseignement (bien qu'au moins une personne ait effectivement travaillé comme agent de renseignement). Il s'agit plutôt de souligner que nous avons maintenant un paysage médiatique où nombre des journalistes les plus influents de l'Occident sont formés par exactement les mêmes personnes, dans le même département, que la prochaine génération d'agents de sécurité nationale.Le fait qu'un si grand nombre d'espions, de responsables gouvernementaux et de journalistes chargés de leur demander des comptes en notre nom sortent tous du même tonneau n'est pas de bon augure pour une démocratie saine et ouverte...." Toutefois, il s'attarde sur le cas de Bellingcat qui semble paradigmatique de cette collusion entre services de renseignements occidentaux, OTAN, armée et "journalistes. Bellingcat est un site web britannique de journalisme d'investigation spécialisé dans le fact-checking et le renseignement de source ouverte selon Wikipedia. Alan Mc Leod, au vu du pedigree de certains acteurs du site Bellingcat se demande si ils ne peuvent pas être considérés comme des "barbouzes" en raison de leur appartenance antérieure ou actuelle, pour un grand nombre des membres importants ou/et fondateur, soit aux services de renseignement soit à l'armée soit à des organisations proches de l'OTAN. Voici l'extrait de l'article en question.
Comme le disait un professeur français de Siences Po sur Europe 1 à propos de la guerre en Libye menée par l'Etat français : "Les fake news sont des fausses informations qui ne sont pas cautionnées par les autorités".
...Les Bellingcat Boys
Si les journalistes cités ci-dessus ne sont pas des barbouzes, d'autres personnalités du département d'études sur la guerre travaillant dans le journalisme pourraient être décrites comme telles, notamment celles qui travaillent pour le site d'investigation influent et de plus en plus célèbre Bellingcat.
Cameron Colquhoun, par exemple, a passé près de dix ans au GCHQ, la version britannique de la NSA, où il était analyste principal chargé des opérations cybernétiques et antiterroristes. Il est diplômé du King's College de Londres et du département d'État. Ce parcours n'est pas révélé dans son profil Bellingcat, qui le décrit simplement comme le directeur général d'une société de renseignement privée qui "mène des enquêtes éthiques" pour des clients du monde entier.
Nick Waters, l'enquêteur principal de Bellingcat, a passé quatre ans comme officier dans l'armée britannique, notamment en Afghanistan, où il a contribué à la réalisation des objectifs de l'État britannique dans la région. Après cela, il a rejoint le département des études sur la guerre et Bellingcat.
Pendant longtemps, le fondateur de Bellingcat, Eliot Higgings, a rejeté les accusations selon lesquelles son organisation était financée par le National Endowment for Democracy (NED) du gouvernement étatsunien- une organisation de la CIA - comme une "conspiration" ridicule. Pourtant, en 2017, il admettait que c'était vrai. Un an plus tard, Higgins a rejoint le département des études sur la guerre en tant que chercheur associé invité. Entre 2016 et 2019, il a également été senior fellow à l'Atlantic Council, le cerveau de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN).
Bellingcat has received money from the following:
OSF
Meedan
NED
Adessium
Crowdfunding— Eliot Higgins (@EliotHiggins) February 6, 2017
Il semble que Higgins ait utilisé le département universitaire comme un terrain de recrutement, en chargeant d'autres diplômés en études sur la guerre, tels que Jacob Beeders, Christiaan Triebert et Aliaume Leroy, d'écrire pour son site.
Bellingcat est tenu en très haute estime par la CIA. "Je ne veux pas être trop excessif, mais nous aimons [Bellingcat]", a déclaré Marc Polymeropoulos, ancien chef adjoint des opérations de l'agence pour l'Europe et l'Eurasie. D'autres officiers ont expliqué que Bellingcat pourrait être utilisé pour externaliser et légitimer des sujets de discussion anti-russes. La plus grande valeur de Bellingcat est que nous pouvons ensuite aller voir les Russes et leur dire "voilà" [lorsqu'ils demandent des preuves]", a ajouté Daniel Hoffman, ancien chef de poste de la CIA.
Bellingcat pris en flagrant délit
Une enquête récente de MintPress a exploré la manière dont Bellingcat agit pour blanchir les points de discussion de l'État en matière de sécurité nationale dans le courant dominant, sous l'apparence de journalistes d'investigation neutres.
Des documents récemment divulgués montrent comment Bellingcat, Reuters et la BBC ont secrètement coopéré avec le Foreign and Commonwealth Office (FCO) du Royaume-Uni pour saper le Kremlin et promouvoir un changement de régime à Moscou. Cela comprenait la formation de journalistes et la promotion de médias explicitement anti-russes en Europe de l'Est. Malheureusement, le FCO a noté que Bellingcat avait été "quelque peu discrédité", car il diffusait constamment de la désinformation et était prêt à produire des rapports pour quiconque avait de l'argent.
Néanmoins, une nouvelle proposition du Parlement européen publiée le mois dernier recommande d'engager Bellingcat pour l'aider à produire des rapports qui jetteraient les bases de sanctions contre la Russie, pour l'exclure des organismes internationaux, et pour "aider à la transformation de la Russie en démocratie." En d'autres termes, pour renverser le gouvernement de Vladimir Poutine.
Un lien journalistique universitaire
Le département des études sur la guerre fait également partie de ce groupe pro-OTAN et anti-Russie. En plus d'être composé de soldats, d'espions et de fonctionnaires, il publie des rapports influents qui conseillent les gouvernements occidentaux en matière de politique étrangère et de défense. Par exemple, une étude intitulée "La future orientation stratégique de l'OTAN" conseille aux États membres d'augmenter leurs budgets militaires et d'autoriser le stockage d'armes nucléaires étatsuniennes sur leur territoire, afin de "partager le fardeau". Il recommande également que l'OTAN redouble son engagement à s'opposer à la Russie, tout en avertissant qu'il est urgent d'élaborer une "politique cohérente" face à la menace chinoise.
D'autres rapports de War Studies affirment que la Russie mène une "guerre informationnelle et psychologique" par le biais de ses chaînes publiques RT et Sputnik, et conseillent à l'Occident d'utiliser ses moyens techniques pour empêcher ses citoyens de consommer cette propagande étrangère.
Les universitaires du King's College de Londres se sont également révélés essentiels pour maintenir l'éditeur dissident Julian Assange en prison. Un psychiatre qui a travaillé avec le département des études sur la guerre a témoigné devant le tribunal que l'Australien ne souffrait que d'une dépression "modérée" et que son risque de suicide était "gérable", concluant que son extradition vers les États-Unis "ne serait pas injuste". Comme l'a révélé l'enquête de Matt Kennard, le ministère britannique de la Défense avait financé à hauteur de 2,2 millions de livres (3,1 millions de dollars) l'institut où il travaillait (bien que le psychiatre en question ait affirmé que son travail n'était pas directement financé par le Ministère de la Défense : MoD).
Le King's College de Londres présente son département d'études sur la guerre, tant aux diplômés qu'aux étudiants de premier cycle, comme un tremplin vers une carrière dans le journalisme. Dans la section "perspectives de carrière" de son cours de maîtrise en études sur la guerre, il indique aux étudiants intéressés que "les diplômés travaillent ensuite pour des ONG, le FCO, le ministère de la défense, le ministère de l'intérieur, l'OTAN, les Nations unies ou poursuivent des carrières dans le journalisme, la finance, le monde universitaire, les services diplomatiques, les forces armées, etc.
De même, on dit aux étudiants de premier cycle que :
Vous acquerrez une compréhension approfondie et sophistiquée de la guerre et des relations internationales, à la fois en tant que sujets dignes d'être étudiés et en tant que préparation intellectuelle au plus large éventail possible de choix de carrière, notamment dans le gouvernement, le journalisme, la recherche et les organisations humanitaires et internationales.
Des cours tels que "New Wars, New Media, New Journalism" associent le journalisme et le renseignement et sont supervisés par des universitaires spécialisés dans les études sur la guerre.
Il n'est peut-être pas surprenant que le département ait formé de nombreux hommes politiques influents, y compris des chefs d'État étrangers et des membres du parlement britannique. Mais il existe au moins un chevauchement considérable entre les domaines de la politique de défense et de la politique. Le fait que le département qui forme les hauts fonctionnaires de l'État et les agents d'agences secrètes à trois lettres soit également l'endroit qui produit un grand nombre des journalistes sur lesquels nous comptons pour tenir tête à ces fonctionnaires et les contrôler est sérieusement problématique...
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- Rapport de l'IRSEM de novembre 2018. Comment l'armée française considère le blog de SLT et ...les autres